Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a affirmé lundi que 11 wilayas déléguées allaient être créées en 2015 avec de larges prérogatives, dans une première étape, dans les régions du Sud. Il a évoqué également la création de wilayas déléguées dans les Hauts Plateaux en 2016 en attendant d’étendre l’opération au nord du pays en 2017.
Ce foisonnement de wilayas serait dans l’esprit du Premier ministre la seule réponse aux revendications des citoyens d’In Salah ou d’ailleurs, qui manifestent depuis plus d’un mois contre l’exploitation du gaz de schiste.
Cette annonce, censée contenir la tension dans cette région, a provoqué l’effet inverse en ouvrant la voie à de nouvelles poches dans d’autres régions comme à Djamaâ (wilaya d’El Oued) et Boussouada (M’sila) où les populations sont sorties occuper les rues pour réclamer elles aussi des wilayas déléguées.
Les conséquences seraient catastrophiques pour le pays si les citoyens de toutes les contrées du Sud et des Hauts Plateaux occupaient la rue pour exiger d’élever leur daïra au statut de wilaya.
Le gouvernement va de bourde en bourde depuis les événements de Ghardaïa et In Amenas. Il est face à une situation sans précédent qui risque de déstabiliser sérieusement le pays, car la protestation des citoyens dans les daïras du Sud pourrait faire tache d’huile et toucher les autres wilayas en signe de solidarité.
Le conflit qui perdure à In Salah a été très médiatisé et il est apparu exceptionnel, première épreuve dans le champ social susceptible de faire vaciller l’autorité d’un gouvernement jusqu’alors inflexible dans ce domaine.
Dès lors, pourquoi le conflit a-t-il connu un tel impact ? Y a-t-il eu dysfonctionnement dans la gestion du conflit par les autorités publiques ? Ou, est-ce le résultat d’un malaise profond inhérent aux réalités économiques, sociales et culturelles des citoyens du Sud qui, depuis plus d’un demi-siècle, sont soumis à la politique du vide.
La ville d’In Salah par exemple, théâtre de la plus grande manifestation en Algérie, est dépourvue de toute infrastructure digne de ce nom. Ni hôpital, ni lycée, ni alimentation en eau potable, -les citoyens s’approvisionnent en eau dans une base de vie américaine-, ni routes goudronnées et encore moins d’investissements productifs. A présent, disent les citoyens de ces lointaines contrées du Sahara, ils ont la certitude que le gouvernement ne comprend qu’un seul langage : celui de « la force ».
De son côté, le Premier ministre persiste et signe : « Nous avons dit et expliqué à maintes reprises, notamment après le dernier Conseil restreint, que Sonatrach menait actuellement une étude pour faire connaître le potentiel d’énergies non conventionnelles de l’Algérie », a-t-il déclaré hier.
Il n’a pas manqué de rappeler que cette exploration a été lancée alors que certaines études avançaient d’ « importantes » réserves. Sellal a expliqué que les forages d’exploration préliminaire engagés par Sonatrach dans le bassin d’Ahnet (In Salah) seront suivis prochainement par une deuxième opération, assurant que « les forages seront achevés pour passer à la phase d’étude qui durera près de 4 ans ».
Le Premier ministre a indiqué que la question d’exploiter ou non le gaz de schiste sera tranchée à l’horizon 2020, en fonction des technologies disponibles à ce moment-là : « Le gouvernement doit faire un travail de prospection au profit des générations montantes », a encore soutenu Sellal, rassurant que « les forages actuels ne présentent aucun danger pour l’environnement ni pour la santé » car, a-t-il expliqué, « les mesures nécessaires ont été prises pour le respect des critères de sécurité ».