Le tabagisme actif est la principale cause des cancers bronchiques avec, ces dernières années, un constat nouveau : le tabagisme passif comme cause aussi de la morbidité et de la mortalité.
Les 5es journées de pneumologie et les 2es journées de chirurgie thoracique se sont déroulées, les 6 et 7 novembre, à l’amphithéâtre de l’EHU d’Oran, en présence de nombreux spécialistes venus de plusieurs wilayas du pays, du Maghreb et de France. D’emblée, les organisateurs de ces deux colloques, le DG de l’EHU et le professeur Salah Lellou ont explicité l’intérêt de ces rencontres médicales pour “parler des pathologies les plus fréquentes comme le cancer du poumon et le tabagisme qui constituent un véritable fléau, un problème de santé publique à l’origine des cancers du poumon”.
En effet, l’incidence du cancer du poumon ne cesse de croître dans le monde avec 16 millions de malades d’ici à 2020, soit une augmentation de près de 50%. Une tendance qui n’épargne pas notre pays qui enregistre, chaque année, quelque 35 000 cas et 20 000 décès comme évoqué par un communicant du CHU de Sétif. Le tabagisme actif est la principale cause des cancers bronchiques, avec, ces dernières années, un constat nouveau : le tabagisme passif comme cause aussi de morbidité et de mortalité. Dès lors, la lutte contre le cancer du poumon passe par une politique de prévention du tabagisme ciblant, plus particulièrement la population la plus vulnérable, c’est-à-dire les jeunes. Le professeur N. Zidouni, président du Comité national de prévention et de sensibilisation sur le tabagisme, a décortiqué la feuille de route de cette structure créée récemment suite à un décret présidentiel du
14 juillet 2014. Un comité qui a traîné pour voir le jour alors que l’Algérie a ratifié le traité
international de l’OMS “la convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT)”, au même titre que 171 pays dans le monde. Pour l’intervenant, le programme du comité doit s’appuyer sur “l’information et la sensibilisation du grand public notamment les jeunes, 21% de cette frange de la population fume, la première cigarette est à 12 et 13 ans”. Pour les intervenants, il est clair qu’aujourd’hui la lutte contre le tabagisme n’incombe plus seulement au secteur de la santé, mais implique l’ensemble de la société. D’où, dira le professeur Zidouni, l’intérêt d’une démarche multisectorielle au sein du comité. La sensibilisation sur la lutte contre le tabagisme est aussi un travail de fond à mener dans le secteur de l’éducation, l’administration et les corps constitués et notre interlocuteur de poursuivre : “Le tabagisme n’est pas une maladie, c’est un comportement, une habitude sociale nuisible pour la santé.” Interrogé sur le devenir de la loi relative à la lutte contre le tabagisme, notre interlocuteur explique que le texte se trouve au bureau de l’APN.
La promulgation de ce nouveau texte permettra de mettre en place les décrets d’application faisant de l’interdiction de fumer dans les espaces publics une obligation. “Pour passer à l’interdiction de fumer dans les espaces ouverts, nous avons tenu compte de la spécificité de la population algérienne, l’on sait quel sort est réservé aux lois lorsqu’elles sont promulguées. Et, donc, cette loi prévoit des tarifications, des amendes et des taxes qui cibleront les fumeurs pour protéger les non-fumeurs.” Une perspective inévitable à l’image de ce qui a été fait dans les autres pays du monde.