Dans un rapport, la BM exhorte les gouvernements des pays de la région Mena à réduire leurs subventions à l’énergie afin d’installer une dynamique économique créatrice d’emplois.
L’Algérie va-t-elle revoir sa politique de subventions énergétiques? Va-t-on vers une augmentation des prix de l’essence, de l’électricité et du gaz? C’est en tout cas le voeu de la Banque mondiale. En effet, dans la dernière édition du rapport de suivi de la situation économique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Middle East and North Africa Economic Monitor) du groupe de la Banque mondiale, il est recommandé à la région en général et à l’Algérie en particulier de revoir sa politique de subvention énergétique. Ce rapport de la BM accorde une place particulière à la nature délétère des subventions énergétiques, très importantes dans la région.
«Celle-ci connaît actuellement une croissance inférieure à son niveau potentiel et doit faire face à un chômage endémique, des villes polluées et congestionnées et des pénuries d’eau qui fragilisent la production agricole», est-il noté. Le rapport montre comment les subventions à l’énergie ont entretenu ces obstacles au développement et plaide pour que la réforme de ces subventions fasse partie des premières priorités des décideurs.
«Les subventions énergétiques encouragent une production à forte intensité de capital, au détriment de la main-d’oeuvre et de l’emploi, et entretiennent ce faisant le chômage élevé que connaît la région», analyse Shanta Devarajan, économiste en chef à la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
«Si l’énergie coûtait plus cher, les ressources se tourneraient plutôt vers l’industrie légère, le bâtiment et d’autres secteurs à forte intensité de main-d’oeuvre, ou vers des entreprises plus jeunes et plus dynamiques», soutient Shanta Devarajan.
De nouvelles données semblent attester l’existence d’une corrélation positive entre, d’une part, le prix des carburants et, d’autre part, la croissance du PIB par habitant, la création d’emplois et les perfor-mances dans les secteurs du transport et de l’eau. Le rapport exhorte ainsi les gouvernements des pays de la région Mena à réduire leurs subventions à l’énergie afin d’installer une dynamique économique créatrice d’emplois sous-tendue par une urbanisation raisonnée et un secteur agricole productif.
En clair, la BM demande au gouvernement Sellal de revoir sa politique sociale en matière d’énergie. Il faut dire que la politique de subvention à outrance que mène l’Algérie pour «acheter» la paix sociale est décriée depuis longtemps par les experts. L’Etat subventionne pratiquement tout! Le carburant, l’électricité et le gaz, le lait, les céréales, l’aide à la création d’entreprise (Ansej / Cnac), au logement, aux transports avec tramway et métro et même les… supporters qui sont allés assister à la Coupe du monde de football au Brésil.
En 2014, les transferts sociaux dépasseraient les 50 milliards de dollars, soit un peu plus d’un tiers du PIB. Mal gérées et diluées dans une inflation de plus en hausse, ces dépenses, qui s’ajoutent à une facture de plus de 60 milliards de dollars d’importations, font frémir les experts, persuadés que l’État devrait se concentrer sur d’autres priorités.
Le modèle économique algérien, appuyé sur des recettes provenant à 97% des hydrocarbures, n’est plus soutenable. Soumis au prix du baril de brut, son avenir ressemble à un scénario catastrophe. La chute actuelle des prix de l’or noir, pourrait donc contraindre le gouvernement à revoir sa copie…Plutôt que prévu!