Beaucoup d’encre et de salive ont coulé et il faudra sans doute attendre longtemps pour comprendre (peut-être jamais) ce qui a présidé au choix de la Confédération africaine de football (CAF), un certain 20 septembre 2014 (c’était au temps de l’empereur Hayatou désormais aux oubliettes, pour ne pas dire les poubelles de l’histoire), au regard de l’organisation des prochaines CAN, la désignation du Cameroun, la Côte d’Ivoire et la Guinée pour accueillir, respectivement, les éditions de 2019, 2021 et 2023 de sa compétition-phare. Une grosse surprise à plusieurs égards. L’Algérie, grandissime favorite et disposant de plusieurs longueurs d’avance sur ses rivaux grâce à ses infrastructures et à ses moyens financiers, était recalée. Sèchement. à l’arrivée d’un scrutin qui fera date, nombre d’analystes oseront quelques pistes quant à ce «impair» de ne pas retenir l’Algérie: une tactique, tout simplement, de la CAF, pour palier, en ce temps-là, à un sérieux problème : Le désistement, pour des raisons de sécurité, de la Lybie dans l’organisation de l’édition de 2017. La suite, tout le monde la connaît au moment où l’histoire semble à nouveau bégayer avec ce petit «os» à se mettre sous la dent et qui s’appelle CHAN. On connaît la chanson. Merci qui ?
Faute de … grives
Une «bonne nouvelle» pour notre pays qui n’a pas organisé de compétition «sénior» depuis la CAN 1990, soit près de quatre longues décennies (38 ans au moment où l’on rédige ces quelques lignes, 42 ans lorsqu’elle aura l’insigne «honneur» d’accueillir sur ses terres la crème du jeu à onze continental local) et ce fameux et seul, unique titre remporté par les «Verts» devant le Nigéria dans un stade du «5-juillet» transformé en volcan après la réalisation d’un certain Oudjani dans un match fermé pourtant à double tour ? Beaucoup ont toutefois aisément franchi le pas en parlant de 1er victoire de Zetchi. Vrai ou faux, la question ne s’impose pas ou plus du moment, et on verra pourquoi (entre autres le nom de l’éventuel successeur du Cameroun à l’organisation de la CAN, la vraie, avec toutes les stars disséminées un peu partout dans le monde et qui font le bonheur des plus prestigieuses écuries d’Europe et d’ailleurs) 2019, que l’instance suprême en charge de la gestion du ballon rond africain, continue à ignorer superbement à l’heure des grandes décisions concernant l’avenir de la discipline après avoir été (sans retour bien sûr) l’un de ses incontournables fers de lance.
Une 1ère bataille de «gagnée» donc pour la Faf, dans sa version «zetchienne» ? Oui et non. Oui parce que cette compétition réservée exclusivement aux joueurs du cru peut constituer un joli tremplin dans l’éventualité d’une nouvelle candidature de l’Algérie espérer revoir, enfin, la messe du football continental (ce ne sera pas avant l’édition 2025, après que la Côte d’Ivoire 2021 et Guinée 2023 auront constitué, l’espace d’un tournoi sans pareil, l’heureux évènement … et ça fera déjà un bail pour un pays qui possède les moyens de sa politique alors le public national, déçu au plus haut point, perd patience) refaire le détour de terres des plus hospitalières, mais que l’auguste Confédération, pour des raisons obscures, feint d’en ignorer les immenses atouts au moment où, par exemple, un pays comme le Cameroun, en proie à d’inextricables problèmes, défraie la chronique en s’apprêtant à jeter l’éponge. Du moins à se voir retirer l’organisation du rendez-vous de 2019 prévu dans un peu moins d’une année (8 petits mois exactement, les dates du tournoi ayant été officiellement arrêtées pour la période du 15 juin au 13 juillet 2019, une première après s’être de tout temps déroulée en hiver pour des considérations d’ordre climatiques) pour n’avoir pas répondu au cahier de charges.
Menu fretin
Si l’incertitude plane donc encore sur le nom du pays hôte de cette édition à controverses et sur lequel le suspense demeure entier, et si l’on sait aussi que, pour la première fois également, 24 sélections y prendront part au lieu de 16 précédemment, l’«information» de cette rentrée footballistique en Afrique (on peut d’ores et déjà affirmer avec certitude que l’habituelle mission d’inspection attendue en Algérie pour confirmation, devrait tourner à la simple formalité, Alger ayant, avec les nouvelles installations en passe d’être réceptionnées, à l’image des stades de Baraki, Tizi-Ouzou et Oran, en plus de ceux déjà existants à l’instar des bijoux du «5-Juillet» et de Annaba, voire Hamlaoui de Constantine) reste indubitablement ce petit «cadeau», une sorte de fleur concédée (c’est le mot le plus juste) sous la forme d’une antichambre (le CHAN) en guise de porte ouverte, une sorte de fenêtre déblayant la voie de la CAN au plus tard dans trois éditions.
