La Banque d’Algérie crée un nouveau billet de 2000 DA

La Banque d’Algérie crée un nouveau billet de 2000 DA

La Banque centrale d’Algérie a annoncé jeudi la création d’un nouveau billet de banque d’une valeur de 2000 DA, à l’issue de la réunion du Conseil de la monnaie et du Crédit.  Cette émission permettra d’assurer «une disponibilité accrue» de la monnaie fiduciaire, a indiqué la Banque d’Algérie.

Le conseil a adopté le règlement «portant émission et mise en circulation» de ce nouveau billet de banque, mais n’a pas donné de date pour sa mise en circulation. Cette nouvelle émission coïncide avec le 47e anniversaire de la création de la monnaie nationale, précise la banque dans un communiqué.

Cette annonce intervient alors que le phénomène de pénurie de billets de banque auprès des guichets postaux dure depuis plusieurs mois. Pour l’expert Lies Kerrar, la création de ce nouveau billet, si elle est accompagnée de l’injection de plus de monnaie fiduciaire, pourrait être une réponse à ce phénomène.

La nouvelle coupure de 2000 dinars qui «circulera concomitament avec les autres billets de banque actuellement en circulation contribuera au rafraîchissement de la monnaie fiduciaire et à sa disponibilité accrue», a précisé la Banque centrale. La Banque d’Algérie répondrait ainsi à une demande de monnaie fiduciaire qui pourrait être la conséquence d’une inflation.

Les éléments explicatifs de l’inflation ne sont pas difficiles à trouver. Il y a l’augmentation des salaires des fonctionnaires, l’augmentation du coût des matières premières, la hausse du coût des importations, notamment par les restrictions liées au mode de paiement. Cela constitue une série d’éléments qui avaient un potentiel inflationniste, a tenu à nous expliquer cet expert.

D’ailleurs, le ministre des Finances, Karim Djoudi, n’a pas écarté jeudi à Alger une poussée inflationniste en 2011, qui serait engendrée par les augmentations de salaires décidées par les pouvoirs publics. Selon M. Djoudi, si l’argent injecté dans le cadre de l’augmentation des salaires était dépensé d’un seul coup par les ménages,

cela pourrait provoquer une pression sur la demande interne qui se traduirait par une hausse des prix de certains produits. Pour échapper à cette éventuelle hausse des prix, le ministre préconise la transformation des rappels au titre du régime indemnitaire de 2008, 2009 et 2010 en épargne, dans la perspective d’utiliser celle-ci (l’épargne) notamment dans les dispositifs de soutien à l’accession au logement.

La réévaluation du dinar s’impose

L’expert Lies Kerrar a précisé qu’il est aussi nécessaire de développer nos marchés financiers pour offrir des produits de placement aux ménages et aider à diriger cette épargne là où elle est la plus utile, notamment vers l’investissement et les entreprises. La bourse, le développement des fonds communs de placement font partie de l’équation, selon lui.

En termes de leviers classiques qu’utilisent généralement les autorités monétaires pour essayer d’influer sur l’inflation, l’expert Lies Kerrar a cité l’augmentation des taux d’intérêt et la réévaluation de la monnaie. Cela a par contre des conséquences sur l’investissement et l’emploi. Il y a donc des choix à faire et le pilotage de la politique monétaire est un exercice délicat. En 2010, l’inflation en Algérie s’est établie à 3,9% selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS), légèrement supérieure aux 3,5% prévus dans la loi de finances.

Il faut dire que l’injection de nouveaux billets a été fortement attendue par les détenteurs de comptes bancaires et postaux, étant donné le phénomène de la pénurie d’argent liquide qui perdure depuis plus d’une année aussi bien dans les banques qu’au niveau des agences postales. Des usagers de la poste sont obligés de parcourir des kilomètres pour le retrait de petites sommes. Dans certains guichets, les montants à retirer sont limités à 5000 dinars, et ce, à la veille d’évènements importants tels que les fêtes religieuses.

Farouk Belhabib