Image © Keystone Un carabinier italien, venu en renfort à Rosarno, patrouillait hier devant une voiture incendiée à la suite des émeutes entre immigrés et policiers.
Tout semblait s’être apaisé hier soir dans la petite ville de Rosarno après des violences contre des immigrés, qui ont fait 67 blessés dans cette localité calabraise du sud de l’Italie.
La police a débarqué en force et des centaines d’étrangers ont été évacués dans des centres d’accueil Hier soir, le calme est revenu à Rosarno après des violences, notamment une «chasse à l’homme» contre des immigrés, qui ont fait 67 blessés dans cette localité de Calabre, dans le sud de l’Italie. Des renforts de police ont été dépêchés et des centaines d’étrangers évacués.
Après des manifestations d’immigrés qui s’étaient transformées en affrontements avec la police jeudi à Rosarno, des étrangers ont été véritablement pris pour cible à Rosarno vendredi. Les manifestations, regroupant des centaines d’immigrés agricoles pour la plupart en situation irrégulière, avaient pour but de protester contre l’agression de plusieurs de leurs camarades. Mais cela a dégénéré et une partie de la population s’en est prise à ces manifestants de manière très violente. Des voitures ont été brûlées et des vitrines brisées. Cinq immigrés ont été renversés par des voitures. Deux autres ont été grièvement blessés à coups de barres de fer et enfin deux étrangers ont été blessés.
Immigrés évacués d’urgence
Pour tenter de résoudre la crise, le gouvernement a fait évacuer les étrangers. Les premiers départs d’immigrés de Rosarno, une ville de 15 000 habitants, ont permis de ramener le calme et certaines barricades installées par la population locale ont été levées. L’occupation de la mairie par des habitants a pris fin et les magasins ont ouvert hier dans la matinée.
Quelque 320 immigrés ont été transférés dans la nuit de vendredi à samedi vers un centre d’accueil à Crotone, à 170 km de Rosarno, et l’évacuation de 300 autres était en préparation hier, tandis qu’une centaine d’étrangers sont partis par leurs propres moyens.
Police en force
Pour faire face à ces tensions, le chef de la police italienne Antonio Manganelli avait annoncé dès vendredi soir l’envoi sur place d’un «important contingent de policiers». «Envoyer plus de 200 hommes en renfort aux policiers et carabiniers qui quadrillent Rosarno depuis deux jours a un double objectif: renforcer le contrôle du territoire et préparer la possible évacuation des immigrés», écrit le journal «Corriere della Sera». Selon le quotidien, 48 heures seront nécessaires pour transférer les immigrés, pour la plupart clandestins, vers des centres d’accueil.
Celui de Crotone, qui a déjà accueilli près de 300 personnes, a une capacité supplémentaire d’environ 450 places. Deux autres centres dans les Pouilles, à Brindisi et à Bari, pourraient héberger environ 800 immigrés.
La mafia montrée du doigt
Les immigrés ont reçu le soutien de Roberto Saviano, l’écrivain anti-Camorra auteur du célèbre livre «Gomorra», porté au cinéma en 2008: «Les immigrés ont été les seuls ces dernières années à s’élever contre le pouvoir de la mafia. Bien sur les méthodes utilisées peuvent être critiquées, notamment le fait de brûler des voitures ou de se battre car ce n’est pas une solution, mais il faut regarder au delà. Parce que dire non dans ces régions, c’est vraiment dangereux», a commenté l’écrivain. «Je suis disposé à croire que les futures générations d’Italiens avec des parents et des grands-parents africains réussiront à rompre cette loi de l’omertà et de soumission aux organisations criminelles».