Si les fréquentes opérations ciblant l’éradication du commerce illicite, ont en majorité porté leurs fruits, pourquoi celles devant viser le piratage des réseaux d’électricité qui fait ravage dans la quasi-totalité des localités de la wilaya, n’est-elle pas encore engagée ?
C’EST POUR RÉPONDRE À CETTE LANCINANTE QUESTION QUE LES POUVOIRS
publics et plus particulièrement la SDO, sont interpellés pour trouver une solution radicale à même de mettre fin à ce fléau, d’une part et de sécuriser le réseau et préserver le patrimoine de cette entreprise, d’autre part.
La persistance de ce phénomène qui a pris, dans le sillage de l’accroissement urbanistique sauvage de nombre de localités, une proportion alarmante, est à l’origine de nombreux accidents d’origine électrique, souvent mortels.
Le casse-tête des compteurs collectifs, les mauvais branchements, les multiples toiles d’araignées de fils non isolés et les piratages des réseaux d’électricité et même de ceux du gaz de ville, demeurent les principales causes des accidents domestiques, des coupures d’électricité, aussi intempestives que récurrentes, du manque à gagner pour la Sonelgaz et de l’inesthétique du tissu urbain.
Cet état de fait dont le premier perdant est la Société de distribution de l’Ouest, l’opérateur chargé de la gestion du réseau électrique, nous renseigne à quel point il existe une totale absence d’une prise de conscience chez les consommateurs des énergies d’électricité ou de gaz de ville, qui sont souvent dans l’incapacité de réaliser qu’un simple geste banal de tâtonnement ou une intervention mal exécutée, peut mener à l’irréparable et parfois, endeuiller de nombreuses familles.
Par ailleurs, en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisation et des différents spots télévisuels d’utilité publique, menés tambour battant par les secteurs concernés sur les différents accidents domestiques liés aux risques de produits énergétiques, le taux des incidents demeure malheureusement toujours en hausse.
Selon des statistiques relevées par des observateurs bien au fait du dossier, l’origine de ces défaillances, parfois meurtrières, revient, en grande majorité, à l’assemblage des compteurs collectifs qui provoquent souvent des courts-circuits dévastateurs, au mauvais branchement, généralement illicite, ou au piratage des réseaux d’électricité ou de gaz de ville.
Malgré les multiples initiatives entreprises pour éveiller la conscience des utilisateurs sur le respect des normes de sécurité et les nombreux accidents domestiques, parfois mortels, qui ont ravagé des habitations et qui doivent être pris comme exemple, les dérapages et l’anarchie continuent de sévir et sont toujours légende.
LE PHÉNOMÈNE PRÉSENT MÊME DANS LES QUARTIERS «CHICS »
Ces phénomènes illégaux proviennent, en général, des différentes installations non conformes réalisées au niveau des domiciles, notamment les haouchs situés dans les divers quartiers populaires, les nouveaux ensembles d’habitation nés à la périphérie des agglomérations urbaines ou des villas érigées par des sommes astronomiques mais dont les propriétaires gardent toujours ce réflexe de puiser dans le bien public. En l’absence de contrôle et de mesures coercitives, l’hécatombe reste toujours en vigueur et de mise.
Ce phénomène est également remarqué dans de grandes proportions, au niveau des habitats précaires ou des multiples bidonvilles qui ceinturent les différentes localités urbaines, par où est constaté les divers branchements anarchiques en électricité et les audacieux raccords au réseau de gaz de ville, qui bravent tout danger, sont devenus, par la force des choses, une situation normale.
Ainsi, selon une source responsable au niveau de la Sonelgaz, plus de 90% des victimes de ce laisser-aller en installation de produits énergétiques, sont des femmes et des enfants qui, continuellement, sont confrontés à ce magma de fils conducteurs, parfois non isolés et subissent naturellement les aléas de l’inconscience et de la bêtise des autres.
UN GRAND PERDANT, LA SDO
Notre interlocuteur fera part également, du manque à gagner causé à la Sonelgaz qui est évalué à plusieurs milliards de dinars, occasionné par ce phénomène du branchement illicite et du piratage qui dénaturent le cadre de vie des habitants de certaines localités et provoquent des perturbations dans l’alimentation des abonnés, dues à la surcharge du réseau.
Les accidents domestiques dus à ce phénomène, avec la multiplication des constructions illicites ont, paraît-il, encore une longue vie devant eux, et rien ne pourrait mettre fin à cette recrudescence sans donner un vrai coup de pied dans la fourmilière, car les campagnes de sensibilisation ont montré leurs limites, pour ce qui est des accidents domestiques liés aux sources énergétiques, ils ne seront jamais définitivement écartés comme c’était le cas au niveau de plusieurs cités d’Arzew, ou de la cité batiamate Taliane ou encore aux cités Perret et Lescure à Oran.
Enfin, certains abonnés dénoncent à juste titre, des saturations du réseau d’électricité suite aux multiples toiles d’araignées des fils électriques, parfois non isolés, suspendus au niveau des poteaux, et trafiqués pour alimenter et éclairer, nuit et jour, par des dizaines de lampes de haut voltage, les dizaines de commerces illicites qui reviennent en force pour squatter discrètement, les espaces publics.
Les opérations successives visant l’éradication du commerce informel qui empoisonnaient la vie de la population et qui portaient un coup fatal à l’image de marque de la cité, ont en majorité porté leurs fruits. Pourquoi de telles actions ne sont pas menées pour redresser la situation anarchique et désordonnée au niveau de ce secteur névralgique, s’interrogent certains citoyens.
«Si les choses ne sont prises en considération de manière ferme et rigoureuse par les pouvoirs publics et les services concernés, comme cela fut le cas pour le commerce illicite, la réalisation des centaines de transformateurs de secours installés à travers tout le pays, ne serait d’aucune utilité», renchérit un sexagénaire retraité.
D.Cherif