La contestation sociale ne faiblit pas,La grogne s’amplifie

La contestation sociale ne faiblit pas,La grogne s’amplifie
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Deux mois après les émeutes du 5 janvier contre la flambée des prix, le front social ne cesse d’exprimer son malaise et sa colère.La contestation s’amplifie de manière à n’épargner aucun secteur.

Le vent de la protestation ne cesse de souffler sa colère sur la rue et aux portes des départements de la tutelle concernés, de la Santé à l’Enseignement supérieur, des greffiers aux gardes communaux, des chômeurs à ceux qui souffrent de la crise du logement, des cheminots aux maires et aux actes d’immolation ou des rassemblements protestataires.

Depuis début janvier, là où la protestation a marqué son point de départ avec des émeutes contre la flambée des prix, l’huile et le sucre notamment, la grogne a touché successivement tous les secteurs en se manifestant par des sit-in, des rassemblements ainsi que des marches de protestation très souvent empêchées. Après les émeutiers qui ont exprimé leur ras-le-bol en visant les banques, les commerces ainsi que des biens publics, la flamme de la protestation est passée aux chômeurs, médecins, enseignants, étudiants, greffiers, gardes communaux, cheminots etc. Face à la vague de revendications et des grèves, le gouvernement algérien a fait de multiples tentatives pour absorber la colère de la rue tout en gardant une main forte avec des dispositifs sécuritaires pour geler tout mouvement de marche ou de protestation. Plusieurs mesures ont été prises dans l’urgence et avec beaucoup de recul sur plusieurs réglementations, à l’exemple de l’ouverture du champ audiovisuel, un recrutement massif des jeunes chômeurs dans les institutions publiques, la levée de l’état d’urgence, la suspension du retrait du permis de conduire ainsi que la non-poursuite des trabendistes qui ont fait leur retour dans l’informel après la révolte du 5 janvier. Néanmoins, l’apaisement n’a pas eu lieu, puisque les questions qui se posent dans la rue ne se limitent pas cette fois-ci à des promesses protocolaires. La quasi-totalité des protestants demandent a priori des engagements et des réponses concrètes à leurs doléances, ce qui met les autorités dans l’embarras. Les uns ont eu gain de cause, les autres comptent aller de l’avant jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites pleinement et entièrement. C’est le cas, à titre d’exemple, de la protestation estudiantine qui, aujourd’hui, refuse tout débat avec la tutelle, car «les revendications ne sont pas négociables, nous attendons que les responsables passent directement à l’action». Pour ce qui est de l’ordre du jour, plusieurs mouvements de contestations sont au menu au cours de cette semaine, il s’agit notamment d’un sit-in des médecins résidents en grève demain et après-demain, une décision prise à l’issue de la réunion du comité national des résidents de différentes wilayas. Concernant l’université qui est actuellement paralysée en grande partie par la grève, les étudiants comptent assister aujourd’hui au comité autonome des étudiants de l’Ecole nationale supérieure des statistiques et d’économie appliquées, qui compte organiser à 10h30 un sit-in devant la Présidence de la République à El-Mouradia. Les étudiants envisagent, à cet effet, de transmettre une lettre ouverte au président de la République à la fin de ce sit-in. Demain, un autre sit-in sera observé devant le ministère de l’Enseignement supérieur. Contestant l’adoption du code communal, les maires comptent déposer une démission collective jeudi prochain. Les maires ont envoyé au ministère de l’Intérieur une plate-forme de revendications concernant l’immunité, un statut particulier et une augmentation de salaire. Sur un autre registre, les travailleurs du ministère de la Communication ont observé hier au siège du ministère, un sit-in pour revendiquer une amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles, tandis que les journalistes et travailleurs de l’agence Algérie Presse Service (APS) ont organisé hier aussi au siège de l’agence un sit-in de protestation pour le même objectif. Dans la même journée d’hier des centaines de fonctionnaires des corps communs du secteur de la Justice ont tenu un sit-in devant le siège de la tutelle. Traducteurs, informaticiens, documentalistes, comptables administratifs et chauffeurs sont venus de quelques trente-six wilayas pour réclamer justice.

À Ouargla, deux jeunes chômeurs ont tenté, hier à 11h, de mettre fin à leurs jours en essayant de faire exploser une bouteille de gaz butane devant la Brigade mobile de la police judiciaire. Pour ne citer que ceux-ci, la vague de revendications souffle partout, prenant une seule direction, les autorités publiques, là où les choses devraient être résolues concrètement

Par Yasmine Ayadi