La baisse des importations algériennes inquiète l’Europe

La baisse des importations algériennes inquiète l’Europe

Le marché des produits agricoles d’origine animale est fortement impacté par la chute des cours des hydrocarbures. A l’instar des autres pays dont les revenus sont tirés essentiellement des exportations pétrolières, l’Algérie a diminué sensiblement en 2015 ses importations en viandes, bovins vivants et les produits laitiers autres que la poudre.

Laquelle tendance semble s’inscrire dans la durée, puisqu’elle perdure durant l’année en cours. Cependant, selon l’Institut français de l’élevage, (IDELE), qui a présenté une analyse détaillée du marché mondial lors des conférences organisées mercredi et jeudi derniers à Paris, les mutations en cours ont également atténué les exportations européennes et françaises vers la rive sud de la Méditerranée qui connait depuis 2014 l’arrivée de concurrents d’Asie et d’Amérique latine.

Intitulées « les marchés mondiaux du lait et de la viande en 2016, risques et opportunités pour les filières françaises et européennes », les conférences de l’IDELE, avec des données statistiques à l’appui, ont été une occasion pour faire la lumière sur la situation globale du marché mondial des productions animales.

Dans le cas de l’Algérie, on apprendra qu’outre la poudre grasse utilisée dans la production du lait pasteurisé en sachets, le plan d’austérité conçu par le gouvernement afin de limiter les dépenses publiques et les importations a bel et bien touché les produits alimentaires. Avec 356 000 tonnes, l’Algérie a, certes, importé le plus grand volume de poudre de lait en 2015 par rapport à ses voisins, comme le Maroc (3 000 t), la Tunisie (5 000 t), la Lybie (21 000 t) ou l’Egypte (129 000 t), mais les importations ont connu une chute drastique en 2015 pour les autres produits laitiers, comme les fromages avec moins de 40 000 t ou le beurre avec à peine 10 000 t.

Au chapitre de la provenance de ces importations, c’est l’ascension que connait la Nouvelle Zélande qui inquiète la rive nord de la Méditerranée. En 2014 et 2015, ce pays de l’Océanie est du loin le premier fournisseur de l’Algérie en poudre de lait supplantant ainsi le fournisseur traditionnel, la France, et l’ensemble de l’Union européenne. L’Algérie a importé pour près de 500 millions de dollars en 2014 et un peu plus de 400 millions dollars en 2015 de la Nouvelle Zélande. Alors que les exportations françaises ont été de 400 millions USD avant de chuter de 36% l’année suivante avec quelque 250 millions USD seulement.

La hausse spectaculaire des exportations néozélandaises vers l’Algérie, et l’ensemble des pays de la rive sud de la Méditerranée a été expliquée par les experts de l’Institut français de l’élevage par les prix des produits provenant de ce pays. « La Nouvelle Zélande a connu une baisse de prix de lait à la production de l’ordre de 27% en 2014-2015, ce qui a permis la conquête de nouveaux marchés », a expliqué Philippe Chotteau, chef du département économie de l’IDELE.

Pour les viandes, les importations de l’Algérie en 2015 ont été de l’ordre de 84 000 tonnes, soit une baisse de 7% par rapport à l’année d’avant. Pour ce qui est de l’origine de ces importations, c’est le Brésil et l’Inde qui exercent un quasi monopole sur le marché algérien.