La banque mondiale prédit une reprise précaire en 2010, La pauvreté toujours là

La banque mondiale prédit une reprise précaire en 2010, La pauvreté toujours là
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Plus de 64 millions de personnes basculeront, de par le monde, dans une extrême pauvreté. Un ralentissement du redressement économique mondial sera fortement ressenti durant l’année en cours.

Le financement des pays en développement sera indéniablement bouleversé. En dépit d’une croissance économique mondiale qui pourrait atteindre les 2,7% en 2010, la reprise demeure précaire et insuffisante afin de résorber les pics du chômage. Cependant, les cours du pétrole stabiliseront autour de 76 dollars en 2010 et 2011.

C’est en somme ce qui ressort du rapport «Perspectives économiques mondiales 2010», publié par la Banque mondiale, jeudi dernier. Il est vrai que le monde est à présent loin des crises de liquidité interbancaire et du crédit. Loin des faillites de plusieurs établissements financiers, de la chute des cours des marchés boursiers et des récessions. Il est vrai, également, que les signes d’un retour à une croissance positives ont apparu dans plusieurs pays et que la crise économique mondiale, initiée en 2007 avec la crise des subprimes aux États-Unis, entre, actuellement, dans une phase beaucoup moins alarmante de ce qu’elle était pendant les trois dernières années . Néanmoins, le monde n’est toujours pas au bout du tunnel et beaucoup reste à faire en vue d’un retour à la normale effectif de l’économie mondiale. En effet, malgré que le pire de la crise est passé, le retournement positif et global de la situation économique mondiale, n’est pas autant pour demain.

Et pour preuve, la Banque mondiale, dans son dernier rapport, prévoit un ralentissement du redressement économique durant l’année en cours, notamment, lorsque l’effet des programmes de relance budgétaire commencera à se dissiper alors que les marchés financiers sont encore déréglés et que le chômage élevé continue de freiner la demande privée. Selon le rapport, la reprise demeure précaire et les retombées de la crise vont transformer le paysage financier et le profil de la croissance au cours des dix prochaines années.

L’institution de Washington a estimé qu’après un recul du produit intérieur brut mondial de 2,2% en 2009, «la reprise mondiale reste précaire». Elle prévoit une croissance économique mondiale de l’ordre de 2,7% en 2010. Celle-ci devrait être de 1,8% dans les pays «à hauts revenus», et de 5,2% dans les pays en développement. Elle serait la plus élevée en Chine (9%) et en Asie du Sud (6,9%, dont 7,5% en Inde), et plus modérée en Afrique subsaharienne (3,8%), en Amérique latine (3,1%) et dans la région Europe centrale et orientale et Asie centrale (2,7%).

«La croissance cette année n’est même pas assez forte pour créer les postes nécessaires aux nouveaux entrants sur le marché mondial de l’emploi, sans compter qu’il faut créer des emplois pour ceux qui ont perdu le leur en 2009», affirme l’un des auteurs du rapport, Hans Timmer.

«Le chômage et la sous-utilisation considérable des capacités de production devraient continuer à caractériser le paysage économique pendant les années à venir», écrit l’économiste en chef de la Banque mondiale, Justin Lin. À l’une des analyses de la Banque mondiale, le monde n’est pas entièrement exempt des retombées de la crise mondiale. Ainsi le volume des échanges mondiaux, qui «a accusé une baisse de 14,4% en 2009», ne devrait augmenter que de 4,3% cette année. Toutes les formes de financement seront affectées par la crise, mais l’investissement étranger direct (IDE) devrait moins s’en ressentir que les flux de la dette.

Cela étant, les sociétés mères seront moins en mesure de financer le développement de nouveaux produits car leurs coûts d’équipement vont augmenter. On s’attend donc, selon le rapport, à une baisse des apports d’IDE qui avaient atteint 3,9 % du PIB des pays en développement en 2007, à 2,8 ou 3 % environ de leur PIB à moyen terme. En outre, l’institution prévoit «une raréfaction et un renchérissement des capitaux destinés aux pays en développement» dans les cinq à dix prochaines années.

Cependant la plus grave répercussion de cette crise réside dans le nombre de personnes qui vont malheureusement sombrer dans la pauvreté. Selon les calculs de l’institution, quelque 64 millions de personnes supplémentaires seront acculées à la misère (vivant avec moins de 1,25 dollar par jour) en 2010, à cause de la crise». Selon Justin Lin, les pays les plus pauvres seront durement touchés.

«Les pays les plus pauvres, qui sont tributaires des subventions et des financements bonifiés, pourraient avoir besoin de 35 à 50 milliards de dollars de ressources supplémentaires rien que pour financer les programmes sociaux en place avant la crise», note-t-il. Ainsi, tout porte à croire que la sortie effective de la crise n’est pas pour demain et que le monde ne voit toujours pas de lumière au bout du tunnel.

Hamid Mohandi