Dépendance vis-à-vis des revenus pétroliers, politiques restrictives à l’égard des investissements directs étrangers pénalisant les perspectives de développement, taux de chômage élevé des jeunes et fragilité de l’environnement des affaires.
Et l’Algérie vient d’être placée sous « surveillance négative » par la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface), créée en 1946. Les voyants sont au rouge.
Le climat des affaires s’est détérioré à la faveur de la politique restrictive à l’égard des investissements directs étrangers, entamé depuis 2009 avec la promulgation de la très controversée loi de Finances complémentaire, juge la Coface dans son « Panorama des Risques-Pays », publié en juillet dernier sur son site web. A ce titre, le reproche de la Coface est sans appel.
« Au plan des politiques économiques, on assiste depuis 2009 à un renforcement de mesures de protectionnisme à l’encontre des investissements étrangers et des importations qui est peu favorable, à court terme, à l’environnement des affaires et, à plus long terme, au développement de l’économie », ajoute la même source. Les mesures touchant aux restrictions sur les importations peuvent entraîner des coûts accrus pour les entreprises et retarder les approvisionnements, s’inquiète plus loin la Coface qui dispose 120 filiales ou succursales dans 67 pays dans le monde.
Alors que le gouvernement se réjouit faussement d’être épargné par la crise mondiale, la Coface apporte la contradiction. « La crise mondiale a affecté l’économie algérienne par le canal commercial, se traduisant par une contraction de la demande d’hydrocarbure et une chute des prix du baril à partir du second semestre 2008 », écrit-elle.
Autre remarque, voire anomalie : la croissance économique en 2009, « contrainte par un recul de la production d’hydrocarbures qui a du s’ajuster à la demande extérieure et aux quotas décidés par l’OPEP », est soutenue par les dépenses publiques, selon les explications de la Coface. Par contre, la croissance par le biais de la production nationale n’est pas toujours au rendez-vous.
Cet organisme souligne encore que les mesures prises pour limiter les importations ont pesé sur l’activité du secteur privé et sur l’emploi. C’est le cas aussi concernant la disposition portant l’interdiction des crédits à la consommation qui a contraint la consommation des ménages. Il est également observé que la chute des revenus pétroliers et la politique expansionniste ont fait apparaître un déficit public en 2009 qui devrait perdurer en 2010 malgré la remontée des cours du baril.
Au plan de la stabilité sécuritaire, le constat de la Coface mentionne que , en dépit de l’amélioration de situation sécuritaire, « des attaques sporadiques par le groupe islamiste radical, d’Al Qaïda, demeurent cependant possibles et peuvent avoir un effet déstabilisateur mais contenu sur l’activité économique et les investissements ». Voila, un autre élément, peu rassurant à l’égard des investisseurs nationaux ou étrangers. Un peu plus loin, la Coface concède quelques points à l’avantage de Algérie ceux concernant notamment les importantes réserves de pétrole, de gaz, des réserves officielles de changes et le faible endettement extérieur.
En somme, cette compagnie, propriété du groupe bancaire français Natixis, esquisse l’image d’un pays, affalé sur une rente pétrolière conséquente sans que l’économie nationale puisse prendre son envol.