Lancé en grandes pompes par Hamraoui Habib Chawki, le Festival d’Oran du film arabe est en train de dépérir. Après une tentative de reprise ratée par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), le festival est aujourd’hui livré à des pseudos organisateurs qui en ont fait un exemple de bricolage et d’improvisations. Le Fofa se retrouve tel un héritage indésirable dont on ne sait plus trop quoi en faire.
Après une édition sauvée de justesse l’année dernière, le Festival d’Oran du film arabe (Fofa) est bien parti cette année pour sombrer dans une médiocrité éclatante, et c’est le moins qu’on puisse dire ! Après avoir changé de nom et de commissariat, ce festival, qui a besoin d’une sérieuse mise à niveau, a battu tous les records d’imperfection.
Et ça a commencé dès l’inauguration, avec une soirée d’ouverture que, hormis quelques voix, presse, observateurs et hommes de métier présents sur place ont qualifiée de chaotique. Vertement critiqué par la presse le lendemain de son ouverture, le festival d’Oran a eu pour l’instant un seul mérite, celui de rassembler le maximum de lacunes en une seule nuit. Très attendue, la première soirée qui s’est déroulée au Centre des conventions d’Oran, a été un retentissant couac.
Les présents, qui s’attendaient à une belle rencontre avec le 7e art, ont eu droit à la place, à un florilège de langue de bois relevé par des hommages interminables – 10 personnalités ont été honorées lors de cette soirée inaugurale, quand les plus grands festivals n’honorent qu’une grande figure chaque édition.
– Les officiels du festival ont carrément vampirisé la scène sur laquelle ils ont défilé, pour échanger des congratulations et vanter les mérites de l’un et de l’autre. Le cinéma ne sera qu’un accessoire.
Il est relégué au second plan. Inscrite, évidemment, dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance, comme toutes les manifestations culturelles institutionnelles, cette 6e édition du Fofa a marqué l’événement par la projection d’une rétrospective des 50 années de cinéma algérien.
Là aussi, ce sera un déplorable ratage, car tout ce qu’on verra ce sera un montage d’extraits de films qui tient plus du collage que d’un véritable travail de montage. C’est le coup de grâce à ce qui reste de notre cinéma.
En l’absence d’un matériel adéquat, le film de la soirée a finalement été projeté dans des conditions lamentables, en data-show. Les organisateurs ne se sont pas arrêtés là. Ils frapperont plus fort en programmant le dernier film de Rachid Bouchareb, Just like a woman, qui venait d’être diffusé, mercredi dernier, sur la chaîne de télévision Arte. Pis, la plupart des présents ont déjà vu le film à Alger lors de la 3e édition des journées cinématographiques d’Alger.
Après un départ aussi désastreux, on ne pouvait que s’attendre au pire de la part des organisateurs de ce festival qui avait déjà annoncé la couleur, bien avant l’ouverture de l’édition. Programme bidouillé à la dernière minute et affiche improvisée en copiant celles des précédentes éditions n’auguraient rien de bon. Et les augures ne se trompèrent pas.
La suite se reflétera dans une campagne de médiatisation où l’amateurisme le disputait à l’incompétence. L’équipe, si équipe il y a, chargée de promouvoir la 6e édition du Fofa se contentera d’alimenter la page du festival sur le réseau social. Quant à la couverture médiatique, les responsables du festival innoveront en marginalisant la presse nationale.
Dans un premier temps, ils commenceront par demander, par fax aux rédactions, de désigner un journaliste qui sera accrédité pour quatre jours seulement. Le boycott se profilant, on change de stratégie et on décide de faire un effort pour quelques titres choisis dont les envoyés spéciaux seront accueillis durant tout le festival. A la veille de l’ouverture, autre changement de direction.
On invite les journalistes à venir avec promesse de trouver sur place une solution pour les héberger. Si ce n’est pas de l’incompétente improvisation, ça ne peut qu’être une stratégie mûrement pensée et finement élaborée pour saborder le festival qui, en l’espace de trois jours, a réussi à desservir le 7e art, le ministère de la Culture et l’image de la ville qui l’accueille.
Mais comment peut-il en être autrement quand on confie le festival à des responsables qui ne voient en lui qu’un podium pour mieux briller et une marche pour grimper un peu plus haut. Et dans ces dérives, l’incompétence est souvent le gouvernail. La médiocrité a encore de beaux jours devant elle en Algérie, ce pays où on peut exploiter l’argent du contribuable comme on veut, sans qu’il n’y ait personne pour exiger la qualité ou demander des comptes.
H. G.