La conférence sur la sécurité au sahel s’ouvre aujourd’hui à Alger: Mettre les puissants devant leurs responsabilités

La conférence sur la sécurité au sahel s’ouvre aujourd’hui à Alger: Mettre les puissants devant leurs responsabilités
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Alger abritera aujourd’hui et demain -les 7 et 8 septembre- la Conférence internationale sur la sécurité et le développement au Sahel. Cette rencontre d’importance intervient dans un contexte très particulier marqué par la crise libyenne, un début de turbulences chez les Touareg du Mali, l’arrivée en masse d’officiers et de soldats pro- Kadhafi au Niger, avec tout ce que cela implique sur le plan sécuritaire, et la possibilité pour AQMI de récupérer certains d’entre eux, la déstabilisation de la région, la recrudescence du terrorisme et le jeu dangereux des services de renseignement occidentaux dans la sous-région.

Lors d’une Conférence de presse animée, avant-hier, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a dévoilé les grandes lignes de cette « rencontre de haut niveau » décidée lors de la réunion ministérielle de Bamako du 20 mai 2011. Plusieurs pays et organisations régionales et internationales ont répondu favorablement à l’invitation des quatre pays organisateurs.

Il est attendu la participation de 38 délégations représentant le système des Nations unies, les partenaires bilatéraux, notamment les cinq pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Union européenne ainsi que les bailleurs de fonds. Pour Alger, et afin d’éradiquer le phénomène du terrorisme et du crime organisé qui hantent la région, il est impératif d’édifier un partenariat transnational et d’oeuvrer au désenclavement de la région.

Car, aujourd’hui, il ne peut y avoir «de développement sans sécurité ni de sécurité sans développement, la pauvreté et la misère favorisant le développement du terrorisme. Alger profitera aussi de cette occasion pour dire aux responsables occidentaux… tout le mal qu’elle pense d’eux, avec la terminologie la plus diplomatique qui soit, de toute évidence.

À commencer par la crise libyenne, qui est en train de déteindre sur toute la région, et qui a été, dès le début, largement encouragée alimentée et aidée par le trio Paris-Londres-Washington (Obama a pris le soin de laisser faire l’Otan).

Pour Alger, la crise libyenne a créé une situation nouvelle dans le Sahel avec la circulation des armes (et le retour massif de personnes dans leurs pays d’origine après avoir été chassées de la Libye. lourdes, semi-lourdes, automatiques, semi-automatiques). Les capitales occidentales ne sont pas étrangères à tout ce tohu-bohu sécuritaire dans la région. Loin s’en faut. La guerre civile en Libye a provoqué un désordre tel qu’il est difficile maintenant d’en sortir indemne.

Dès le début, Alger avait mis en garde contre la récupération par AQMI de missiles sol-air. Par la suite, des informations confirmées par Niamey et Bamako firent état de connexion entre certains chefs insurgés libyens, de surcroît responsables «militaires» d’unités de combats à Benghazi, et Al Qaïda, et de telles relations se sont traduites concrètement sur un octroi d’armement lourd conséquent. La crainte d’acheminement vers le Sahel d’armes volées dans les stocks de l’armée libyenne, notamment de missiles sol-air de type SA-7 Grail, est devenue une réalité.

Ce résultat a été généré par l’Occident, qui, aujourd’hui, fait mine de ne pas reconnaître ses errements, ses torts, ou pire encore, sa stratégie délibérément élaborée pour en arriver là. L’Africom attend que la situation pourrisse encore plus en Libye pour y poser pied.

C’est un fait qui n’échappe à personne. Ce commandement prétend aider ses partenaires économiques et militaires dans le continent, mais ses détracteurs disent qu’il comporte d’autres objectifs inavoués, notamment avoir la mainmise sur les ressources pétrolières africaines (15% du pétrole consommé aux USA viennent d’Afrique, et ce taux sera de 35% vers 2025, donc demain).

La Conférence d’Alger peut, de ce fait, devenir une tribune adéquate pour mettre les puissants devant leurs responsabilités, à moins que le jeu diplomatique n’entre dans sa phase de concessions et de recul. Alors, à ce moment, l’hypocrisie, occidentale n’aura de semblable que celle des pays…maghrébosahéliens.

O.M.