Mercredi, 10h30. Un avion spécial de la compagnie Tassili Airlines atterri à l’aéroport Moufdi Zakaria de Ghardaïa. A son bord, une cinquantaine d’opérateurs économiques, les PDG de la BADR et de la BDL, le secrétaire général du ministère de l’Indutrie, de la Promotion des investissements, les responsables des agences Andi, Andepme, du Fgar, du représentant de Abdelmadjid Sidi saïd qui n’a pas pu faire le dépalcement pour des raisons de santé, et d’une quinzaine de journalistes.
Ils étaient allés, à l’initiative de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), dans le cadre de la caravane « Invest-Sud », prospecter les potentialités de la région et ce qu’elle offrait comme conditions attrayantes pour l’investissement dans différents secteurs. Il s’agit notamment de l’agroalimentaire, du tourisme, de la thalassothérapie, de l’élevage et de la production laitière.
D’emblée, le premier magistrat de la wilaya de Ghardaïa a tenu à rassurer les opérateurs économiques quant à la disponibilité de ses services pour leur faciliter le travail. «La wilayaoffre de nombreux avantages à tout investisseur désireux de s’y implanter. » M. Adli en voudra pour preuve la réalisation du dédoublement de la Route nationale N°1 et la voie ferrée.
Ce qui diminuera les difficultés de transport. » Il citera notamment le projet de doublement de la RN1 et celui de la réalisation d’une voie ferrée. Cela, sans oublier l’ouverture de l’aéroport d’El Ménéa au public après avoir été pendant plusieurs années au service exclusif de l’ANP. Autant de facteurs qui feront que les potentiels investisseurs trouveront toutes les facilités requises. Avec en prime la cession de terres au dinar symbolique, l’exonération d’impôts pendant dix ans.
Tout se cultive à El Ménéa
Les échanges d’amabilités terminées, la délégation se scinde en trois groupes. Le premier s’est dirigé vers la ville de Zelfana, des opérateurs étant intéressés par le tourisme, l’énergie renouvelable et la thalassothérapie. La zone industrielle de Ghardaïa a accueilli le deuxième groupe. Tandi que le troisième a été l’hôte d’El Ménéa, située à 270 km de Ghardaïa. Leconews a fait partie du troisième voyage. La route fut certes longue, surtout par 33° à l’ombre, mais le déplacement en valait la peine.
Tout au long du trajet, ce sont des terrains vastes et vierges à pertes de vue, supplantés par d’immenses rochers en forme de pyramides en bas desquels et à la faveur du vent, le sable se déclinait en dunes. Arrivés sur place, nous visiterons cinq exploitations agricoles. Et il faut dire qu’opérateurs comme journalistes étaient subjugués par un paysage paradisiaque, la beauté des exploitations. Mais surtout étonnées de voir d’autres cultures que les palmeraies étaient présentes.
Agrumes, vignobles, pommes de terres, blés, étaient plantés à côté des palmiers. Il faut dire que la nature du sol s’y prête. Aucunement besoin d’engrai, ou de produits chimiques. Nous avons même eu droit à la visite d’une roseraie. « El Ménéa exportait des roses en Hollande en 1930 », nous informe M. Bouzid, directeur des services agricoles de la wilaya de Ghardaïa.
Lequel s’est révélé être un excellent guide, mais aussi un connaisseur hors pair du secteur. Il connaît les moindres recoins de la région, tous les exploitants et l’histoire de la ville, quand bien même il n’en est pas originaire. Nous avons énormément appris de lui.
L’ensilage, un atout pour le rendement
La première exploitation que nous avons visitée appartient à Si Hadjadj Mahmoud. C’est l’un des pionniers qui a investi dans l’agriculture. Il a débuté en 1989 avec un lopin de terre n’excédant pas les 20/20 mètres. Puis à la faveur de la loi sur la revalorisation des terres agricoles, il a bénéficié d’un millier d’hectares, dont 750 sont exploités et 250 en projet. La particularité de cet agriculteur, c’est qu’il cultive lui-même ses semences et le maïs ensilage destiné à l’alimentation du bétail.
