L’image dans laquelle le président Bouteflika est apparu lors de son discours à la nation le 15 avril dernier a donné davantage de suc politique à la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD).
Hier, à l’occasion d’une conférence de presse tenue à la salle Cervantès de l’hôtel Sofitel à Alger, Me Ali Yahia Abdenour, doyen des animateurs de la CNCD, a appelé à faire valoir l’incapacité du président à exercer ses missions.
Posant le départ du chef de l’Etat comme un préalable au changement qu’elle prône et pour lequel elle milite, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie estime qu’il y a lieu d’appliquer «l’empêchement» pour Bouteflika. C’est Me Ali Yahia Abdenour, à qui, comme de coutume, est revenu l’honneur de faire la déclaration liminaire à la conférence de presse, qui évoqua l’application de l’article 88 de la Constitution. «Le discours du président a été un exercice laborieux.
Le président est apparu physiquement affaibli, sa voix était éteinte. Il a donné une image pathétique, difficile à voir d’un homme usé par la maladie, incapable d’assumer ses fonctions. L’article 88 de la Constitution qui prévoit une destitution pour incapacité d’exercer ses missions doit être appliqué», a martelé le militant des droits de l’Homme, président d’honneur de la LADDH qui, au passage, a rappelé que «la révision de la Constitution en 2008 est un coup d’Etat constitutionnel commis par un président illégitime désigné par l’armée et non élu par le peuple». Me Ali Yahia Abdenour a estimé, par ailleurs, que l’armée est appelée à prendre ses responsabilités au cas où le président Bouteflika venait à être destitué pour cause d’empêchement. Jamais en panne de formules fortes, Me Ali Yahia Abdenour a qualifié le régime de Bouteflika de «Césarisme présidentiel».
Se déclarant convaincu que le changement est inéluctable, le doyen des animateurs de la CNCD a estimé que tôt ou tard les énergies vont se fédérer pour faire partir le système. «C’est un pouvoir absolu qui a vieilli absolument», a-t-il affirmé pour dire que le pouvoir est en fin de course. Pour sa part, Tahar Besbes, animateur de la CNCD et député RCD, a considéré que le changement viendra de la rue.
«Notre persévérance à vouloir marcher dans la capitale a montré la véritable nature du régime. Elle a servi aussi à briser le mur de la peur», a-t-il souligné. Le ton évidemment chez les animateurs de la CNCD est de poursuivre les protestations hebdomadaires ainsi que l’engagement de la réflexion autour d’autres initiatives. Des initiatives qui travailleraient à faire aboutir les termes d’une plateforme rendue publique hier. Cette charte prévoit, une fois le système parti, la mise sur pied d’un conseil national de transition démocratique (CNTD), lequel sera désigné en conférence nationale.
Ce conseil, composé de personnalités et dont le mandat ne saurait aller au-delà d’une année, veillera à la dissolution des institutions élues, à la nomination d’un gouvernement de transition et à la rédaction d’une Constitution pour asseoir une refondation nationale. le conseil aura également à mettre sur pied une commission indépendante qui établira la vérité sur les atteintes subies par les Algériens depuis l’indépendance.
S. A. I.