Curieusement, la ville subit ces derniers jours un toilettage mené à la hussarde. On élague les arbres, on repeint les bordures de trottoirs et on récure sec. Cette frénésie a de quoi étonner, quand on voit dans quel état d’abandon, la cité a été laissée depuis des mois.
On donne un coup de pinceau, là mais on laisse l’essentiel : l’éclairage public n’est qu’une somme de points lumineux qu’on évoque lors des réunions mais qu’on ne retrouve pas en ville, les avaloirs sont visités en attendant les prochaines pluies et les prochaines inondations.
Cette semaine, des agents du dispositif «Blanche Algérie», longtemps en hibernation sont revenus parader dans la ville. Armés de pinceaux et de bidons de peinture, ils s’attaquent aux bordures des trottoirs.
Mais à défait d’un relooking, on se limite à un vulgaire badigeonnage qui salit plus qu’il n’embellit. Ces derniers arpentent les rues de la ville à la recherche de la moindre portion de trottoir encore «indemne» pour lui faire subir le supplice du revêtement à l’acrylique. Aucune logique n’est suivie dans cette vaste opération décidée pour on ne sait quel motif.
La ville «bouchonnée» jusqu’à n’en plus pouvoir, n’offre pas de trottoirs pour le stationnement. Et encore les rares espaces où se parquer est encore possible sont devenus la propriété privée d’énergumènes qui se sont improvisés gardien du temple, gardien de parking où l’illégal, devient par la force du bâton, légal. Quels trottoirs est-on en train de peindre alors ? Du coté d’Es-Sedikkia, on s’est lancés dans une campagne de matérialisation des signalisations horizontales sur la chaussée.
L’initiative est bonne et traduit, en théorie, la volonté des pouvoirs publics de sécuriser la circulation automobile, grâce aux lignes continues, discontinues, aux flèches directionnelles et autres. Dans ce registre, il faut préciser que l’essentiel n’a pas été fait puisque les passages pour piétons ont été omis lors de cette opération confiée à des agents qui l’ont remplie comme une barbante corvée. Allez comprendre la logique des signalisations sur la chaussée !
L’éclairage public, considéré comme le cheval de bataille des responsables de la ville, semble n’être qu’un simple motif agité pour faire du bruit. Des rues entières sont plongées dans le noir. Et cette situation ne touche pas uniquement la périphérie. L’avenue Général Ferradou, à un jet de pierre du siège de la wilaya et de l’Hôtel de ville, est devenu ces derniers jours un espace où il est dangereux de s’aventurer. Plongée dans le noir, la rue devient le soir un endroit où il ne fait pas bon de s’attarder.
Pourtant c’est la ville et son centre et ce n’est pas un bourg perdu dans l’immense banlieue d’Oran. Un élu que nous avons approché explique cette frénésie par la fin de l’année, synonyme de clôture de bilans. Il faut terminer les opérations inscrites durant cet exercice finissant. «Quelle que soit la manière, il faut les clôturer pour s’attaquer à autre chose», dira-t-il, une façon pour lui de justifier comment est jeté par la fenêtre l’argent public.
Nazym B