Après des débuts poussifs, la Bourse de Paris a terminé la semaine du 27 au 30 avril dans le vert, pour la septième fois depuis le début de l’année. L’indice CAC 40 a progressé de 1,84 % en quatre séances, les Bourses étant fermées vendredi 1er mai en raison de la Fête du travail. Depuis son point bas du 9 mars, à 2 512 points, le marché parisien a repris 25,4 %. Les autres places européennes étaient aussi bien orientées : Londres a progressé de 2,10 %, Francfort de 2,04 %. A New York, le Dow Jones a gagné 1,69 %, à 8 212,41 points.
Cette solidité des marchés d’actions est d’autant plus remarquable que de mauvaises nouvelles sont tombées sur le plan macroéconomique. Au premier trimestre 2009, le PIB américain s’est contracté de 6,1 %, confirmant l’ampleur de la récession aux Etats-Unis. Cette baisse, nettement plus forte que prévu, est due à l’effondrement de l’investissement outre-Atlantique.
« Les investisseurs ont décidé d’ignorer les mauvaises nouvelles et de se focaliser sur les bonnes, commente Bernard Aybran, responsable de la multigestion chez Invesco. C’est caractéristique d’un marché haussier. Il n’y a pas si longtemps, ces nouvelles auraient été très mal accueillies. » Un sentiment partagé par Isabelle Delattre, responsable de la gestion chez Raymond James AM International : « Les chiffres sont mauvais, dit-elle, mais les investisseurs se disent que l’économie américaine a atteint un plancher et que la situation va s’améliorer. Le point positif, c’est que la consommation semble repartir aux Etats-Unis. »
Les signaux envoyés par les entreprises des deux côtés de l’Atlantique ont rassuré les marchés. A quelques exceptions près, comme ArcelorMittal ou le constructeur automobile Daimler, les résultats trimestriels publiés n’ont pas donné lieu à des déceptions majeures. Selon Bloomberg, les deux tiers des entreprises américaines entrant dans l’indice S & P 500 qui ont publié leurs bénéfices ont fait mieux que prévu.
« Il est vrai que les analystes avaient fortement revu à la baisse leurs prévisions, note Isabelle Delattre, mais ces résultats montrent que les entreprises ont été très réactives pour s’adapter à la crise. Les plans de licenciements annoncés récemment le prouvent. »
Les experts restent cependant divisés sur la possibilité d’une poursuite du rebond des actions. « Toutes les conditions sont réunies pour que le marché baissier s’achève, a déclaré Anthony Bolton, responsable des investissements chez Fidelity International, sur Bloomberg Television. Quand il existe un consensus très fort et très négatif, et que les investisseurs détiennent beaucoup de cash, comme en ce moment, il faut parier sur un retournement de tendance. »
Joseph Alfonsi, membre du comité de direction de CamGestion, ne partage pas cet optimisme : « Nous ne serons convaincus du potentiel haussier des marchés d’actions que lorsque le mouvement de révision des bénéfices des entreprises sera achevé », explique-t-il. Le fait que les investisseurs de long terme, comme les fonds de pension ou les caisses de retraite, restent à l’écart des actions, laisse planer des incertitudes.
Dans ce contexte tendu, les opérateurs attendent avec impatience le résultat des « stress tests », qui devait être publié lundi 4 mai aux Etats-Unis. Ces tests visent à évaluer la solidité des banques américaines. Selon le Wall Street Journal, Citigroup et Bank of America pourraient avoir besoin de renforcer leurs capitaux. Ces rumeurs inquiétantes n’ont pas empêché le secteur de poursuivre son rebond. BNP Paribas, qui a réussi à s’emparer de Fortis, s’est apprécié de 4,8 %. Le départ de Daniel Bouton de la présidence de la Société générale a été salué par une hausse de 2,1 % du titre.
La propagation du virus de la grippe « mexicaine » a dopé les actions des fabricants de vaccins. Le titre Sanofi-Aventis, leader mondial du secteur, a bondi de 7,5 %, tandis que Novartis a gagné 2,2 % et GlaxoSmithKline 4,3 %. Le suisse Roche, qui fabrique le vaccin Tamiflu, a gagné 6,3 % à Zurich. A noter l’envolée de Sperian, le spécialiste des masques de protection (+ 36,3 %).
L’épidémie a, en revanche, pesé sur les valeurs du transport et du tourisme. Air France a cédé 5,6 %, Accor s’est tassé de 1,4 %. Dopé par les rumeurs d’une entrée de Bernard Tapie dans son capital, Club Med a fait exception, progressant de 1,7 % sur la semaine.