Au lendemain de l’acceptation par le dirigeant libyen de la «feuille de route» de l’Union africaine pour une issue pacifique, les insurgés ont posé hier leurs conditions préalables à toute négociation.
Pour l’opposition, le départ du «Guide» libyen et son régime demeurent la condition sine qua non à toute négociation et à l’arrêt des combats. Sur cette condition, tôt hier dans la matinée, Gouma El Gamati, représentant en Grande-Bretagne de l’opposition libyenne, affirmait sur la BBC qu’aucun accord ne saurait être envisagé sans le départ de Maammar Kaddafi. La même revendication répétée à l’agence de presse Reuters par Mustafa Gheriani, porte-parole des insurgés qui déclarait que «le peuple libyen a insisté sur le fait que Kaddafi devait démissionner mais nous examinerons la proposition une fois que nous aurons eu davantage de détails et nous y répondrons». Ainsi, même de prime abord l’initiative de la délégation de l’Union africaine en Libye arrivée hier à Benghazi semble avoir fait le plus gros de sa mission pour trouver une issue pacifique au conflit libyen, elle risque de heurter les exigences des rebelles. Ainsi, après avoir été reçue par le colonel Kaddafi dans sa résidence de Bab al-Aziziya à Tripoli, la délégation de l’UA s’est ensuite rendue hier à Benghazi pour rencontrer les chefs des rebelles et négocier avec eux un cessez-le-feu.
Une médiation qui s’annonce difficile en ce sens où les insurgés ont d’ores et déjà posé le départ de Kaddafi comme condition préalable. Or, à cette question du départ du leader libyen, la réunion d’avant-hier avec lui n’a apporté aucune réponse. A ce sujet, Ramtan Lamamra, Commissaire à la paix et la sécurité de l’UA déclarera que «pour être franc avec vous, il y a eu des discussions avec le leader. Mais je ne peux pas parler de ces discussions, d’abord par ce que je n’étais pas une partie (de ces discussions) et puis je pense qu’il faut garder la confidentialité». Ce qu’il faut dire à ce propos, la délégation africaine était essentiellement venue plaider pour un arrêt des combats.
D’ailleurs, le président sud-africain, qui a dû quitter la Libye dimanche, a indiqué qu’un «appel sera lancé à l’Otan pour qu’elle cesse ses bombardements afin de donner une chance à un cessez-le-feu». En conséquence, le chemin de la paix en Libye s’annonce particulièrement difficile malgré les concessions de Tripoli qui accepte la feuille de route de l’UA qui prévoit, entre autres, l’acheminement de l’aide humanitaire et la protection des étrangers. A quoi viennent s’ajouter d’autres concessions, à savoir le cessez-le-feu et l’ouverture de négociations pour une «transition» démocratique déjà évoquée la semaine dernière par le fils Kaddafi, Seif El-Islam.
Par ailleurs, tout porte à croire que la condition des insurgés n’est pas le seul élément qui viendrait barrer le chemin de la paix en Libye, en ce sens où l’Otan elle-même serait un obstacle.
C’est la raison pour laquelle le président sud-africain, qui dirigeait la délégation africaine à Tripoli avant-hier, a invité la coalition à mettre fin à ses bombardements contre les forces de Kaddafi. Ceci pour donner une chance de succès à un éventuel cessez-le-feu. Il est à souligner à propos de l’Otan qu’aucun responsable de l’Alliance atlantique n’a pour l’instant réagi à la validation de «la feuille de route» par le dirigeant Libyen. Pour l’Otan un cessez-le-feu sans départ de Mouammar Kadhafi serait un signe d’échec.
Le SG de l’ONU présent à la conférence de la Ligue arabe
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, se rendra mercredi prochain au Caire pour participer jeudi à la conférence de la Ligue arabe consacrée à la crise libyenne. Sur cette rencontre, la directrice du centre de presse des Nations unies au Caire, Mme Khawla Matar affirmera dans une déclaration à la presse que la conférence du Caire «vise à coordonner les efforts en consultation avec les parties et organisations concernées, notamment la Ligue arabe pour tenter de résoudre la crise libyenne».
En outre, la rencontre du Caire, initiée par l’ONU, débattra également du rôle des organisations humanitaires dans les opérations de secours en Libye. Par ailleurs, outre le chef de l’ONU, la Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la sécurité, Catherine Ashton, sera également présente à la conférence qui aura lieu au lendemain de la réunion du Groupe de contact sur la Libye mercredi à Doha au Qatar.
Par Lynda N. Bourebrab