La coalition avait déjà visé au moins 12 raffineries contrôlées par ce groupe extrémiste ces derniers jours dans l’est de la Syrie, dominé en très grande partie par l’EI.
La coalition anti-jihadistes a frappé de nouvelles raffineries contrôlées par le groupe «Etat islamique» (EI) en Syrie, où la branche locale d’Al Qaîda, le Front Al-Nosra, menace de représailles les Etats-Unis et leurs alliés. Trois raffineries de taille modeste utilisées par l’EI ont été détruites par des tirs de missiles dans la nuit de samedi à dimanche dans le nord de la Syrie à la frontière avec la Turquie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (Osdh, basé en Grande Bretagne).
Elle cherche ainsi à assécher la manne financière que représente l’or noir pour les jihadistes, qui l’acheminent en contrebande notamment vers la Turquie voisine, selon des experts. «L’EI raffinait du pétrole de manière artisanale et le vendait à des commerçants turcs», a expliqué, cité par à l’AFP, le directeur de l’Osdh, Rami Abdel Rahmane. «La coalition veut ainsi détruire l’économie de l’EI, le nerf de la guerre». Depuis le début des frappes, le pompage dans les champs sous le contrôle du groupe a ainsi pratiquement cessé.
Dans une vidéo diffusée samedi soir sur Internet, le Front Al-Nosra a qualifié les opérations de la coalition de «guerre contre l’islam» et a fustigé un «axe du mal» dirigé par «le pays des cow-boys». Les menaces d’Al-Nosra font suite à celles proférées la semaine dernière par un porte-parole de l’EI, qui avait appelé les musulmans à tuer des citoyens des pays membres de la coalition, en particulier des Américains et des Français. Ces appels ont provoqué l’indignation de responsables musulmans, notamment au Royaume-Uni et en France, un pays sous le choc de la décapitation d’Hervé Guidel, enlevé en Algérie et assassiné par un groupe rallié à l’EI.
Le conflit en Syrie et Irak continue à dominer les débats à l’Assemblée général annuelle de l’ONU, devant laquelle le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fustigé samedi l’interventionnisme militaire américain. «Les interférences militaires sont devenues la norme, et ce malgré le résultat lamentable des opérations militaires menées par les Etats-Unis ces dernières années», a déclaré M. Lavrov, citant entre autres les interventions en Irak, en Libye et en Afghanistan. Moscou affirme que les frappes en Syrie ont un caractère illégal tant qu’elles ne sont pas effectuées en coordination avec Damas.
Les Etats-Unis ont explicitement exclu toute participation de Damas à la coalition et soutiennent des factions rebelles considérées comme modérées qui luttent à la fois contre les jihadistes et contre le pouvoir du président Assad. Le Royaume-Uni est devenu le dernier pays en date à se joindre à la campagne de frappes, mais exclusivement en Irak. Deux chasseurs-bombardiers, des Tornado GR4 basés à Chypre, y ont mené samedi une mission de reconnaissance d’environ sept heures, selon le ministère britannique de la Défense.
Les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark ont également décidé ces derniers jours de mettre des avions à disposition de la coalition en Irak. En Syrie, les raids aériens sont conduits par des avions américains, jordaniens, saoudiens et émiratis, qui ont visé samedi sept cibles en Syrie, auxquelles s’ajoutent trois autres en Irak. Les frappes ont notamment endommagé «un aéroport tenu par l’EI, une garnison et un camp d’entraînement près de Raqqa», le fief du groupe extrémiste sunnite en Syrie, a indiqué le centre de commandement américain (Centcom).
Malgré les raids menés dans le nord de la Syrie, les jihadistes de l’EI poursuivent leur offensive pour s’emparer de la ville kurde d’Aïn al-Arab (Kobané en kurde). Les derniers combats ont poussé plusieurs centaines d’habitants à se réfugier en Turquie voisine, qui accueille déjà plus de 160.000 personnes ayant fui la région d’Aïn al-Arab.