La capitale durant les deux jours de l’Aïd, Alger, ville fermée

La capitale durant les deux jours de l’Aïd, Alger, ville fermée
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Les fêtes de l’Aïd se succèdent et se ressemblent. Chaque année, c’est le même scénario. Les mises en garde du ministère du Commerce n’ont pas, comme à l’accoutumée, donné les effets escomptés.

 Chaque année, le citoyen a droit à une liste de commerçants, établie par le ministère du Commerce, et qui doivent assurer la permanence les jours de l’Aïd. Sur le terrain, jamais les consignes du ministère du Commerce n’ont été respectées par le commerçant. Le constat est édifiant.Nombre de commerces sont restés fermés hier, au deuxième jour de l’Aïd el-Fitr et des queues se formaient devant les boulangeries dans plusieurs communes de la wilaya d’Alger, malgré les mesures prises par la direction du commerce pour assurer la permanence, durant les deux jours de l’Aïd.

Dans les communes de Bir-Khadem, Bir- Mourad-Raïs, El-Madania et Hussein-Dey, un grand nombre de commerces ont baissé rideau devant les citoyens qui se trouvaient contraints de se déplacer dans les différents quartiers et communes voisines pour s’approvisionner chez les commerçants ayant respecté le planning de permanence, a-ton constaté lors d’une tournée dans ces communes.

Des queues se sont formées devant les quelques boulangeries ouvertes, à l’instar de la boulangerie de l’avenue principale de Bir-Mourad-Raïs, situation inhabituelle qui suscite le mécontentement des citoyens qui ne conçoivent pas de voir les locaux commerciaux fermés. « J’ai du attendre plus d’une heure devant cette boulangerie car elle est la seule ouverte en ce deuxième jour de l’Aïd », a dit Rabie, avant d’ajouter, « j’aurais dû acheter, la veille, une grande quantité de pain comme beaucoup l’ont fait.

C’est ce que je ferai le prochain Aïd pour m’éviter cette souffrance ». Dans la commune d’El-Madania, la majorité des commerces d’alimentation générale sont restés fermés alors que les cafés ont rouvert au grand bonheur des citoyens heureux de siroter une bonne tasse de café, le matin, après un mois de jeûne.

Même constat à Hussein-Dey, où les magasins, les boulangers et même les pharmacies sont demeurés fermés. Pour Mme Ouardia, qui se rendait à la station de tramway, cela était prévisible car la majorité des personnes qui travaillent dans ces commerces n’habitent pas Alger et partent fêter l’Aïd avec leur famille. Les commerces et les différentes structures de service privés devront reprendre leur activité à partir de ce soir. L’Aïd el-Fitr ayant coïncidé cette année avec le week- end.

H. N. A.

SELON LE MINISTÈRE DU COMMERCE : «Le programme de permanence des commerçants quasiment respecté»

La quasi totalité des commerçants réquisitionnés pour assurer un approvisionnement régulier en produits alimentaires et services de large consommation, durant les deux jours de l’Aïd el-Fitr, ont respecté le programme de permanence, a indiqué, hier, à l’APS, le ministère du Commerce. Plus précisément, 99,61% des 27 114 commerçants mobilisés ont respecté la permanence durant les deux jours de l’Aïd, selon la même source. Il s’agit de 4 506 boulangers, de 15 791 commerçants activant dans l’alimentation générale et les fruits et légumes, de 6 417 opérateurs dans des activités diverses.

En outre, 400 unités de production, dont 133 laiteries, 235 minoteries et 32 unités d’eau minérale ont également été concernées par ce programme de permanence. En plus, 2 010 agents de contrôle ont été mobilisés pour assurer le suivi de la mise en oeuvre du programme des permanences, devenues obligatoire, depuis 2013. La loi relative aux conditions d’exercice des activités commerciales prévoit la fermeture des locaux commerciaux pour une durée d’un mois, assortie d’une amende allant de 30 000 à 200 000 DA contre les contrevenants.

R.N.

PERMANENCE DURANT L’AÏD: Un slogan «creux», selon la LADDH

Contrairement au ministère du Commerce qui estime que le programme des permanences des commerçants a été «quasiment respecté », la LADDH fait tout un autre constat, considérant ce programme établi par les pouvoirs publics n’est qu’un slogan «creux». La Ligue algérienne pour la Défense des droits de l’Homme (LADDH) a rendu public, hier, un communiqué, dont lequel, elle relève un «non-respect» des permanences de l’Aïd et du service minimum, assurées notamment chaque fête de l’Aïd.

Ainsi, durant les deux jours de cette fête religieuse nationale, les citoyens ont fait face à une véritable crise de transport et des produits alimentaires, a précisé la LADDH. Pour illustrer cet état de fait, elle a cité quelques wilayas du centre du pays qui ont vécu cette situation, caractérisée par l’absence des transporteurs privés, et la fermeture des magasins et autres commerces de produits de première nécessité.

Même si, une fois n’est pas coutume, à la capitale Alger, il y’a eu ouverture de quelques boulangeries et alimentations générales, contrairement à l’année précédente, a constaté la LADDH. Cette situation a prévalu essentiellement au Centre, mais également à l’Ouest du pays, selon la même source. À Oran, les habitants ont été obligés à se démêler comme ils peuvent afin de chercher du pain et du lait loin de leurs domiciles, ajoute le document de la LADDH, qui précise que certains parmi eux ont acheté du pain chez les vendeurs de fortune qui exposent leur marchandise sur des trottoirs.

La LADDH a indiqué que les produits alimentaires se sont écoulés tôt la matinée, ce qui explique selon elle, la fermeture des commerçants retenus, pourtant, pour assurer un service minimum durant la fête de l’Aïd, afin de permettre aux citoyens de s’approvisionner en matière de marchandises, quand bien même indispensables et vitales. Une situation de pénurie qui a substitué la «joie de la fête de l’Aïd» par le «ressentiment du au manque», estime la même Ligue.

À ce titre, elle a considéré que les promesses du ministre du Commerce n’ont pas été tenues. Elle a rappelé les déclarations d’Amara Benyounès, ayant rassuré sur « le système d’alternance des commerces et la mobilisation de six milles agents à l’effet de veiller à l’application de ces mesures, qui s’avèrent n’être qu’un «slogan», selon le même document. Devant cette crise, la LADDH déplore que la situation sévisse chaque année durant les fêtes nationales et religieuses, si encore elle ne s’empire davantage avec le manque du transport.

Ainsi, à Chlef, Oran, Béchar, Ouargla…etc., les stations de bus étaient désertées par les opérateurs privés, privant des milliers de familles de déplacements inter-wilayas, expliquent le document. Contrairement donc à ce qui était perçu comme des «menaces de sanction» du ministre, la LADDH estime, elle, que les commerçants ont imposé leur diktat en faisant fi aux dispositions réglementaires des pouvoirs publics.

Cette organisation cite les wilayas de Chlef, Médéa, Annaba, Constantine, Khenchela, Oran etc., ayant notamment enregistré le phénomène «baisse-rideau» qui hante l’esprit du citoyen, durant cette période, de surcroit, de la «grande bouffe». En considérant que la situation observée cette année est en recul par rapport à 2014, la Ligue que dirige Houari Kaddour, estime que les engagements du ministre du Commerce «sont tombés dans l’eau».