La cité bois des pins est toujours sous le choc des brutalités «On craint le pire»

La cité bois des pins est toujours sous le choc des brutalités «On craint le pire»

Un chantier qui fait le bonheur de la mafia du tuff

La tension est permanente dans cette cité et cela risque de dégénérer à tout moment.

A la cité Bois des Pins de Hydra, à Alger, les habitants craignent le pire. Après tous les événements qui s’y sont déroulés, le spectre d’un l’enlisement hante les esprits. Le porte-parole du comité des sages de cette cité, Abdelghani M’henni, a lancé, hier, un véritable cri d’alarme pour, d’abord stopper le chantier et éviter ainsi le pire, et libérer la cité sous la pression des forces de l’ordre.

Dans une conférence de presse tenue au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh) à Alger, M. M’henni a dénoncé les brutalités des forces de l’ordre pratiquées sur des citoyens dont le seul tort est d’avoir défendu un espace vert. «Ils ont défoncé les portes de nos maisons, agressé les habitants, tabassé les femmes et traumatisé les enfants», a-t-il déploré. Le conférencier a fait savoir que 14 plaintes ont été déposées pour violences, coups et blessures avec preuve à l’appui. Pour mettre en lumière tous ces dépassements et comportements, le conférencier a réclamé une commission d’enquête indépendante des services de la police. Revenant sur l’agression le 4 août dernier, M. M’henni a dénoncé une tentative d’assassinat, annonçant une série de plaintes déposées contre de hauts responsables de la police et de la wilaya d’Alger. «Il ne s’agit plus de déposer plainte contre X, mais contre des personnes que j’accuse d’avoir tenté de m’assassiner», a-t-il fulminé.

Il a souligné qu’il en est sorti de cette agression avec 32 points de suture et un certificat médical de 21 jours d’incapacité phisique attesté par un médecin légiste. Cela dit, le conférencier a souligné que le combat qu’il mène pour l’arbre fait sa fierté. «Ça me fait honneur de mourir pour un arbre, mais je n’accepte jamais qu’on m’agresse et qu’on me traite comme ennemi ou étranger», a-t-il souligné.

Le conférencier accuse la police d’avoir redoublé de violence alors qu’elle était appelée à intervenir pour mettre fin à cette même violence. Selon lui, les émeutes du 10 juillet dernier, les plus violentes, ont fait 120 blessés parmi les policiers. M. M’henni a annoncé une autre plainte contre le maire d’Hydra. Concernant le parking qui cache un centre commercial engagé dans le jardin du Bois des Pins, le conférencier a réitéré que l’espace vert est une propriété privée appartenant aux habitants de la cité. Il a reconnu ne pas savoir qui est derrière ce projet lancé en violation de toutes les règles d’urbanisme et sans permis de construire. «Mais ce qui est sûr, c’est que la wilaya d’Alger est impliquée et le déploiement des forces de l’ordre suppose que la mafia du béton est, elle aussi, impliquée», a-t-il estimé.

Le conférencier a dénoncé le fait que le wali d’Alger, qui a interdit en 2007, la moindre construction sur les jardins l’a autorisé en 2011 sans pour autant émettre un quelconque décret. Le porte-parole du comité des sages souhaite que l’affaire connaisse un dénouement aujourd’hui. Le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs statuera ce matin sur la poursuite ou l’arrêt des travaux du chantier. «Nous sommes dans notre droit et tout porte à croire que la décision soit en notre faveur», a-t-il noté, exprimant des craintes sur une interférence qui influerait sur la décision de la justice. D’autant plus, a-t-il indiqué, que le wali a ordonné au maire d’Hydra de signer le permis de construire, il y a quatre jours.

Pour sa part, l’avocat des résidents de la cité, Kamel Zerbib, a souhaité que la raison l’emporte sur tout autre considération ce matin et que le tribunal ordonne l’arrêt des travaux. Selon cet avocat, le projet coûterait 1,35 milliard de dinars (135 milliards de centimes).