La Chine lui avait pris sa première place de fournisseur en 2012, La France veut reprendre sa position en Algérie

La Chine lui avait pris sa première place de fournisseur en 2012, La France veut reprendre sa position en Algérie

La France veut reprendre sa position en Algérie

C’est presque dans toutes les discussions de salon et dans tous les articles de journaux: «La France veut reprendre sa place aux Chinois en Algérie.»

Il est clair que depuis le début des années 2000, les Français ont perdu sensiblement du terrain face aux entreprises venues de l’Empire du Milieu. La Chine a, en effet, dépassé la France sur la liste des pays fournisseurs de l’Algérie sur la période portant sur les cinq premiers mois de 2012. Une première depuis l’indépendance où la France, l’ancienne puissance coloniale, avait gardé soigneusement ses marchés dans le pays! Selon les chiffres officiels, l’Algérie a importé, durant cette période, pour 475 millions de dollars de produits «made in China» contre 425 millions de dollars de France. L’Algérie a importé pour 18,27 milliards de dollars durant la période de référence.

En 2011, la France avait gardé sa première place avec 7,03 milliards de dollars, suivie de l’Italie (4,61milliards de dollars) et de la Chine (4,58 milliards). En 2011, l’Algérie avait importé pour 46,45 milliards de dollars, en hausse de 14,77% par rapport à 2010 (40, 47 milliards de dollars). La France fournit à l’Algérie essentiellement des médicaments, des voitures, des produits alimentaires et des biens d’équipement. Excepté les médicaments et l’automobile qui ont enregistré des hausses, les importations algériennes de produits alimentaires et de biens d’équipements industriels ont nettement reculé respectivement de 10,78% et de 26,77% durant les cinq premiers mois de 2012.

La France avait gardé soigneusement sa position de fournisseur, notamment grâce aux importations algériennes de céréales qui avaient augmenté de 125% à 2,82 milliards de dollars. L’Algérie avait importé en grande quantité du blé pour constituer des stocks de sécurité afin d’éviter des pénuries et des éventuels révoltes comme dans le Monde arabe. Mais durant le deuxième semestre de 2012, le gouvernement avait annoncé qu’il n’importera ni blé dur ni orge en raison d’une bonne récolte locale et de la disponibilité des stocks. Les différends politiques entre Alger et Paris, entre 2008 et début 2012, ont également influé négativement sur les échanges commerciaux entre les deux pays.

Du coup, les Chinois profitent de cette situation et prennent la place des Français. Ils raflent tout. Les sociétés chinoises font main basse sur les grands projets stratégiques. Et la Chine a réussi à garder sa place de premier fournisseur en prenant en charge les grands projets de l’Algérie et le secteur du BTPH. Autoroutes, hôtels, barrages hydrauliques, hôpitaux, transports ferroviaires, écoles, logements et surtout le projet de la Grande-Mosquée qui favorisera l’Empire du Milieu. Le marché de la Grande-Mosquée d’Alger, troisième plus grand édifice religieux au monde, a été confié à la China State Construction Enrg (Cscec), pour un montant d’un milliard d’euros. Mais le premier important coup des Chinois, c’est le nouvel aéroport international d’Alger. Initié en 1986, le projet de parachèvement du terminal international Houari-Boumediene a été confié en 2003 au groupe chinois Cscec pour un montant de 2,6 milliards de dollars. Trois années plus tard, le terminal devient opérationnel durant l’été 2006. Pour ne pas «fâcher» les Français, le gouvernement algérien confie la gestion de l’aéroport international à ADP (Aéroport de Paris). Le groupe chinois poursuit son offensive sur le terrain et obtiendra, en parallèle, la réalisation du nouveau siège du ministère des Affaires étrangères, celui du Conseil constitutionnel, la construction de l’hôtel Sheraton à Alger ainsi que des dizaines de projets de logements sociaux à Alger, Sétif, Annaba, Constantine, Oran, dans le cadre du programme Aadl. Cscec possède aujourd’hui des chantiers dans au moins 35 wilayas (divisions administratives) en Algérie et collabore avec 300 entreprises locales.

Le deuxième grand coup réalisé par les Chinois est le chantier de l’autoroute Est-Ouest longue de 1 216 km, présenté comme le projet du siècle en Algérie. Evalué à 11,4 milliards de dollars, le projet a été confié en 2006 au groupe japonais Cojaal pour le tronçon Est et au chinois Citic/Crcc pour les tronçons Ouest (359 km) et Centre (169 km). Là encore, les Chinois ont raflé le projet aux grandes entreprises occidentales, notamment françaises. Le montant des projets décrochés par les entreprises chinoises en Algérie au cours de la dernière décennie se chiffre à plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Négligeables au début des années 2000, les importations algériennes de Chine ont considérablement augmenté alors que la part de marché de la France a chuté de 25% à 15% en volume.

Contrairement à la France, la Chine a réellement profité des programmes d’investissement de 500 milliards de dollars initiés par le gouvernement algérien entre 1999 et 2014.

Aujourd’hui, en crise dans son pays, la France voudrait réellement reprendre sa place de premier fournisseur de l’Algérie et profiter de la manne pétrolière.