Un large fossé sépare le citoyen des partis politiques
Avec des slogans incolores et inodores, les partis sont allés à la conquête des électeurs en sillonnant les différentes wilayas du pays.
La campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre prochain boucle aujourd’hui sa deuxième semaine, sans grand bruit.
La majorité des 52 partis politiques participant à ces échéances, à quelques exceptions près, ont constaté le fossé qui les sépare des citoyens; la désaffection populaire étant importante.
Avec des slogans de campagne éculés, incolores et inodores et sans aucune innovation, ils sont partis à la conquête des électeurs désabusés en sillonnant les différentes wilayas du pays.
Durant ces quinze jours de campagne, la majorité des partis s’est distinguée par le choix de la facilité en optant pour les meetings dans des salles fermées, évitant de fait le travail de proximité qui devait être la priorité, s’agissant des élections locales.
L’un des rares partis qui a opté pour les sorties de proximité est le RCD qui a, pour la seule wilaya d’Alger, parcouru plus de 20 communes en nouant le contact direct avec les citoyens.
Le discours, qui ne cadre pas avec les prérogatives des élus locaux et développé par certains partis est une autre tare qui a marqué ces deux semaines de campagne.
L’absence de débats sur le développement local, la démocratie participative, la gouvernance locale et la gestion des affaires de la cité ont caractérisé cette campagne électorale aux relents moroses.
Pis encore, certains chefs de parti sont allés jusqu’à discourir sur des menaces étrangères pour faire élire des élus locaux dont la mission n’a rien à voir avec les missions qu’implique un mandat national, alors que les vrais débats, comme celui de la révision de la Constitution, le nombre de mandats présidentiels…, ont été occultés.
L’un des épisodes qui ont marqué cette campagne est sans conteste celui des déclarations du secrétaire général du FLN dans lesquelles il s’approprie les symboles de l’Etat et s’attribue la paternité de l’hymne national allant jusqu’à citer des couplets de Qassaman.
Ces déclarations ont valu à M.Belkhadem des dénonciations de la part des membres de la Cnisel ainsi que de plusieurs partis politiques, à commencer par son allié au gouvernement et au Parlement, le RND.
Le secrétaire général de ce parti, Ahmed Ouyahia, a indiqué, avant-hier dans la wilaya de Bouira, que personne n’est l’héritier exclusif de la Révolution.
Fiasco de la Cnisel
Si les bilans des partis politiques diffèrent d’une formation à une autre, celui de la Commission nationale indépendante pour la surveillance des élections locales (Cnisel) est négatif.
«Le travail de la Cnisel est un fiasco», a indiqué un membre de la Commission qui a requis l’anonymat, avant de s’interroger: «Que va-t-elle contrôler, maintenant que tout le processus lui a échappé?»
«On sent qu’il n’y a pas un climat de travail serein», a précisé notre source qui fait état d’échanges épistolaires avec l’administration.
Notre interlocuteur déplore le manque de collaboration entre la commission et l’administration, estimant qu’il n’y a pas de «volonté de régler les problèmes de part et d’autre».
Notre source aggrave le constat en ajoutant que les «gens ne comprennent rien au fonctionnement de la commission». De ce fait, le travail des commissions communale et de wilaya est piégé. «Faute d’orientation de la Commission nationale, les commissions locales sont abandonnées et elles sont en position de faiblesse et c’est difficile dans ce climat qu’elles assument leur mission», a ajouté notre source.
Autre grief fait à la commission présidée par M.Mohamed Sedikki, la défaillance en matière de communication et le fait de s’attarder sur des détails qui ne cadrent pas avec sa mission politique de surveillance des élections. Notre source signale également certains dépassements enregistrés durant la campagne électorale par les candidats. Il cite l’utilisation des symboles de l’Etat, l’affichage sauvage, les candidats poursuivis en justice, etc. Le cas de l’utilisation de la mémoire révolutionnaire par le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, est le plus dénoncé par les partis en lice.