Les chefs du RND, Ahmed Ouyahia, et du MSP, Bouguerra Soltani, ont été épinglés par la Commission nationale de supervision des élections législatives pour «dépassements». Bien que ladite commission n’a pas le pouvoir de sanctionner, elle peut, toutefois, saisir le ministère de l’Intérieur, et c’est ce qu’elle a fait.
Concernant Soltani, qui active au sein de la Coalition des trois partis islamistes dite «de l’Alliance verte», et constitué du MSP, locomotive du conglomérat, Ennahda et El- Islah, il lui est reproché d’avoir distribué des bulletins de vote copie conforme de ceux qui vont être mis dans les urnes le 10 mai.
Ce dépassement a été constaté notamment à Tiaret, mais les cadres du MSP s’en défendent, et affirment qu’en fait, il s’agissait simplement de montrer le numéro et la forme d’un bulletin de vote afin de familiariser les militants avec le bulletin «Alliance Algérie verte».
Pour Ouyahia, les choses sont plus sérieuses, car il lui est reproché des dépassements graves. Pour la Commission, il s’agit de dépassements commis par Ahmed Ouyahia dans le cadre de la campagne qu’il mène au profit de son parti, le RND, mais avec un «statut de chef de gouvernement et de premier ministre».
Pour la Commission, il est reproché à Ouyahia l’utilisation des moyens de l’État dans ses déplacements à travers les wilayas, ainsi que l’accueil officiel qui lui est réservé par les walis, alors qu’il agit en tant que chef de parti et doit être «aligné avec le même statut que les autres chefs de partis». Cet accueil officiel est marqué souvent par la présence du wali qui mobilise son administration et les moyens de la wilaya au service du chef du RND. Les discours de Ouyahia sont aussi indexés comme «dépassements».
La première accusation contre Ouyahia à ce sujet est venu de Soltani lui-même, qui ne rate pas une occasion pour tirer à boulets rouges sur Ouyahia. Par la suite, cette accusation a été reprise par la Commission qui reproche à Ouyahia d’affirmer lors de ses meetings que tout ce qui a été réalisé en Algérie, c’est grâce l’État, dont il est le digne serviteur et à la rente pétrolière. Ces accusations doivent toutefois être tempérées, car la Commission ne fait que constater les dérives, ses prérogatives étant limitées.
Les cas de dépassements, largement constatés par les citoyens à tous les niveaux, ont marqué aussi cette campagne en long et en large…
Fayçal Oukaci