Alors que des partis dits démocrates sont toujours réservés, quant à leur participation aux prochaines législatives, tandis que d’autres se débattent dans des conflits internes, les partis islamistes assiègent déjà les mairies pour l’inscription de leurs supporters sur les listes électorales.
Comme en Égypte et en Tunisie, les partis islamistes sont allés à l’essentiel. Les listes électorales qu’il y a lieu de remplir par ces électeurs qui n’ont jamais connu un bureau de vote. La mobilisation autour de la mise à jour des listes électorales a été entamée au niveau de ces partis bien avant que le ministre de l’Intérieur ne donne le ton pour demander aux citoyens d’aller massivement aux urnes.
C’est le cas du MSP et d’Ennahda dont les militants font déjà la chasse aux “absentéistes” et aux jeunes désintéressés qu’ils accompagnent à la mairie pour les faire inscrire.
Hier à Boumerdès, une famille entière composée de cinq personnes s’est présentée à l’état civil de cette commune pour inscrire deux jeunes qui n’ont jamais connu un bureau de vote. Cette famille était accompagnée d’un responsable d’un parti islamiste. “Mon fils n’a jamais voulu voter, mais cette fois, il s’est inscrit sur la liste électorale pour dire lui aussi son mot”, affirme ce père de famille, en fixant des yeux son accompagnateur.
À Khemis El-Khechna, un employé de l’état civil nous a fait savoir qu’un engouement particulier est enregistré à l’état civil, notamment dans le bureau des listes électorales. “Mais ce sont El-Ikhoua qui viennent le plus pour faire inscrire des gens de leur localité”, nous dira un fonctionnaire de la mairie qui parle de plus de 45 inscriptions en une journée. “La plupart, ce sont des femmes au foyer qui ont rarement voté mais dont les chefs de famille avaient des penchants pour l’ex-FIS”, avouera notre interlocuteur.
À Thénia, alors qu’un grand parti animait une assemblée générale de ses militants pour cueillir les fiches de candidatures des députés, l’état civil de cette localité est assiégé par des militants d’un parti islamiste pour faire inscrire les “éternels absents” sur les listes électorales. Les partis islamistes ont compris que les élections ne se gagnent pas dans les meetings mais sur les listes électorales. Ils veulent “creuser” chez les absentéistes qu’ils s’efforcent de convaincre pour aller s’inscrire sur le fichier électoral contre des promesses. Comme au bon vieux temps à l’époque du FIS.
La chasse aux voix a commencé. Et les meilleures proies se trouvent chez les absentéistes, nous dira un élu de la commune de Tidjellabine. Le hic est que de nombreux responsables de partis démocrates interrogés hier reconnaissent n’avoir pas pensé à ce type de mobilisation.
Pis encore, un élu du RND et un autre du FLN nous ont avoué que leurs enfants ne figurent pas encore sur les listes électorales. Un autre élu du PT admet avoir oublié d’inscrire sa fille qui a atteint l’âge de voter.
Mais chez les partis islamistes, c’est déjà la mobilisation. Leurs militants semblent mieux organisés et plus disciplinés pour gagner la bataille des listes électorales, notamment celles des absentéistes, nous affirmera un responsable de la wilaya. Le ministre de l’Intérieur a beau rappeler les citoyens à “aller voter en masse”.
Un appel qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, mais dans celle des partis islamistes, plus déterminés à récolter le maximum de voix. Pour rappel, les pouvoirs publics, craignant sérieusement un fort taux d’abstention lors des prochaines législatives de mai, ont lancé des appels pour demander aux citoyens d’aller aux urnes. Mais encore faut-il que ces derniers soient d’abord présents sur les listes électorales. Car l’enjeu est sur ces listes.
M. T