Du menu fretin (vraiment) après les défaites cinglantes, des gifles mêmes qui verront, par exemple, la Côte d’Ivoire et la Guinée l’emporter dans de drôles de matches à l’issue connue à l’avance, le dossier algérien, pourtant bien ficelé, se montrant (du point de vue de la CAF et de ses décideurs) dans l’incapacité de réunir les suffrages avant d’être sèchement recalé. Un «revers» que l’opinion nationale n’oubliera pas de sitôt bien sûr. L’Algérie tient enfin (la CAF l’a officialisé lors de la réunion de son comité exécutif tenu la semaine dernière à Sharm El Sheikh, en égypte) un tournoi «majeur» et doit se préparer, dès maintenant, à honorer ses engagements non seulement pour inscrire à son palmarès une 1ère étoile chez les «locaux» et réussir le pari (gagné à l’avance sûrement) de succéder avec brio à l’Ethiopie (2020), comme l’a fait le Maroc qui réalisera un joli coup double en 2018 en s’en sortant avec une mention très bien de l’avis des observateurs. Un pari qui veut dire, on n’en doute pas, l’ouverture sur un rêve vieux de quarante ans : celui de servir, à nouveau, de chapiteau pour la fête biennale du football africain.
Un rêve, et pour bien des motifs, qui n’écarte pas de nouvelles désillusions, la route étant semée d’embuches et de non-dits, la CAF nous ayant habitués aux mauvaises surprises et autres sanctions (qui a dit votes ?) tout aussi douteuses. Des incertitudes toujours. Pas seulement au sujet de la décision finale qu’aura à prendre, en novembre prochain, la CAF au sujet des capacités du Cameroun à abriter le prochain tournoi et des pays les mieux placés (l’Algérie ne figure pas, allez savoir pourquoi et c’est le président lui-même, le Malgache Ahmed Ahmed, qui le suggère, dans la liste des possibles pistes en mesure de répondre présent dans l’urgence) mais également d’un retour de l‘Algérie dans les bonnes grâces d’une Confédération appréciant décidément le deux poids- deux mesures et qui ne semble pas entrer dans les plans pour 2019, les choix étant limités, mais faits à l’avance.
Ahmed a dit
Alors qu’une commission était en train d’éplucher justement au Caire le rapport d’audit sur l’avancement des travaux au pays de Samuel Eto’o et dans une interview accordée à la revue «Le Monde Afrique», Ahmed balayait les ultimes doutes sur la question en écartant d’un revers de la main toute possibilité de voir ainsi l’Algérie prendre le témoin et revenir sur scène bien avant l’échéance de 2025. Le N°1 de la CAF, qui souligne avec insistance que «nous ne sommes plus dans un système de gouvernance dictatorial, où toutes les décisions étaient prises par une personne (…) à la CAF, il y a des compétences, des experts(…) Les décisions sont prises de façon collégiale» ne s’est pas (sans s’en rendre compte ?) empêché de donner un scoop qui aurait échappé à bien des analystes avec des propos ne laissant aucune place à d’autres lectures quand, et à une question lancinante sur les recours éventuels, il répondra sans détour (à tout un chacun de tirer les conclusions qu’il faut, ou la conclusion, car il n’y en a qu’une dans le sujet qui nous concerne, c’est-à-dire les chances algériennes, désormais réduites à néant) et sans trop réfléchir et sans exclure (décidément !) la piste marocaine: « Pourquoi ne parle-t-on pas de l’Afrique du Sud ou de l’égypte ? Ces pays disposent pourtant de toutes les conditions pour un tel événement.»
Plus clair, plus net et plus précis, on ne pouvait trouver pire. à la limite, on dira merci à la CAF et direction ou sa gouvernance «collégiale» d’avoir bien voulu tourner aussi facilement la page pour l’Algérie et de remiser, sans pendre de gants, bien des rêves au placard. Un rêve qui risque de perdurer. D’aller bien plus que cette CAN 2025 (la seule qui reste dans les cordes) qu’il faudra ficeler dès à présent dans les moindres détails avant de revenir sur la table des négociations et une candidature où les arguments (le lobbying est un terme disparu de notre dictionnaire et que nos responsables devraient se faire fort de réhabiliter dans notre langage courant) techniques ne devraient à nouveau pas suffire pour … séduire. En attendant, on peut, et on doit, largement se suffire de ce «cadeau» et se convaincre (sans rien espérer) du poids de notre football dans l’échiquier continental. En net recul. Loin, bien loin des attentes. Quand les dès sont pipés, les jeux faits, le suspense absent…
Azzouaou Aghilas