La cause perdue des frondeurs du FFS

La cause perdue des frondeurs du FFS

Depuis la création du FFS, jamais une contestation interne ne s’est manifestée avec autant de violence verbale. Cela dit, pour que les choses soient claires, les remises en cause ne concernent nullement les principes fondamentaux du parti. Les frondeurs, pour le moment, accusent la direction de vouloir vendre le parti contre je ne sais quelle promesse.

Or, aucun frondeur n’arrive à nommer les personnes, au sein de la direction, qui sont coupables de jouer les compradores, ni sur quoi ils ont négocié.Du coup, cette lutte intestine, bien qu’il nuise à l’image du parti, a pour but de discréditer une direction [et c’est le moins que l’on puisse dire] peu prolixe et surtout ne voulant pas étaler les problèmes du parti sur la place publique. D’ailleurs, les adversaires du FFS ne guettent que ce moment propice. En effet, dès les premières déclarations, la presse s’en est saisie du sujet avec une délectation inouïe. D’ailleurs, globalement, la presse a pris, sans mesurer son devoir d’éthique, parti pour les frondeurs. Il n’y a qu’à voir le nombre d’interviews et d’articles réservés à ce  sujet. D’une façon générale, excepté deux responsables, les autres contestataires n’avaient pas la chance d’être retenus sur les listes de candidature.

Ainsi, bien que la participation ait été choisie par la totalité ou peu s’en faut des membres du conseil national [évidemment avant que les listes ne soient arrêtées], certains candidats malheureux devant figurer sur les listes du parti ont désavoué la décision du parti. Pour autant, il ne faut pas qu’on se méprenne. Les véritables frondeurs, ou du moins ceux qui occupent la scène médiatique, sont un élu et un candidat à l’étranger, en l’occurrence Karim Tabou et Samir Bouakouir. Toutefois, ce dernier, selon mon humble avis, a des circonstances atténuantes. Car il a mené la campagne électorale comme il se devait.

Et dès l’ouverture du vote à l’étranger, il s’est élevé contre la direction pour ne pas avoir dénoncé les exactions dont avaient été victimes certains camarades en France. Néanmoins, ce qui n’est pas le cas de l’ancien premier secrétaire, Karim Tabou.  Pour ce dernier, contredisant Ali Laskri qui a parlé avant-hier, le 29 mai 2012, dans les colonnes d’El Watan, d’un mécontentement de cadres non choisis dans les listes, « le malaise n’est pas réductible à un simple mécontentement de cadres mal ou non classés dans les listes électorales, il s’agit bel et bien d’une dérive politique d’une direction qui s’est alignée et s’est rendue complice avec le pouvoir en place ». Pour ceux qui ne suivent pas la politique, celui qui parle ainsi est l’ancien secrétaire national et député du FFS issu des élections du 10 mai dernier.

LG Algérie

Quoi qu’il en soit, pour ne pas se lancer dans la critique, l’auteur de la déclaration aurait dû, avant de s’attaquer à ses collègues, nous expliquer pourquoi il n’a pas animé, dans la wilaya de Tizi Ouzou, des meetings afin de convaincre ses électeurs. Et pourtant, nous, simples militants, avons voté pour qu’il soit élu député. Ainsi, au lieu de justifier pourquoi il a failli à son devoir de candidat, il essuie ses mains en accusant la direction, dont les pouvoirs sont transmis par Hocine Ait Ahmed, de se compromettre. Cependant, avant de faire le bilan de l’actuelle direction, ne faudrait-il pas s’attarder sur l’état de déliquescence du parti du temps où il était à la tête du secrétariat national ? Par ailleurs, dans son interview au journal électronique TSA, Karim Tabou, comme tous les frondeurs d’ailleurs, fait comme si Ait Ahmed ne doit pas s’immiscer dans ce qui se passe.

« Ait Ahmed est le président du parti. Il est respecté par l’opinion publique et par les militants [il doit ajouter : sauf ceux qui remettent en cause sa politique] », déclara-t-il à ce journal qui n’a jamais dit, un jour, du bien du FFS. Cependant, ce qui est répréhensible c’est que les frondeurs accusent Ait Ahmed, sans le citer nommément, de vouloir cesser l’opposition. Plus grave, ils le claironnent sans apporter la moindre preuve palpable de cette compromission. « La direction est en train de conduire le FFS vers une normalisation, une domestication claire dont les objectifs sont de participer aux équilibres internes du pouvoir », accuse-t-il la formation d’Ait Ahmed.

Mais, franchement, qui peut croire  de telles allégations ? Ait Ahmed va-t-il réellement abdiquer à son âge ? Va-t-il cesser de dire la vérité pour permettre à un clan du pouvoir de prendre le dessus sur un autre ou les autres clans du pouvoir ? En tout état de cause, la base militante n’est pas dupe. Elle sait que la crédibilité d’Ait Ahmed va résister à toutes les épreuves comme elle l’a fait par le passé. Pour le reste, bien que cette épreuve de force affaiblisse le parti, la suite  va surement permettre au FFS de se placer comme un acteur incontournable du changement en Algérie.