Après les juilletistes mieux lotis que les aoûtiens des étés précédents, voilà les septembristes qui font la saison estivale, bien en retard il est vrai, puisque pratiquement compromise cette année. Les beaux jours s’étirent à ne plus en finir. Et partout dans le pays, l’heure est encore au short – tee-shirt, au bain de mer, aux terrasses de cafés ouvertes tard dans la soirée et aux marchands de glace qui n’ont eu que les veillées de ramadhan pour écouler leurs cornets et autres bombes de crème glacée.
Septembre de toutes les rentrées, sociale et scolaire s’entend, ne veut pas lâcher du lest n’est pas celui non plus de la sortie de l’été qui a du mal à s’en aller à la saison qui est à nos portes. Plus que quelques jours pour l’arrivée de l’automne et le soleil des jours estivaux darde de sa chaleur et l’humidité, plus persistante que jamais, coller à la peau.
Une météo plus que clémente, malgré quelques orages salvateurs de pluies bien vite diluées dans cet amas de température qui ne connaît pas de dégringolades. Même de nuit où le mercure affiche plus que les normales saisonnières. Et c’est la fête des moustiques qui en nuées poursuivent leur valse nocturne. Et de nocturne, il y a ces noctambules, les plus nantis d’entre tous, dans ce bonheur de veiller au pied d’un lampadaire, qui en fumant un coup en parodiant sur les espoirs juvéniles aux milles et une escapades ; qui autour d’un baby foot dans une partie qui fait s’entendre les commentaires dans une nuit humide et silencieuse, ou qui encore en solitaire dans un remue méninges loin des ronflements familiaux qui se disputent les répliques dans l’étroitesse d’un F2 populaire et populiste…
Même la circulation routière à droit à son vrombissement nocturne et de son klaxon bien sûr, sans égard pour la nuit que la lumière lunaire rend plus attrayante. Place encore et toujours aux veillées même si demain est une autre journée de travail. Les embouteillages, ont la peau dure et les entourloupes des chauffards qu n’en cure du code de la route également. La ligne jaune vient à la rescousse des retardataires devant l’œil sévère du gendarme qui peut-être à la faveur de ce thermomètre qui chauffe en devient plus conciliant. Mais ce n’est que le début de la rentrée. On verra bien après…
FRÉNÉSIE ET BOUSCULADE
Au cours des grandes artères, la bousculade dans les fast-food où il fait bon manger à la fraîcheur des climatiseurs. On ne se plaint même pas de ces longues attentes de voir une table se libérer. Même patience dans les librairies et autres magasins d’articles scolaires dont on attend l’ouverture aux premières heures de la matinée. Parce que comme si c’était encore et toujours l’été, les propriétaires des commerces font la grâce matinée et ne lèvent que lentement les rideaux de fer dont le bruit grinçant se fait entendre d’habitude tôt le matin.
Le sommeil perturbé, c’est les yeux bouffis et le pas lent que les matinaux malgré eux tirent de leur caisses les premiers sachets dégoulinant et malodorant de lait livré à la hâte par le camion de l’Onalait, quand la rotation est assurée à temps et avec le quota voulu. Ce n’est pas toujours évident d’avoir son litre de lait plus tard, quand on veut et là où on veut. Et c’est bien entendu le boulanger qui ravit la vedette comme à l’accoutumée aux autres commerçants. Lui est au pétrin bien avant l’aube et en ces chaleurs, il ne fait pas bon vivre devant les fours.