Cette dernière culture manque énormément au nord, où les éleveurs et autres acteurs dans la filière lait trouve beaucoup de difficultés à s’en approvisionner, d’où le faible rendement des vaches laitières (12 litres contre une moyenne de 22 litres à El Ménéa). Les exploitants d’El Ménéa cultivent également de la luzerne utilisée pour l’alimentation du bétail car elle est une véritable source industrielle de protéines et de carotène.
Ce qui n’a pas échappé à M. Smaïl Dilmi, patron de la laiterie Hodna, qui trouve toutes les difficultés du monde à approvisionné les éleveurs en cet aliment. A telle enseigne qu’il est souvent contraint de se déplacer de M’Sila vers Sougueur pour trouver le produit. Et c’est à l’exploitation de M. Benhaïda qu’il trouvera « son bonheur ».
Au moment du déjeuner, (il faut dire que les gens d’El Ménéa auxquels nous avons rendu visite ont été d’une hospitalité rarement égalée), un certain M. Ouzeffoun attire l’attention des hôtes. Nous apprendrons que ce monsieur habite à Blida. Mais « par amour pour mon pays, je suis venu travailler la terre ici. L’avenir de la sécurité alimentaire est ici », nous révèle-t-il. Et, se tournant vers le patron de la laiterie Hodna il dira : « je suis prêt à fournir votre aliment et avec la quantité que vous voulez à 15 DA le kg». M. Dilmi est emballé et réplique : « Je reviendrai et je signerai avec vous un partenariat.
Le président de la CIPA, un homme heureux
Ce n’est que vers 23h00 que nous regagnons le chef lieu de la wilaya. Pas question de reprendre l’avion tout de suite. Un débriefing est organisé. El Hadj M’henni demande aux trois groupes de faire un compte rendu des visites qu’ils ont effectués. Mieux encore. Il interpelle les opérateurs. Il voulait savoir qui voulait entamer l’aventure et qui abandonnait la péripétie.
C’est le président du conseil de surveillance du groupement d’entreprises Remelec qui ouvre le bal. Il étonnera plus d’un en remettant au PDG de la BADR le projet d’investissement dans la photovoltaïque. Avec cette précision indirecte qu’il se réconcilie avec les banques algériennes après les avoir boudées pour leur bureaucratie et versé plus de 2 milliards aux banques étrangères. Chérif Aberkan a fait part de sa décision d’investir également à Zelfana dans le secteur de la thalassothérapie.
M. Oumedjkane, lui, revendique 3.000 hectares de terres pour l’élevage bovin. Tandis que M Dilmi en demande 5.000 pour l’aliment du bétail. « C’est très simple, dit-il, je n’aurais pas de problème de transport en ce sens que les camions qui viendront livrer le ciment de M’sila, chargeront la luzerne pour nous au lieu de rentrer vides. » Autant dire que la caravane n’a pas été inutile, même si le président du conseil consultatif de la PME/PMI s’est dit quelque peu dubitatif, estimant que les opérateurs qui investissent dans le Sud doivent s’y installer ne pouvant léguer leur projet à autrui.
M. Ziani, lui, compte investir dans les parfumes. Le patron d’Arômes d’Algérie voit grand. Il souhaiterait s’engager dans la distillerie en se rabattant sue l’exportation. « Mon investissement sera mobile » nous précise-t-il. Lui qui n’a eu de cesse, de « renifler » et apprécier les senteurs des plantations.
Pour sa part, le wali de Ghardaïa n’a pas caché sa satisfaction. Il fera d’ailleurs distribuer des fiches techniques aux opérateurs et s’engagera à ce que le Calpiref examine les dossiers dans un laps de temps extrêmement court, le but étant de voir les investissements se concrétiser.
En tout cas, beaucoup se réaliseront en septembre prochain. Un exemple à suivre pour les autres organisations patronales. Signalons enfin que selon M. Ziani qui est préqsident de la fédération agroalimentaire de la Cipa, qu’une journée d’information est en principe prévue pour le 25 juin prochain. Elle sera essentiellement destinée aux jeunes dans le cadre des dispositifs de l’Ansej et de la CNAC.
De notre envoyée spéciale à El Ménéa : Faouzia Ababsa