La coalition frappe les jihadistes près de la frontière turque : La syrie au coeur de la tourmente

La coalition frappe les jihadistes près de la frontière turque : La syrie au coeur de la tourmente

Face à l’avancée des jihadistes vers la ville de Ain al-Arab, les Etats-Unis et les monarchies du Golfe ont mené dans la nuit de lundi à mardi deux frappes contre des positions de l’EI.

La coalition conduite par les Etats-Unis a mené hier des frappes contre le groupe Etat islamique avançant vers la ville syrienne d’Aïn al-Arab (Kobané en kurde), à la frontière avec la Turquie, qui semble prête à rejoindre l’alliance anti-jihadistes. En Syrie, les combattants de ce groupe extrémiste sunnite se trouvent désormais à seulement cinq kilomètres d’Aïn al-Arab, dont ils cherchent à s’emparer pour contrôler sans discontinuité une longue bande de territoire le long de la frontière turque.

Ils ont visé lundi la cité à la roquette, touchant pour le première fois le centre-ville où trois personnes ont été tuées, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne). Face à cette avancée, les Etats-Unis et les monarchies du Golfe ont mené dans la nuit de lundi à mardi deux frappes contre des positions de l’EI, d’après l’OSDH qui n’a pu préciser la nature des cibles. L’offensive des jihadistes dans cette région, débutée mi-septembre, avait alors poussé plus de 160.000 personnes à trouver refuge en Turquie. Lundi, 15.000 habitants ont encore passé la frontière en raison des nouveaux affrontements.

Ankara a renforcé lundi son dispositif militaire autour du poste-frontière de Mursitpinar (sud), après que trois obus de mortier venant de la zone des combats sont tombés sur son territoire. Plus d’une dizaine de chars et de véhicules blindés y ont été déployés, selon l’AFP. Alors qu’Ankara se montrait jusqu’ici réticent à participer à une intervention militaire contre les jihadistes, le gouvernement islamo-conservateur devait finalement déposer hier un projet de mandat autorisant l’intervention de son armée en Irak et en Syrie. Si le Parlement – qui doit en débattre à partir de demain – l’approuve, la Turquie rejoindra ainsi la coalition initiée par les Etats-Unis et à laquelle participent à différents degrés une cinquantaine de pays.

Accusé d’avoir soutenu, voire armé, les groupes rebelles les plus extrémistes engagés dans la guerre contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, dont l’EI, Ankara a longtemps justifié son refus d’intervenir par la nécessité de protéger ses 46 ressortissants enlevés en juin par l’EI à Mossoul (Irak). Mais après leur libération le 20 septembre et un déplacement aux Etats-Unis, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est finalement rallié à l’idée d’une action militaire, soulignant dimanche: «Nous ne pouvons rester en dehors de ça».

Outre Aïn al-Arab, la coalition a frappé la nuit dernière des positions jihadistes près de Tall Abyad, localité frontalière de la Turquie et située dans la province de Raqqa (nord), principal fief de l’EI. Des raids ont également ciblé deux localités sous le contrôle de l’EI dans la province de Deir Ezzor (est), d’après l’OSDH. Les frappes en Syrie ont commencé le 23 septembre, un mois et demi après le début, le 8 août, des raids américains en Irak. L’armée américaine a procédé à 4.100 sorties aériennes depuis le 8 août en Irak et Syrie, y compris les vols de surveillance, le ravitaillement en carburant et les frappes.

A ce chiffre, transmis lundi par un responsable militaire américain sous couvert de l’anonymat, s’ajoutent une quarantaine de vols menés par cinq pays du Golfe. La campagne de frappes en Syrie a fait en une semaine au moins 211 morts parmi les jihadistes et 22 parmi les civils selon l’OSDH.