Au cours de ce demisiècle d’indépendance, l’Algérie n’a pas réussi à sortir de l’engrenage des importations ni à diversifier sa production.
Basée essentiellement sur les recettes en hydrocarbures, l’économie algérienne qui a traversé trois phases depuis l’indépendance continue à dépendre de la rente pétrolière.
Durant ces trois phases (1963-1978,1979- 1994,1995 à aujourd’hui), la vitesse de croissance des importations a toujours été plus importante que celle des exportations. La balance commerciale de l’Algérie est construite sur la seule performance des hydrocarbures. En dehors de ce secteur, tout roule au ralenti.
Ce qui explique le recours excessif aux importations couverts totalement par les exportations en hydrocarbures. D’ailleurs, les ventes hors pétrole et gaz ne peuvent couvrir que 4% des importations algériennes dont la structure est restée inchangée pendant 36 ans de 1974 à 2010 alors qu’en valeur, la croissance a été très rapide étant souvent à l’origine d’une balance commerciale déficitaire.
La dépendance vis-à-vis des hydrocarbures a commencé à se faire ressentir dès 1963, au lendemain de l’indépendance. Dès le départ, l’Algérie a intégré les rouages de l’importation pour s’y enfoncer d’année en année comme le montre l’exposé présenté hier lors d’une conférence consacrée à l’historique du commerce extérieur de l’indépendance à ce jour.
Le document de l’Agence nationale de la promotion des exportations (Algex) dévoilé en marge de la 21e foire de la production nationale et de l’exposition économique consacrée au cinquantenaire de l’Indépendance revient sur l’évolution qu’a connue la balance commerciale de l’Algérie au cours de ces cinq décennies. Une évolution loin d’être positive. Et pour cause, la balance hors hydrocarbures ne cesse de dégringoler. Elle a chuté au total de 44%.
D’ailleurs durant la période s’étalant de 1963 à 1973, les importations ont augmenté de 289% contre 150% pour les exportations.
La tendance s’est maintenue par la suite. Entre 1978 et 1994, une période marquée par la restructuration, les crises et les opérations de privatisation, le commerce extérieur a connu une progression remarquable des échanges, à travers d’importantes mutations de l’environnement algérien à travers des engagements internationaux dans des accords bilatéraux et multilatéraux.
Mais les importations n’ont pas baissé. Elles étaient supérieures aux exportations. Le choc pétrolier de 1986 a encore montré la fragilité de la balance commerciale de l’Algérie qui a vu encore, pour la énième fois, ses achats de l’étranger repartir à la hausse. «Les années 90 ont connu une augmentation rapide des importations. Nous n’avons pas tiré profit du choc pétrolier de 1986.
L’Algérie avait même enregistré une balance déficitaire en 1995», a relevé dans son intervention la représentante d’Algex qui reviendra par la suite sur l’embellie financière de 2000 à 2008. Une embellie qui n’a malheureusement pas profité à la diversification de l’économie. Juste après 2008, il y a eu la chute spectaculaire des cours du baril (de 145 à 35 dollars).
Ce qui n’a pas induit une baisse des importations qui subissent également les fluctuations du taux de change. «Pour chaque dinar d’importation, c’est 5 dinars de plus», dira à ce sujet la représente de l’Algex en évaluant ces dépenses supplémentaires à +167 milliards de dinars en 2011 par rapport à 2010. Par produits, l’importation du blé a connu une augmentation régulière au cours de cette dernière décennie.
Elle a atteint une valeur record de 3 milliards de dollars en 2008. La valeur du blé a chuté en 2010 pour atteindre 1,2 milliard USD, résultat de la baisse des quantités importées avec l’amélioration progressive de la production nationale, mais surtout en raison de la baisse des prix sur le marché mondial.
Cependant, la facture est repartie à la hausse pour doubler en 2011 et, ce, suite à l’augmentation des volumes importés conjuguée à une hausse des prix à l’échelle internationale. Cette tendance risque de se poursuivre cette année puisque l’Algérie a effectué plusieurs commandes sur le marché international des céréales.
Expliquant cette situation, le directeur général d’Algex dira : «Cela signifie une rupture dans le processus de développement lancé dans les années 70» avant d’ajouter : «Une ouverture sans exportation serait de nul effet». Et c’est réellement le cas puisque l’Algérie n’a tiré profit ni de l’accord d’association signé avec l’Union européenne ni de son adhésion à la grande zone arabe de libre échange (Gzale) dans laquelle les échanges de l’Algérie sont insignifiants.
S. I.