La CIA et le MI6 collaboraient avec Kadhafi

La CIA et le MI6 collaboraient avec Kadhafi

Les services secrets britanniques et américains ont coopéré étroitement par le passé avec le régime du dictateur en fuite Mouammar Kadhafi, selon ce que dévoilent samedi les quotidiens The Independent et le Wall Street Journal.

De nombreux documents découverts par Human Rights Watch dans un immeuble des services secrets à Tripoli démontrent que la CIA a entre autres livré des présumés terroristes à la Libye pour interrogatoire et qu’elle suggérait même des questions aux enquêteurs.

L’agence de renseignement américaine avait établi une présence permanente en Libye, selon une note d’un haut responsable, Steve Kappes, adressée au chef des services secrets de l’époque, Moussa Koussa.

Cette note débutait d’ailleurs par un cordial « Cher Moussa » et était signée, tout simplement, « Steve ».

Moussa Koussa a été chef des services de renseignement libyens de 1994 à 2009, puis ministre des Affaires étrangères. Il est arrivé à Londres le 30 mars après avoir fait défection, et est reparti libre vers le Qatar.

L’agence de renseignement britannique, le MI6, entretenait des liens tout aussi étroits avec lui. Selon The Independent, les archives découvertes comprenaient des fax et des lettres lui étant adressées et portant les mentions « Salutations du MI6 ». Un agent britannique a même envoyé une carte de Noël signée « votre ami ».

Au-delà de ces rapports cordiaux, la Grande-Bretagne aurait communiqué des informations sur des opposants du régime Kadhafi en exil. Dans une lettre du 16 avril 2004, les services secrets britanniques informent leurs homologues qu’un militant libyen vient d’être libéré en Grande-Bretagne.

Plusieurs documents témoignent de la collaboration entre les deux pays lors de la visite de l’ancien premier ministre Tony Blair en Libye. Une note laisse par exemple comprendre que M. Blair voulait rencontrer Mouammar Kadhafi sous la tente parce que « les journalistes aimeraient ça ».

Les services secrets britanniques auraient aussi collaboré à la rédaction du discours où Kadhafi a officiellement renoncé aux armes de destruction massives. Le « Guide » tentait alors de changer l’image de son pays pour retrouver la confiance de l’Occident.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a refusé samedi de commenter des informations, qui « remontent à l’époque d’un gouvernement précédent ».

Un émissaire de l’ONU à Tripoli

Par ailleurs, l’émissaire spécial du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon est arrivé à Tripoli samedi afin d’aider à rétablir la stabilité et la sécurité en Libye.

« Je suis venu discuter avec le Conseil national de transition (CNT) comment l’ONU peut aider de la meilleure façon possible pour bâtir l’avenir », a déclaré Ian Martin aux journalistes à son arrivée à l’aéroport militaire de Tripoli.

Au même moment, le CNT a annoncé que la ville de Bani Walid pourrait être tombée aux mains des rebelles. Considérée comme l’une des dernières poches de résistance des forces fidèles à Mouammar Kadhafi, la ville a entamé les négociations de sa reddition.

Certains pensent que Kadhafi aurait pu y trouver refuge.

Le CNT a annoncé par ailleurs que les villes qui échappent toujours à son contrôle ont une semaine pour se rallier.

(radio-canada.ca)