La caravane de la protection civile à In Guezam Des médecins à 2400 km d’Alger

La caravane de la protection civile à In Guezam Des médecins à 2400 km d’Alger
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De notre envoyé spécial Sid Ahmed Merabet Lala Fatma, à peine 24 ans, le petit Mohamed blotti dans son bras droit et tenant dans l’autre main une boîte d’Efferalgan et un antibiotique, ne cache pas son soulagement d’avoir réussi la prouesse de se frayer un précieux chemin au milieu de dizaines de femmes et d’hommes attendront avec leurs progénitures à la porte de la polyclinique d’In Guezam.

Son enfant de 2 ans, qui souffrait depuis trois jours d’une angine couplée de fièvre et de maux de tête, a pu être examiné par les médecins urgentistes de la caravane de la protection civile algérienne initiée par le DG le colonel Mustpaha El Habiri, lesquels ont provoqué une véritable onde de choc dans cette ville d’extrême Sud du pays, distante de 420 km du chef-lieu de la wilaya de Tamanrasset et de quelque… 2.400 km de la capitale.

La seule structure de santé de cette ville frontalière avec le Niger est en effet submergée par la population locale en cette chaude matinée de 24 décembre, alors que les pendules d’une ancienne horloge, accrochée sur le mur d’un local de vente de produits d’artisanat, mitoyen de cet établissement de santé, indiquaient pile 10 h (ou 22 h). Les gens affluent des quatre coins du… désert dans l’espoir de se faire examiner par les médecins de la caravane de la protection civile qui poursuit sa mission humanitaire dans les régions enclavées de la wilaya de Tamanrasset.

« Il faut faire passer le maximum de gens, notamment les enfants », lance le Dr Bouzid Louiza (PC d’Aïn-Temouchent) en médecin avisé par ce genre d’intervention dans la mesure où, tout comme d’ailleurs le Docteur Mamouri (PC d’Annaba), elle a déjà eu une expérience similaire à celle-ci, effectuée en juillet dernier à Adrar. Ce qui n’est pas le cas des autres médecins, comme son amie, le Dr Chouri Ouardia de la direction générale de la protection civile (DGPC), qui ne quitte pas des yeux la foule, ou encore le jeune Haddad (PC d’El Hamiz, Alger) qui découvre la dureté de la vie de l’extrême Sud algérien. « Notre mission est de servir ceux qui ont besoin d’aide et d’assistance », avance-t-il, entre deux consultations médicales effectuées dans une salle aménagée pour la circonstance.

Pendant ce temps, le nombre de malades s’accroît de plus en plus, on a dû poster un agent à l’entrée de la polyclinique pour mettre un peu d’ordre dans le flux important de citoyens d’In Guezam. « Les citoyens se sont donné le mot, pas besoin de téléphone, pour converger vers la clinique de la ville, d’autant plus qu’ils ont appris que les médicaments sont distribués gratuitement », nous affirme le très jeune directeur de l’établissement public de santé de proximité d’In Guezam qui n’arrive pas à répondre, semble-t-il, à la forte demande de la population en matière de prise en charge médicale dans la mesure où il ne fonctionne qu’avec 4 médecins généralistes pour une population de près de 15.000 âmes. « Le déficit du personnel médical et paramédical demeure criant », regrette Laceb Salah qui fait office également de médecin dans cette structure sanitaire.

Arrivés à In Guezam, la veille en début d’après-midi et sous une chaleur accablante (34°), les médecins de la caravane, assistés de cinq officiers préventionnistes, de la protection civile ont pu effectuer en deux jours plus de 220 consultations médicales et réussir même à sauver des vies humaines, à l’image du petit Aïssa qui a été admis dans un état critique. « Il souffre d’une gastro-entérite et il est fortement déshydraté. On l’a mis sous perfusion, mais il doit être évacué en urgence vers l’hôpital de Tamanrasset », tranche le Dr Atik Sekoura (PC de Tipasa). A quelques mètres, la salle de pharmacie est tenue par le Dr Mazrag (PC de Bouira) qui se charge de la distribution des médicaments aux patients qui ont été consultés. « Apparemment, le stock ne tiendra pas longtemps », constatera-t-il en présence du Dr Bougueffa de l’unité Khelifi (port d’Alger). Chose qui se confirmera un peu plus tard au grand dam de la population d’In Guezam qui espérait profiter de l’opportunité de la présence de la caravane de la protection civile pour se faire soigner, même si les quatre médecins de l’EPSP de la ville font de leur mieux.

En parallèle à cette action effectuée dans la polyclinique, des dons sous forme de denrées alimentaires (semoule, pâtes, sucre…) ont été distribués à une vingtaine de familles démunies, notamment celles qui ont à charge des personnes handicapées, ce qui a mis un peu de sourire dans le visage de ces citoyens qui vivent dans des conditions très difficiles.

Alors, merci à qui ? Merci à la protection civile, lit-on dans les yeux des gens d’In Guezam…

S. A. M.