la contestation gagne du terrain,Janvier fatal pour Ouyahia ?

la contestation gagne du terrain,Janvier fatal pour Ouyahia ?
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Les membres du mouvement de redressement du Rassemblement national démocratique devraient, incessamment, lancer une grande offensive pour «déloger» Ouyahia de la tête du parti. Le processus de destitution pourra s’accélérer si Ahmed Ouyahia ne convoque pas au plus vite la session ordinaire du conseil national.

Les contestataires du RND affûtent leurs armes. Le mouvement de redressement serait sur le point de porter l’estocade à Ahmed Ouyahia. Le départ de l’ex-Premier ministre de la tête du Rassemblement national démocratique (RND) serait, en fait, une question de semaines. Certains sont même persuadés que sa carrière politique prendra fin en ce mois de janvier. En attendant de lancer la grande offensive, les contestataires s’organisent. Ainsi, on annonce la tenue d’une rencontre «informelle», samedi prochain à Alger, qui devrait réunir près de 150 militants. La majorité des membres fondateurs du parti ainsi que de nombreux membres du conseil national ont confirmé leur participation à cette réunion. «C’est une réunion conviviale entre amis car il est important que tous les militants actifs se rencontrent », précisait, hier, un des animateurs du mouvement de redressement. En fait, depuis son lancement en mars 2012, ce mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur. Après Nouria Hafsi et Tayeb Zitouni, d’autres personnalités politiques ont rejoint le premier noyau au courant de l’année écoulée. Aujourd’hui, Ahmed Ouyahia se retrouve face à une véritable lame de fond. Les principaux cadres de son parti ont signé la déclaration de destitution élaborée par le mouvement de redressement. C’est notamment le cas des ministres RND : Chérif Rahmani, Mohamed Mebarki (que l’on dit jouir du soutien de Abdelkader Bensalah), Mohamed Tahmi et Bouabdallah Ghoulamallah. Pour sa part, Mohamed-Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine, se montre plus «hésitant». Il semblerait qu’il aurait décidé «d’y voir plus clair» avant d’apposer sa signature à cette déclaration. Du côté des «organisations de masse», les dissidents peuvent également compter sur l’appui du secrétaire général de l’Onem. Après avoir signé le fameux document, Khalfa M’barek aurait même pris l’engagement d’animer une conférence de presse pour expliciter son choix. Pour ce qui est des hauts responsables de l’Union générale des travailleurs algériens, dont pas moins de 14 sont membres du RND, ils auraient aussi confirmé leur soutien et attendent juste le moment opportun pour rendre publique la liste des signataires. Dans leur stratégie de destitution d’Ahmed Ouyahia, les leaders de la contestation écartent toutes formes de concession. Pour preuve, l’initiative de sortie de crise proposée par Abdelkrim Harchaoui et Mohamed Tahar Bouzeghoub— deux personnalités proches d’Ouyahia — a été rejetée. Celle-ci consistait à élargir la composante du bureau national en y incluant des dissidents. La nouvelle instance aurait eu pour mission d’organiser le congrès au cours duquel Ahmed Ouyahia aurait pris l’engagement de ne pas se représenter. Rejet sans appel. Certaines informations font également état de la volonté de plusieurs membres du bureau national de rallier le mouvement de redressement et participer activement à la campagne de collecte de signatures. Une demande qui, pour l’heure, n’aurait trouvé aucun écho du fait de la proximité de ces cadres avec le secrétaire général. En fait, le mouvement de redressement garde en vue un seul et unique objectif : obliger Ahmed Ouyahia à quitter au plus vite son poste de secrétaire général du RND. Deux options sont actuellement sur la table. La première formule, la plus «pacifique», serait qu’Ouyahia annonce son retrait et mette ainsi un terme à la crise. La seconde formule, plus critique celle-ci, serait que les contestataires précipitent le départ de l’actuel secrétaire général en convoquant un congrès extraordinaire. Une disposition inscrite dans l’article 39 des statuts du RND qui stipule que cette convocation peut se faire à la «demande des deux tiers des membres du conseil national». Par la suite, la gestion du parti pourrait être confiée à une instance de transition jusqu’à la tenue d’un nouveau congrès. Selon certains observateurs, cette structure pourrait être présidée par Abdelkader Bensalah. Membre fondateur du Rassemblement national démocratique, Bensalah a tenu à garder une certaine «neutralité de façade» depuis le début de cette crise. Une position due essentiellement à son statut de président du Conseil de la nation. Mais l’homme suit de très près la situation et devrait jouer un rôle majeur dans les mois à venir. Seize ans après sa création, le RND se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Promu à une grande carrière, son secrétaire général n’a jamais été dans une position aussi inconfortable. Une chose est certaine : son départ marquera la première étape d’un renouvellement de l’élite politique.

T. H.