La Conférence sur le Sahel n’a pas apporté la paix, ni le développement économique. Le communiqué final sanctionnant les travaux ne comporte aucune décision sauf celle de convoquer une autre conférence, dans les six mois à venir, et de poursuivre les pourparlers avec les partenaires.
Pour une rencontre, la première du genre, il ne fallait pas s’attendre à ce que les uns arrivent avec des chéquiers pour mettre un terme à la pauvreté et à l’enclavement du Sahel, ou que les autres débarquent avec la solution miracle pour en finir avec la menace terroriste dans cette partie du monde.
Le fait que tout le monde se retrouve à Alger pour débattre des stratégies des uns et des autres et convenir que toutes ces stratégies convergent vers les mêmes objectifs est, en soi, une avancée.
Le fait que les pays du Sahel aient pu convaincre leurs partenaires que la sécurité de la région est du ressort des pays de la région et que la contribution des partenaires vient en appoint, est déjà un acquis, dans une région habituée aux ingérences de tous genres.
Américains et Européens ont
dit clairement qu’ils faisaient confiance aux pays de la région pour mener la lutte antiterroriste. Ils ont réaffirmé leur soutien au
rôle de l’Algérie, en tant que
pays leader dans la région, en matière de conduite de cette lutte commune. Dans le communiqué commun, sanctionnant les travaux de la conférence, l’on note les grands principes sur lesquels les participants se sont mis d’accord.
D’abord, et pour maintenir la dynamique créée par cette première conférence, il a été convenu d’organiser, dans les six mois à venir, une seconde conférence dans l’une des capitales des pays de la région. Cela en parallèle à la poursuite des négociations directes avec les partenaires de la région, que sont les États-Unis d’Amérique, l’Union européenne, notamment.
Abdelkader Messahel, dans une conférence de presse tenue à l’issue des travaux, a affirmé que “tout le monde s’accorde à admettre que les pays du champ détiennent une stratégie commune de lutte contre le terrorisme qui repose sur des mécanismes de coordination qui répondent à leurs préoccupations et qui ne privilégient pas l’intervention militaire”. Répondant à une question d’une consœur française au sujet des opérations militaires qu’aurait à faire l’armée algérienne, en dehors de son territoire, il a estimé que “très souvent l’intervention militaire étrangère ne réussit pas et elle peut même alimenter le terrorisme et le jihadisme armé”, avant de préciser que “nous n’avons pas de tradition d’envoyer nos troupes en dehors de nos frontières. Cependant, nous avons des patrouilles mixtes qui agissent sur la bande frontalière”, a-t-il précisé, avant d’asséner : “Il n’est pas du tout évident qu’à chaque fois ce genre d’intervention militaire réussisse.”
“Nous devons développer nos moyens car notre sécurité, nous devons l’assurer nous-mêmes. Cependant, nous avons besoin d’un partenariat. Nous avons besoin de financement. Nous avons besoin de formation d’équipements
et de renseignements”, a déclaré M. Messahel. Les participants ont souligné que le partenariat et la coopération doivent correspondre en priorité aux besoins exprimés par les pays de la région.
Les pays de la région ont estimé que le partenariat doit porter en priorité sur la formation et le renforcement des capacités, la fourniture d’équipements, l’échange de renseignements et le développement.
Ils ont particulièrement insisté sur la nécessité d’œuvrer au “tarissement de toutes les sources de financement du terrorisme” et de combattre ce fléau et ses connexions avec le crime transnational organisé, ce qui, soulignent-ils, appelle une action urgente et déterminée et exige une coopération intensifiée sur les plans régional et international. Une préoccupation partagée et clairement exprimée lors de cette conférence notamment par les délégations américaines et britanniques.
Évidemment, le conflit libyen a accaparé la part du lion dans les discussions et les apartés. À ce sujet, M. Messahel dira que “cette crise a des conséquences directes sur nos pays, si les choses ne sont pas prises en charge de manière urgente, notamment pour ce qui est de stopper le flux des armes et le retour massif des travailleurs vers les pays du voisinage, notamment le Mali, le Niger et le Tchad (…) Tous les partenaires sont prêts pour faire l’effort nécessaire pour que notre région ne se transforme pas en un nouveau dépôt d’armes”. Justement, au sujet des armes libyennes, le ministre s’est montré clair : “La question concerne les nouvelles autorités libyennes. Nous espérons que ce sera leur priorité. Nous sommes optimistes à ce sujet, d’autant plus que nos partenaires s’y intéressent également.”
M. Messahel n’a pas exclu la possibilité d’élargir le cercle des pays du champ à la Libye, au Tchad mais aussi au Nigeria, au regard des menaces terroristes qui pèsent sur ce dernier pays. Toujours au sujet de la Libye, le ministre a émis le vœu de voir les opérations militaires de l’Otan cesser. “Tout le monde s’accorde pour que cesse toute opération militaire, que le nouveau pouvoir s’installe et que le renouveau de la Libye se fasse, dans le dialogue et la réconciliation, afin de mettre en place des institutions qui répondent aux standards internationaux”.