La communauté internationale a condamné la mort de 42 personnes en Egypte après des tirs des forces de l’ordre contre un rassemblement de partisans du président destitué Mohamed Morsi lundi à l’aube devant le siège de la Garde républicaine au Caire.
Michael Mann, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, exprimant la « grande préoccupation » de l’Union européenne (UE) a indiqué : « Nous condamnons et nous regrettons la violence. On exige que le processus politique soit suivi de façon pacifique ».
« Les Européens vont poursuivre, a-t-il indiqué, leurs contacts avec toutes les parties, y compris les Frères musulmans, par le biais de leur délégation sur place », ajoutant que l’UE était prête à envoyer une « mission politique » au Caire « dès que le moment sera venu ».
Condamnant par ailleurs « la mort d’innocents », le porte-parole de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a jugé cette intervention « inacceptable et inquiétante ».
Le porte-parole a également estimé que « la bipolarisation de la société égyptienne » était « dangereuse », mettant en cause « les Occidentaux et le régime sioniste (Israël) » qui ne « veulent pas d’une Egypte forte ».
Pour sa part, le ministre turc des Affaires étrangère, Ahmet Davutoglu, a condamné « vivement ce massacre, pendant la prière du matin, au nom des valeurs fondamentales de l’humanité que nous avons toujours défendues ».
Selon lui, « l’Egypte représente l’espoir des aspirations montantes à la démocratie au Moyen-Orient, et la Turquie sera toujours solidaire du peuple égyptien ».
Le mouvement palestinien Hamas a, quant à lui, condamné le « massacre » de dizaines de partisans du président égyptien déchu Mohamed Morsi. « Le Hamas condamne le massacre de dizaines de civils égyptiens pacifiques aujourd’hui à l’aube, il exprime sa profonde douleur et tristesse pour ces victimes et appelle à épargner le sang du peuple égyptien », a-t-il souligné.
Pour l’Organisation arabe des droit de l’Homme, établie en Grande Bretagne, la responsabilité de ce « bain de sang » retombe sur le ministre égyptien de la défense, Abd El-Fatah El Sissi.
El-Baradei réclame une enquête
Le leader politique égyptien Mohamed El-Baradei a réclamé une « enquête » à la suite de ces violences sanglantes, ayant causé la mort de plus de quarante personnes.
« La violence engendre la violence et doit être condamnée avec fermeté. Une enquête indépendante s’impose. La transition pacifique est la seule voie », a-t-il estimé.
« Les membres de la congrégation des Frères musulmans, le parti du président déchu Mohamed Morsi, ne devraient pas être traités en criminels », a déclaré M. El-Baradei. « J’appelle à l’intégration des Frères dans le processus de démocratisation » a-t-il dit.
Le Front de salut national (FSN), une coalition de partis de gauche, a également « vivement » condamné ces violences et appelé à une enquête transparente.
« Les conclusions devront être accessibles au grand public », a insisté le FSN.
Le bilan des violences survenues lundi à l’aube devant le siège de la Garde républicaine au Caire s’est alourdi à au moins 42 morts.
Les Frères musulmans appellent à un « soulèvement »
Le Parti de la justice et de la liberté (PLJ) des Frères musulmans a appelé dans une déclaration écrite relayée par des médias au « soulèvement du grand peuple d’Egypte contre ceux qui sont en train d’essayer de lui voler sa révolution avec des chars ».
Le PLJ « presse la communauté internationale, les groupes internationaux et tous les hommes libres du monde d’intervenir pour empêcher d’autres massacres (…) et l’apparition d’une nouvelle Syrie dans le monde arabe ».
L’armée égyptienne a de son côté accusé des « terroristes armés » d’avoir attaqué le siège de la Garde républicaine au Caire, selon un communiqué cité par le quotidien gouvernemental Al-Ahram.
« A l’aube, un groupe de terroristes armés a essayé d’envahir le (bâtiment) de la Garde républicaine, attaquant les soldats et la police, provoquant la mort d’un officier et blessant plusieurs conscrits, dont six sont dans un état critique », indique le communiqué.