La commune d’Ouled Fayet manque de tout. Bien que les projets de développement inscrits à son actif soient nombreux, les équipements sociaux ne suivent pas.
Les résidents travaillent presque tous hors de la commune, privant leur collectivité de d’entrées fiscales importantes.
Depuis 2004, cette localité n’a bénéficié que de 40 logements sociaux. Petit hameau qui dépendait de Chéraga, Ouled Fayet était naguère constituée de maisons de maître et de mas entourés de vignobles qui faisaient sa renommée dans la région du Sahel. Avec ses coteaux, les colons tiraient de leurs vignes de grands crus appréciés par les disciples de Bacchus.
Le relief vallonné et un microclimat particulier ont permis à une arboriculture de qualité de se développer, et aux vergers de cette zone de donner des fruits prisés par les connaisseurs.
A l’indépendance, Ouled Fayet est resté un appendice de Chéraga. Sa position géographique – située en haut d’un monticule et éloignée des grands axes routiers – n’a pas aidé ce hameau à connaître un développement notable.
Restée zone agricole, c’est dans les années 1980 qu’elle vivra une mutation significative : des citadins, en quête de quiétude, jetteront leur dévolu sur ce havre de paix pour construire des villas, profitant des facilités accordées à l’époque.
Le hameau deviendra, en l’espace de quelques années, un grand village. Et aujourd’hui, Ouled Fayet est une petite ville de 28 000 âmes. Véritable cité-dortoir, ses habitants possèdent, généralement, des commerces ou travaillent hors de la commune qui souffre de cette spécificité. «Les résidents payent leurs impôts ailleurs mais exigent que la collectivité prenne en charge leurs problèmes», nous disent les vice-présidents Mohamed Kechida et Samir Hamimi.
Bien que la commune soit entourée de champs s’étendant à perte de vue, l’agriculture est délaissée, et les cultivateurs peinent à trouver de la main-d’œuvre. «Les jeunes ne sont plus attirés par les travaux des champs. Ils considèrent l’agriculture comme un métier de campagnards.
Les jeunes d’aujourd’hui ont tous fait des études universitaires et ils préfèrent de loin les bureaux. Les champs sont en jachère, et en les voyant ainsi délaissés, les autorités les intègrent dans les surfaces d’expansion.
Cette urbanisation à outrance va nous créer des problèmes de surfaces cultivables d’ici peu de temps», s’insurge Belkacem, un fils de paysan ayant toujours habité Ouled Fayet.
Animosité
Dans cette commune, il y a une sorte d’animosité entre les nouveaux résidents et ceux qui prétendent être des enfants du patelin. Les nouveaux résidents estiment que leur arrivée a fait sortir cette commune de sa léthargie. Quant aux anciens, ils estiment que cette «invasion» a fait grimper les prix et qu’il est impossible pour eux d’espérer pouvoir acquérir un logement. «Les prix des terrains nus sont inabordables. Le mètre carré est cédé à 150 000 DA», s’insurge un employé d’une petite entreprise de distribution.
R. K.