Ceux qui n’ont pas fait leur rentrée et ont choisi de prendre leurs vacances ou leurs congés annuels de gré ou de force, mis hors calendrier et autre agenda, par l’arrivée de ramadan, ponctuent ces jours de repos, comme en été, par des déplacements au bled, arrivés à point nommé pour la cueillette de la figue mûre à souhait. C’est alors que dans le dédales des ruelles poussiéreuses des villages, il est une ambiance inaccoutumée. Même les émigrés ont regagné la terre natal ce septembre. Quant aux vacanciers, et parmi eux les nouveaux mariés ont les complexes et les hôtels touristiques rien qu’à eux. Une aubaine que ces belles journées où les rayons de soleil sont aussi dangereux qu’en plein été. Et quelle belle occasion aussi pour les prestataires de ces sites qui se voient allègrement rattraper un tant soit peu une saison désertée tout un mois si ce n’est plus. Parce que les juilletistes n’ont pas été nombreux et ne sont pas accordées tout le mois. Car la quatrième semaine, les estivants se comptaient sur les doigts d’une seule main, alors que juin s’est fait timide en affluence.
L’ASSAUT AUX PLAGES
Pour ceux qui sont restés sur place ce mois ci, il y a les plages qui ont drainé la foule dès le dernier de jour de ramadan. Mieux, il y en même qui ont bravé la chaleur du mois de jeûne, surtout pour faire profiter une progéniture pas toujours conciliante devant le refus des parents de les emmener faire trempette. Et les jours de l’aïd beaucoup ont troqué avec plaisir les visites familiales contre des journées complètes en bord de mer. Et ils étaient aussi nombreux, ceux qui ont fait tous les jours des allées et venues à la plage la quinzaine qui a précédé le retour des classes. Et les week-end qui ont suivi jusqu’à ces jours-ci, l’itinéraire est tout tracé après l’école. Dans l’Algérois, la foule des grands jours est omniprésente. D’autant que les habitants des villes côtières ont le parfum d’iode à portée des narines. Et le plongeon est vite fait. Pendant que d’autres vont lancer leur canne à pêche ou se hasarder vers le large à bord de leur petite embarcation. Les nuits sont si belles et chaudes.
Loin du flux et du reflux de la mer, mais l’humidité qui colle comme jamais avec un taux avoisinant presque les 100 %, il n’y a que les rafraîchissements qui peuvent venir à bout de cette incommodité corporelle. Entre, jus, sodas, eaux minérales, toutes marques confondues, quand le commerçant ne vous présente pas une bouteille à peine fraîche, la plupart ont appris à couper le courant de nuit, histoire d’économiser sur la facture. Et si remarque est faite, la réponse est toute trouvée : « Le réfrigérateur est tout les temps ouvert, les boissons n’ont pas le temps d’être rafraîchies. Trop de manipulation». Alors, on se rabat sur les glaces. En emportant cornets, en boîtes, en bombes, attablés à une terrasse, dégustées encore en dessert, jamais ce commerce n’a eu tant la vie longue.
AUX COULEURS ESTIVALES
Un tour ailleurs, dans les boutiques de prêt à porter, les devantures sont encore habillées estival. Ches les hommes comme chez les femmes. Même les magasins de nécessaire de plage, entre maillots de bain, shorts et bouées, flottant au vent, n’osent pas enlever leurs articles qu pendant toujours à l’extérieur de leur commerce. Le tout dans des couleurs chatoyantes. Même la literie n’a pas encore épousé les frissons automnaux. Et la musique s’y met aussi. On reste dans l’été, celui des chansons et des musiques légères. Même les programmes des nouvelles grilles des chaînes radio et de la télévision nationale, tardent à pointer de cette note de la rentrée, à peine mises en route cette semaine… Un mal fou à démarrer même de menu journalier, et alors que l’été tarde lui à s’en aller.
Ce qui ne préoccupe pas les services de nettoiement de la ville. Ces derniers n’en ont cure de l’assainissement, est-il constaté dans les quartiers d’Alger, entre levées des ordures matinales qui sont reportées à plus tard, qui se font nauséabondes et gênant circulation des piétons et des automobilistes et regard obstrués. Même les pluies qui se sont abattues sur l’algérois il y a 15 jours n’ont pas fait courir les agents, toujours, comme d’habitude pris au « dépourvu » par les premières précipitations, pourtant prévisibles à pareille époque de l’année.
Tout le monde est à l’heure de la nonchalance, avec cet été qui n’en finit pas de s’étirer …