La colère de Djaballah contre le ministère de l’Intérieur

La colère de Djaballah contre le ministère de l’Intérieur

Le leader du Front de la justice et du développement (FJD) tire à boulets rouges sur le département de l’Intérieur qu’il accuse de pratiquer la politique de «deux poids deux mesures» dans l’application des textes, surtout ceux inhérents au scrutin législatif du 10 mai prochain.

Abdellah Djaballah, qui faisait, ce vendredi, le bilan de l’opération de confection des listes électorales du parti lors d’une conférence de presse, n’a pas raté l’occasion de situer tout l’enjeu, le véritable enjeu, du bras de fer entre la Commission nationale de surveillance de ces législatives et le département d’Ould-Kablia. Pour le conférencier, le nœud du problème entre les deux parties est loin de se situer au niveau du bulletin de vote unique, proposition de ladite commission à laquelle le ministère de l’Intérieur a opposé un refus. Les arguments de ce refus trouvent, par ailleurs, grâce chez Djaballah, contrairement à Menasra du Front du changement qui les qualifiait, la semaine écoulée, «d’arguties » qui font «rire». Pour le fondateur des mouvements Ennahdha et El Islah avant qu’il n’en soit dessaisi, la véritable pomme de discorde, que l’on essaie de voiler et de passer sous silence, c’est cette histoire d’inscription massive et hors délai des militaires. Prenant le soin de ne pas paraître comme celui qui s’en prend à notre ANP en tant qu’institution, il rejettera, cependant, et d’un revers de la main, l’argument avancé. «Nos soldats, en venant au secours des populations isolées et éreintées par les dernières vagues de froid, n’ont fait qu’accomplir leur noble mission», déclarera Djaballah pour qui «les remercier et les honorer pour cela peut bien prendre une forme autre que celle de leur permettre de voter dans leurs casernes». Ceci non sans mentionner que la procédure de leur inscription est aux antipodes de ce que requièrent les lois en ce sens, précisant que «toute inscription sur une liste électorale est individuelle et pas massive, dans les délais et pas en dehors et il faut s’assurer de sa radiation dans les précédentes listes». «Ce qui n’a pas été, malheureusement, de mise», regrettera-t-il, ne manquant pas de voir en cette opération «une volonté avérée de fraude». «Et puis, que nos militaires et tous les membres des autres corps constitués votent par procuration comme jadis et le problème est définitivement réglé», lâcherat- il, comme pour signifier que derrière cette histoire se cache de réelles velléités de fraude, A propos justement de ces velléités de fraude, Djaballah affirmera n’avoir comme autre «arme» à opposer que la solidarité des partis dans le cadre d’une coordination de surveillance. En raison de ce que stipule la loi électorale, entre autres, la présence de seulement cinq représentants de partis et de candidats dans un bureau de vote, «les partis sont condamnés de fait à coordonner leurs efforts», dira le leader du FJD qui ne cache pas son ambition de sortir grand bénéficiaire de cette joute électorale qu’il qualifie de «déjà chaude». Une joute au sein de laquelle le parti sera engagé pleinement avec une présence dans toutes les circonscriptions électorales. Et à Djaballah de revenir dans le détail sur le processus de choix des candidats du parti, comme pour répliquer à ceux parmi ses propres militants, déçus de ne pas être retenus ou mal placés, qui crient aux faveurs dont auraient bénéficié des proches du premier responsable et de certains de ceux de ses proches collaborateurs. Des déceptions que Djaballah trouve tout à fait légitimes du fait, argumentera-t-il, que « les candidats étaient fort nombreux et qu’il fallait bien procéder à un choix et à un classement». Ce pourquoi, précisera-t-il, des critères ont été définis au préalable sur la base desquels les postulants ont été retenus avant d’être classés. Entre autres de ces conditions, le niveau d’instruction, la compétence, l’expérience, la crédibilité, la popularité, la discipline, la droiture et la fidélité au programme du parti. Et c’est sur la seule base de ces critères, tiendra à préciser Djaballah, que «les 462 candidats dont 160 femmes ont été sélectionnés par les commissions de candidatures au niveau de chaque wilaya, le bureau national du parti n’a eu qu’à vérifier la conformité de ces listes établies à la base avec ces préalables ». Et sur ces 52 listes du FJD, deux, celles de Bordj Bou-Arreridj et de Tizi- Ouzou, seront menées par des femmes avec une prédominance de la génération post-indépendance à hauteur de 76% et de la frange des diplômés avec 77%. Ces listes, s’enorgueillit encore Djaballah, sont représentatives de toutes les couches sociales dont le secteur de l’éducation (115), les commerçants (19), la fonction libérale (22), l’administration (69), journalistes (14) et imams (9).

M. K.