Les étudiants réclamaient en effet la justice pour Djamel, la justice pour punir les criminels qui sèment la peur dans les campus, mais surtout la justesse de leurs revendications.
L’appel n’a pas été signé, mais la communauté universitaire a largement répondu favorable. La cause en valait la peine car le seuil de tolérance a largement été dépassé. Les étudiants et beaucoup d’enseignants sont descendus hier dans la rue pour marcher contre la violence qui frappe les campus de l’université de Tizi Ouzou. Hier, les marcheurs, par milliers, qui ont sillonné les principales avenues de la ville de Tizi-Ouzou étaient venus exprimer leur indignation suite à la mort d’un étudiant assassiné par un délinquant devant l’enceinte universitaire, il y a moins d’une semaine. Dès les premières heures de la matinée d’hier, des carrés d’étudiants commençaient à se former devant l’entrée principale de l’université de Tizi Ouzou, campus Hasnaoua 1.
L’encadrement était assuré par des étudiants sans étiquette politique. Le problème dépasse de loin ces joutes politiciennes sans incidences sur l’amélioration des conditions de vie dans les campus. Aux environs de 10h, la marche s’est ébranlée de l’enceinte universitaire prenant la route vers le centre-ville en empruntant le boulevard Lamali qui longe le CHU Nédir. Ils étaient plusieurs milliers a suivre le mot d’ordre d’observer une marche silencieuse du début jusqu’à la fin du parcours tracé.
Arrivés au centre-ville, les marcheurs ont emprunté l’avenue Abane-Ramdane pour traverser toute la ville des Genêts. Les banderoles étaient les seuls porte-voix des étudiants et des enseignants qui ont également été nombreux à répondre à l’appel. On pouvait lire des slogans d’indignation quant à l’assassinat dont a été victime le jeune étudiant Djamel, la nuit de vendredi à samedi 3 février. «Halte à la violence contre les étudiants», «la sécurité est un droit fondamental» «l’insécurité est la plus grave inégalité». Beaucoup d’étudiants portaient des pancartes où était écrit «Nous sommes tous Djamel». Après avoir traversé la ville, les marcheurs se sont dirigés vers la cour de Tizi Ouzou où l’action a pris fin dans le calme le plus absolu.
Un calme qui n’occulte pas le sens du choix de ce lieu emblématique car signifiant la justice dans tout son sens. Les étudiants réclamaient en effet la justice pour Djamel, la justice pour punir les criminels qui sèment la peur dans les campus, mais surtout la justesse de leurs revendications. Le lendemain de l’assassinat de Djamel, étudiant originaire d’Aït Abdelmoumen, par un voyou à coups de poignard, la communauté universitaire a largement exprimé son indignation. Un élan d’indignation dont les échos sont parvenus à toutes les franges de la société.
En fait, cette nuit-là, le jeune Djamel était, selon des témoins, en compagnie de son frère, lorsqu’il a été poignardé par un voyou devant l’entrée ouest du campus Hasnaoua 1 lors d’une simple altercation. Il succombera à ses blessures sur la route vers le CHU. Djamel était en première année d’anglais. Le dramatique incident est survenu aux environs de 22h alors que le jeune étudiant était dans un véhicule en compagnie de son frère et d’un autre ami de la famille. Tout a commencé par un dépassement d’un autre véhicule de marque Renault Clio qui a vraisemblablement agacé les occupants. Une altercation s’ensuivit avant que la dispute ne prenne fin.
C’est par la suite, au détour d’une rue, qu’un individu est sorti proférant des insultes envers les deux frères. Le jeune étudiant est allé calmer leur interlocuteur, mais ce dernier n’a pas hésité à sortir un couteau qu’il enfoncera dans l’abdomen de la victime Enfin, notons que le drame n’est que la goutte qui a fait déborder le vase car les étudiants de l’université de Tizi Ouzou n’ont pas cessé de tirer la sonnette d’alarme depuis plusieurs années. La violence atteint des stades alarmants au niveau de plusieurs cités où des étudiants ont été agressés par toutes les armes blanches que les voyous pouvaient utiliser. A noter seulement que l’indignation a atteint toutes les couches de la société sauf la classe politique qui ne s’est pas indignée de ce drame. Peut-être qu’elle est occupée à la préparation des candidatures aux prochaines élections.