L’Algérie oeuvre pour une distribution équitable de l’eau à travers toutes les régions.
D’après la BM, l’Algérie déboursera annuellement 83 millions de dollars jusqu’en 2050 pour maintenir une offre équilibrée pour la population.
Il est rare que la Banque mondiale distribue les bons points aux pays de la rive Sud. Mais pour le cas de l’Algérie, elle l’a fait avec beaucoup d’honneur. L’Algérie est «un pays exemple» dans la région Moyen-Orient, Nord Afrique (Mena) en matière de mobilisation et d’utilisation rationnelle des ressources en eau, a affirmé hier, un représentant de la Banque mondiale (BM).
S’exprimant lors d’un atelier sur «les perspectives de l’eau dans la région Mena, lien entre le dessalement et les énergies renouvelables», M.Bekele Debele Negwo de la BM a indiqué que l’Algérie avait engagé une politique équilibrée en matière de mobilisation et de diversification des ressources en eau, au moment où plusieurs pays de la région sont confrontés à de difficultés graves pour approvisionner leurs populations en eau potable.
M.Debele, qui présentait une étude en cours de réalisation par la BM sur les perspectives régionales en eau, a souligné que la Mena connaît une accélération remarquable de la raréfaction des ressources hydriques en raison notamment d’une baisse drastique des précipitations et une surexploitation de la ressource. Il a, dans ce sens, noté que les ressources hydriques de cette zone, connue pour son aridité, ont chuté de 75% durant les 60 dernières années, tandis que les précipitations, déjà très faibles, devraient encore baisser de 20% d’ici 2050.
De même, a-t-il poursuivi, plus de 80% de la ressource disponible actuellement sont destinés à l’irrigation, alors que les fuites représentent entre 30 et 40% du réseau avec un niveau d’efficacité d’utilisation inférieur à 5%. La subvention des prix de l’eau dans la plupart des pays de la Mena et le fait qu’une grande partie des ressources sont non renouvelables ou proviennent de zones de conflits ont également accentué la surexploitation de la ressource. Selon des données présentées par le représentant de l’institution de Breton Woods, la demande en eau potable dans la région devrait grimper à 417 milliards de mètres cubes d’ici 2050 contre 263 m3 actuellement, soit une évolution de 60%, ce qui portera le déficit en la matière à 220 milliards m3 contre 43 milliards actuellement. Ceci nécessitera des investissements annuels de l’ordre de 100 milliards de dollars durant les 30 prochaines années pour tenter de combler ce déficit. Pour le cas de l’Algérie, l’intervenant a affirmé que sa politique de diversification ainsi que son approche actuelle de gestion des ressources serviront d’exemple pour les autres pays de la région.
D’après les prévisions de la BM, l’Algérie aurait à débourser annuellement quelque 83 millions de dollars jusqu’à 2050 pour maintenir une offre équilibrée et disponible pour toute la population.
Outre son programme de réalisation de 13 stations de dessalement de l’eau de mer qui permettra de contribuer à hauteur de 2,3 millions m3 par jour aux efforts d’alimentation en eau potable, l’Algérie oeuvre pour une distribution équitable de l’eau à travers toutes les régions à la faveur de son vaste programme de grands complexes et transferts hydriques à l’image de ceux de In Salah-Tamanrasset, le MAO (Mostaganem-Arzew-Oran), le complexe de Beni Haroun à Mila ou encore le projet de grand transfert des Hauts-Plateaux actuellement en phase d’étude. Il s’agit-là des grands axes de la stratégie nationale en matière de mobilisation et de gestion de l’eau et qui ont été présentés lors de cette rencontre par le directeur de l’AEP au ministère de l’AEP, Messaoud Terra.
Dans sa communication, ce responsable a affirmé que les efforts consentis par l’Etat en la matière avaient permis «un accès sécurisé et durable» de la population à l’eau potable et une augmentation considérable des zones irriguées, et ce, en dépit, de l’accentuation de l’aridité du pays en raison de la baisse constante des précipitations enregistrées ces deux dernières décennies.
Une centaine de barrages en 2016
L’Algérie disposera de 96 barrages à l’horizon 2016 pour une capacité globale de 9 milliards de mètres cubes, a indiqué à Alger un responsable au ministère des Ressources en eau.
Actuellement, 64 barrages sont en exploitation sur l’ensemble du territoire national pour une capacité de quelque 7 milliards de m3 contre 44 barrages (3,3 milliards m3) en 1999, a indiqué le directeur de l’alimentation en eau potable au ministère des Ressources en eau, Messaoud Terra, lors d’un atelier sur l’eau et les énergies renouvelables.
Ce nombre sera ainsi porté à 96 barrages à la faveur de la construction d’une trentaine d’autres infrastructures de différentes tailles, a ajouté ce responsable, précisant que certains projets sont déjà lancés et ont atteint un taux de réalisation «très avancé». Le même responsable a, en outre, rappelé que les ressources hydriques disponibles et mobilisables en Algérie sont estimées à 17,2 milliards m3, dont 12 milliards de ressources superficielles dans le Nord, 2 milliards de ressources souterraines (nord) et 5,2 milliards m3 dans le Sud (superficielles et souterraines).
Terra a, par ailleurs, tenu à souligner que l’Algérie a largement dépassé les critères de la Banque mondiale en matière d’accès à l’eau potable avec un taux national de raccordement de plus de 93%