Ce soir, le rideau tombera sur la Coupe d’Afrique des nations en Guinée équatoriale. Ce pays de moins d’un million d’habitants et aux capacités infrastructurelles très limitées aura réussi, certes, le pari d’organiser la CAN alors qu’il y a à peine deux mois, il n’était même pas qualifié à la phase finale (il avait été disqualifié par la CAF dès les premiers tours des éliminatoires pour avoir fait jouer un joueur non qualifié).
Le désistement du Maroc, officiellement lié à l’épidémie d’Ebola, donne l’occasion aux dirigeants guinéens de s’offrir un sésame, pas du tout gratuit, pour le rendez-vous du gotha africain. La Guinée équatoriale propose donc ses services à la CAF, laquelle ravie de l’aubaine saisit l’occasion au vol en l’absence de pays hôte. Le pays se retrouve du coup lancé dans une véritable course contre le montre pour préparer la CAN.
Le 17 janvier, jour du coup d’envoi de la CAN, tout est OK, enfin presque. La cérémonie d’ouverture est symbolique pour ne pas dire bâclée mais l’engouement populaire pour les matches est impressionnant. Presque toutes les rencontres se déroulent devant des tribunes bien garnies.
C’est le point positif de la CAN 2015. Ce n’était vraiment pas évident dans un pays rongé par la pauvreté malgré un pouvoir dictatorial riche et des puits de pétrole intarissables, où passion ne rime pas tout à fait avec football. Cependant, dès le coup d’envoi de la CAN, les premiers couacs apparaissent. Problèmes d’hébergement avec des équipes ne trouvant pas le nombre de chambres suffisant pour loger leurs délégations, des terrains d’entraînement désuets et surtout des pelouses impraticables à l’image de celle de Mongomo et Ebebiyin. Elles seront désertées en quarts de finale pour celles de Malabo et Bata, de bien meilleure qualité. Autre handicap en Guinée équatoriale, il fait très chaud, trop chaud même, une chaleur et surtout une humidité suffocantes qui ont eu raison du niveau technique des rencontres.
Les Européens qui disent non déjà à un Mondial en été au Qatar en 2022, en diront sans doute autant si la Guinée équatoriale venait à décrocher un Mondial en… janvier. La CAF devrait du reste lancer un débat sur ces Coupes d’Afrique fournaises où personne ne trouve son compte si ce n’est la CAF. La CAF doit d’ailleurs une fière chandelle à la Coupe d’Afrique pour l’avoir tirée du pétrin et sauvé des millions d’euros de contrats télévisuels et publicitaires qui allaient partir tout simplement en fumée.
La Guinée équatoriale a donc fait l’essentiel, la CAN 2015 a bel et bien eu lieu dans les délais mais les insuffisances en tout genre ont terni son image et ce n’est la polémique de l’arbitre anti-tunisien, le Mauricien Seechurn Rajindrapasar, et les scènes de chaos de la demi-finale entre la Guinée et le Ghana qui vont redorer le blason de la CAF !
S.L