La chute des prix du brut peut perdurer encore deux ans : L’Algérie en zone de risque

La chute des prix du brut peut perdurer encore deux ans : L’Algérie en zone de risque
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La baisse des prix du brut risque de durer dans le temps. Voilà une très mauvaise nouvelle pour notre économie presque entièrement dépendante des dividendes des hydrocarbures. Certes, ce n’est pas seulement le cas de l’Algérie, puisque d’autres pays émergents en souffriront, selon l’analyse de Stephan Silvestre, expert en Energie et secrétaire de la chaire de Management des Risques Energétiques (France), lequel pense dans un entretien accordé à Atlantico, qu’étant donné que «Les causes de cette chute étant en grande partie structurelles, on peut s’attendre à ce que cette situation perdure pendant encore un à deux ans.»

Les pays qui en pâtissent le plus sont, d’après lui, «les émergents dont l’économie est basée sur la rente pétrolière, à savoir l’Iran, l’Irak, le Venezuela et le Nigeria, l’Angola et l’Algérie en tête.» Toutefois, l’expert n’écarte pas l’impact de cette chute vertigineuse des prix du pétrole, sur les pays du Golfe, à commencer par l’Arabie Saoudite qui, faut-il le rappeler, demeure à l’origine du blocage au niveau des instances de l’Opep, refusant toute velléité de réduction de la production dans la perspective d’influencer les prix et les relancer vers le haut.

«Modification de l’équilibre du marché»

Cette perspective négative qui s’annonce n’encourage guère, et les experts internationaux sont nombreux à prédire la poursuite de la chute pour un certain temps encore. C’est là également l’avis d’Olivier Appert, président d’IFP Energies nouvelles, lequel estime pour sa part qu’«Après 3 ans de relative stabilité dans une fourchette de 100 à 120$/b, le prix du brut (Brent) a été divisé par 2 en six mois. Mais, depuis le milieu de l’année 2014, les acteurs du marché semblent ignorer les facteurs géopolitiques et ne prennent en compte que les facteurs économiques. Le Brent est passé de plus de 110 $/b en juin 2014 à moins de 50 $/b début 2015.», ainsi donc, ajoute l’expert, «Le marché pétrolier a réagi vivement à ce contexte incertain.»

La raison est simple, explique M. Appert, car «nous avons une demande dont la croissance reste modérée et une offre qui continue de croître à un rythme soutenu, ce qui entraîne une modification de l’équilibre du marché.» Par conséquent, ajoute l’expert, «le niveau de prix actuel ne permet plus à aucun des pays de l’OPEP d’équilibrer leur budget. Certains peuvent encore vivre sur les réserves financières engrangées sur les dernières années, pour d’autres la situation peut rapidement devenir critique. En moyenne, et pour un pétrole à 60 $, les pertes de revenus se situent à 2,7 % du PIB pour les pays exportateurs. Cela peut aller jusqu’à 10 points de PIB pour les pays du Moyen-Orient.»

LG Algérie

«La crise frappe tout le monde, pas seulement l’Algérie!»

Pour sa part, l’expert algérien Mourad Preure, explique qu’«en 2016, ce sera plus compliqué. Plusieurs scénarios se dessinent. Le mouvement de fusions-acquisitions dans le domaine des hydrocarbures non conventionnels va encourager la montée en puissance d’acteurs aux reins solides, capables de s’adapter aux prix bas. A moyen et long terme, la guerre des prix, à mon avis, est vaine.»

Evoquant le retour de l’Iran sur le marché, avec la levée de l’embargo, l’expert estime que «Si l’on ajoute à cela un éventuel règlement de la crise libyenne, avec l’arrivée de 1 à 1,5 millions de barils par jour, et une montée de la production irakienne, avec une stabilisation relative, on pourrait avoir 4 à 5 millions de barils par jour en trop, alors que la demande n’augmentera que de 1,1 millions de barils, avec, déjà, 1,3 millions de barils en trop. C’est le scénario dur, avec un effondrement du marché.» Quant à l’impact sur notre pays, l’expert estime que «L’Algérie surréagit à la crise, avec un effet de panique. Comme une grand-mère agrippée à son bas de laine, terrifiée à l’idée de perdre sa rente. Mais la crise frappe tout le monde, pas seulement l’Algérie!»

L. K.