L’Assemblée nationale constituante tunisienne (ANC), tarde à produire le texte de la loi fondamentale qui met en stand-by l’élection générale
Les forces de l’opposition (…) ont estimé que la coalition au pouvoir qui détient la majorité parlementaire, «fait dans la lenteur» concernant l’élaboration de la nouvelle Constitution.
La classe politique tunisienne a souligné unanimement l’ «importance d’accélérer» la rédaction de la nouvelle Constitution sur laquelle reposent les prochaines élections présidentielle et législatives qui visent, au final, l’instauration des fondements du pouvoir et l’édification d’institutions constitutionnelles stables pour sortir le pays de la période de transition. Les forces de l’opposition, y compris le mouvement de l’Appel de la Tunisie et les partis républicain et Al Massar, ont estimé que la coalition au pouvoir qui détient la majorité parlementaire, «fait dans la lenteur» concernant l’élaboration de la nouvelle constitution pour faire perdurer la période de transition, précisant que la pays avait grand besoin que celle-ci «prenne fin». Cependant, les différends au sein de l’Assemblée nationale constituante (ANC) ont atteint leur paroxysme entre le groupe parlementaire du mouvement islamique Ennahdha et ceux des partis de l’opposition autour de la nature du régime politique futur du pays que consacrera la constitution attendue.
Depuis plusieurs mois, Ennahdha prône le régime politique parlementaire exclusif qui attribue au chef du gouvernement tous les pouvoirs et, de ce fait, le poste du chef de l’Etat devient honorifique. L’opposition, formée des partis démocratiques, a rejeté cette thèse et plaide quant à elle, pour l’adoption d’un régime présidentiel amendé qui allie régimes parlementaire et présidentiel pour assurer un équilibre entre les postes de président de la République et de Premier ministre.
Et si les différends persistent au sein des groupes parlementaires quant à la nature du régime politique futur, cela signifierait que les avis divergent autour des prérogatives et pouvoirs du président de la République et du chef du gouvernement. Selon des milieux juridiques, l’adoption de la nouvelle constitution requiert les deux tiers des voix des membres de l’ANC au nombre de 217, soit 144 voix au moins pour la faire passer.
D’autre part, le mouvement Ennahdha (89 membres) compte sur le ralliement d’autres groupes parlementaires pour atteindre la majorité absolue sans toutefois, que cela soit garanti au regard des divergences existant entre les groupes parlementaires au pouvoir et l’opposition, et ce, autour d’une multitude de dossiers.
En réponse aux déclarations du président de l’ANC, M.Mostefa Ben Jaâfar, faisant état de la finalisation de la constitution en avril prochain, le rapporteur général de la Constitution en Tunisie, M.Habib Khodr, a indiqué que la rédaction de la constitution dans les deux prochains mois était «chose difficile» du fait des points de discorde autour du régime politique futur de la Tunisie. Les commissions, a-t-il dit, n’ont encore pas fini leur travail sur la base des débats sur les axes de la constitution lors des séances plénières. Par ailleurs, dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de l’opposant Chokri Belaïd, le président tunisien, M.Moncef Marzouki, a reçu jeudi au palais présidentiel de Carthage le juge d’instruction près le tribunal de première instance de Tunis qui a entendu son témoignage dans l’affaire de l’assassinat de l’opposant, a-t-on indiqué de source officielle.
Les forces de sécurité tunisiennes ont lancé, jeudi, une large campagne de ratissage dans le gouvernorat du Kef au nord- ouest de Tunis à la recherche de l’assassin présumé de Chokri Belaïd, a affirmé une source sécuritaire précisant que cette campagne avait pour objectif de «bloquer toutes les issues devant le suspect principal». M.Ali Larayedh, chargé de la formation du nouveau gouvernement, avait souligné que les forces de sécurité tunisiennes avaient identifié le meurtrier de Chokri Belaïd et arrêté quatre suspects appartenant au courant salafiste soupçonnés d’avoir apporter leur aide à l’assassin. Le bâtonnier de l’ordre des avocats tunisiens, Chawki Tabib, avait souligné «la nécessité d’identifier les auteurs de cet assassinat».
Le secrétaire général adjoint du Parti des patriotes démocrates unifié (Watad), Mohamed Jmour, a pour sa part souligné que des consultations «sont en cours» entre son parti et plusieurs avocats en vue de «soumettre l’affaire Chokri Belaïd à la justice internationale».
Des sit-in ont été organisés mercredi par les militants du Front populaire dans plusieurs gouvernorats du pays afin de demander au gouvernement d’identifier l’auteur de l’assassinat de Chokri Belaïd, ses instigateurs et ses planificateurs.