Plusieurs pays et organisations internationales ont affiché clairement leur opposition à une éventuelle intervention militaire de l’Otan en Libye, où un mouvement de contestation populaire contre le régime en place a été réprimé.
Face à la dégradation de la situation après plus de deux semaines de révolte, des informations circulent dans plusieurs chancelleries occidentales évoquant la possibilité d’une intervention militaire contre le régime du guide de la révolution libyenne, le colonel Maamar El-Gueddafi, accusé d’avoir violemment réprimé des manifestants pacifiques.
Réagissant à cette option, plusieurs voix internationales se sont élevées contre l’usage de la force dont notamment la Ligue des Etats arabes qui a fait connaître clairement son opposition. Mardi, le conseil de la ligue des Etats arabes au niveau des délégués permanents a adopté un projet dans ce sens qui sera soumis mercredi à la réunion des ministres des Affaires étrangères.
Outre son opposition à l’usage de la force, ce projet de texte souligne la nécessité de préserver l’intégrité territoriale du pays, l’accélération de l’acheminement des aides au peuple libyen et la formation d’une commission d’enquête, selon le secrétaire général adjoint de la ligue arabe, M. Ahmed Ben Helli. Par la voix de son chef de la diplomatie, M. Mourad Medelci, l’Algérie s’est dite « extrêmement » préoccupée par la situation en Libye et reste à l’écoute de tout ce qui peut ramener la sécurité et l’ordre dans ce pays » souhaitant que ce pays important puisse sortir de sa crise plus fort ».
De son côté, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) s’est opposée à cette option appelant la communauté internationale et certains dirigeants dans le monde arabo-musulman à faire face aux derniers évènements avec sagesse et une vision à long terme.
« Toutes les options devraient être utilisées pour le règlement des conflits par des moyens pacifiques et sans avoir recours à l’usage de la force », a souligné son secrétaire général Ekmeleddin Ihsanoglu.
L’Iran s’est dit également contre une éventuelle intervention contre le régime libyen soulignant que « les pays occidentaux ne devraient pas tirer profit du mouvement populaire en Libye pour « transformer le pays en une base militaire ». « Nous avons annoncé que nous sommes prêts à proposer toute sorte d’assistance et que nous pouvons également recevoir les blessés », a affirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast.
Avec le risque de créer une crise diplomatique internationale, les plus hauts responsables militaires américains ont indiqué mardi qu’il n’y avait pas de consensus au sein de l’Otan pour le recours à la force ». Selon le secrétaire à la Défense américain Robert Gates, la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne serait « extraordinairement compliquée ». La France, en particulier, s’est dite opposée à l’usage de la force. « je pense que cela pourrait être extrêmement contre-productif », a affirmé le nouveau ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé. La Turquie, autre membre de l’Otan, refuse catégoriquement cette option.
Moscou a, pour sa part, affiché son opposition accusant l’alliance atlantique, d’essayer de s’implanter dans cette région, sous couvert de vouloir pacifier la situation en Afrique du Nord », selon le représentant permanent de la Russie auprès de l’alliance atlantique, Dmitri Rogozine. Après plus de deux semaines de révolte, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déploré dans son rapport la mort de plus de deux mille personnes dans les violences ayant émaillé le mouvement de contestation en Libye alors que près de 120 mille autres ont fui vers des pays voisins craignant le chaos dans leur pays.