L’Opep a gardé inchangé son plafond de production
Si la dégringolade des cours de l’or noir se poursuit, cela signifiera que «la spéculation contribue fortement à pousser les prix à la baisse» a déclaré hier le secrétaire général de l’Organisation Abdallah al-Badri.
Le baril poursuit sa descente aux enfers. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui a gardé inchangé son plafond de production lors de sa dernière réunion qui a eu lieu à Vienne le 27 novembre dernier, s’interroge. Comme un boxeur sonné dans les cordes, au bord du K.-O., et qui ne trouve pas de solution pour éviter d’aller au tapis. «Nous voulons connaître les raisons réelles qui ont conduit à une telle chute des cours du brut», a déclaré hier son secrétaire général en marge d’une conférence intitulée «Arab Strategy Forum» qui s’est tenue à Dubaï tout en estimant que «l’offre et la demande ont connu une hausse légère qui n’explique pas cet effondrement de 50%» depuis la mi-juin.
A qui la faute alors? Si la dégringolade des cours de l’or noir se poursuit, cela signifiera que «la spéculation contribue fortement à pousser les prix à la baisse» a affirmé Abdallah al-Badri. Pour justifier ses déclarations, il rappellera que le plafond de «production de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) n’a pas changé depuis 10 ans, (resté) à quelque 30 millions de barils (mbj)». Tous les experts ont pourtant relevé une surabondance du marché. L’Opep s’en lave les mains. Qui en serait responsable dans ce cas-là? «Les pays producteurs non membres de l’Opep ont augmenté de quelque six mbj (millions de barils par jour, Ndlr) supplémentaires leur offre sur le marché, contribuant ainsi à la chute des cours.» a fait observer sans sourciller le SG du cartel. Une autre manière de leur dire que les pays membres de l’Opep ne supporteront pas seuls une réduction de l’offre qui aurait pour conséquence de leur faire perdre des parts de marché. Certains pays crient au complot. «L’actuelle baisse des prix du pétrole dans le monde résulte d’un complot politique entre certains pays» a affirmé le président de la République islamique d’Iran dont le pays est sévèrement touché par la dégringolade des cours de l’or noir. «La chute des prix du pétrole est le résultat d’un complot contre les peuples de la région et l’ensemble des musulmans», a déclaré le 10 décembre dernier Hassan Rohani, cité par Press TV. Réponse. «D’aucuns disent que cette décision (de ne pas réduire la production du pétrole) a été prise pour favoriser les Etats-Unis et l’extraction de pétrole de schiste. Ce n’est pas vrai. Certains disent qu’elle a visé l’Iran et la Russie. C’est également faux», a indiqué Abdallah al-Badri.
Combien même cela serait vrai, cette «tempête» n’épargnera aucun pays de l’Opep. Et pour cause. Les prix du pétrole qui ont chuté de plus de 40% en l’espace de moins de six mois représentent un manque à gagner de 316 milliards de dollars pour les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole. Une saignée qui est encore loin d’être stoppée. L’économie nationale va le payer probablement assez cher. Cela va se chiffrer sans aucun doute en dizaines de milliards de dollars. Explications.
L’Algérie peut perdre 20 milliards de dollars par an avait estimé le ministre de l’Energie et des Mines il y a un peu plus de deux ans.
Le baril de pétrole venait de perdre 30 dollars entre le mois de mars et le mois de juin 2012. «Nous avons perdu 30 dollars… depuis quelques mois, 30 dollars, c’est une chute drastique et sur une année, ça représente pour nous entre 18 et 20 milliards de dollars de revenus en moins… Ceci est inquiétant», avait déclaré le 4 juillet 2012 le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III.
Le baril valait à l’époque plus de 100 dollars. Aujourd’hui il a perdu près de la moitié de sa valeur depuis le mois de juin 2014 provoquant un plongeon des Bourses des monarchies pétrolières du Golfe.
Les prix du brut coté à New York, sont passés sous les 58 dollars vendredi dernier. Des niveaux plus vus depuis cinq ans et demi. Au point de faire vaciller Wall Street.
«La nervosité s’est emparée du marché: et plus encore que le déclin des prix du pétrole, c’est la vitesse à laquelle il dérape qui fait peur», avait relevé Michael James, de Wedbush Securities. Une secousse qui rappelle celle de 2008 lorsque les prix du pétrole avaient plongé de 147 dollars à moins de 35 dollars entre juillet et décembre. Les dégâts risquent d’être plus importants cette fois-ci.