La contestation menace l’Arabie saoudite

La contestation menace l’Arabie saoudite
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La plupart des analystes occidentaux pensaient que la monarchie saoudienne ne serait pas menacée avant, au moins, les cinq prochaines années, ayant les moyens financiers et militaires de faire face à toutes les contestations intérieures.

De crainte que les manifestations populaires à Bahreïn ne l’atteignent plus fortement, Riyad touchée à la marge par la protestation a envoyé dans cet émirat voisin et satellite, relié à l’Arabie saoudite par un pont, des troupes pour écraser la contestation du peuple bahreïni sans que personne ne se soit soulevé contre cette intervention militaire.

Les Etats-Unis, eux-mêmes, habituellement prompts à réagir – s’ils n’ont pas donner leur autorisation à l’Arabie saoudite – ont fermé les yeux devant un acte qui aurait valu à n’importe quel autre Etat, exception faite d’Israël, des admonestations voire une sommation à évacuer immédiatement et sans condition, le territoire.

Il n’y a pas de doute que Riyad avait reçu des assurances de Washington qui ne peuvent tolérer la déstabilisation de la péninsule arabique, une région éminemment stratégique pour les Etats-Unis, produisant, à elle seule, au moins, un quart de la consommation mondiale de pétrole.

Pour les Al Saoud, toute révolte des populations de Bahreïn est considérée comme une affaire intérieure saoudienne, mettant en danger le royaume. Ils estiment être le « bouclier de la péninsule » et, de ce fait, ils se donnent le droit d’intervenir partout dans les pays du Golfe menacés d’insurrection populaire, avec la permission sinon la complicité des Etats-Unis soucieux de préserver leurs intérêts jugés vitaux dans la région.

Tout récemment, la Maison Blanche a reçu un rapport la mettant en garde contre un possible soulèvement en Arabie saoudite, susceptible d’emporter la monarchie des Al Saoud qui se prépare à y faire face.

Plus vite que ne le croyaient les Etats-Unis, l’Arabie saoudite serait en situation de pré révolution, la population ne supportant plus l’immobilisme de l’Etat à procéder à des réformes politiques : passer d’une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle. Les services de renseignements américains jugent l’alerte lancée par ses agents à Riyad très sérieuse et s’inquiètent, dans les notes adressées à la Maison Blanche, des conséquences catastrophiques qu’aurait un changement révolutionnaire dans le royaume.

Le directeur américain pour le Proche orient et l’Afrique du nord, Bruce Riedel, écrivait à Barack Obama que « le renversement de la famille royale est devenue quelque chose de probable. »

Devant la contestation et la forte probabilité d’une insurrection populaire à cause notamment du chômage des jeunes qui ne cesse de grimper et des rivalités tribales qui ressurgissent, le trône saoudien a dépensé, selon Bruce Riedel, « plus de 30 milliards de dollars depuis le début des révolutions arabes dans une tentative d’acheter le silence de l’opposition intérieure, et a amorcé des réformes formelles en permettant à des femmes de siéger au Conseil consultatif qui n’a aucun pouvoir. »

D’après l’analyste américain qui juge que les choses bougent suffisamment dans le royaume saoudien pour annoncer une probable révolution, non seulement celle-ci ferait tomber les Al Saoud mais provoquerait « la chute de tous les régimes monarchiques du golfe persique », bouleversant ainsi tous les équilibres de la région aux yeux des Etats-Unis.

Brahim Younessi