Il y a quelques semaines, du 14 au 15 mai 2014, Algérie Telecom organisait des journées portes-ouvertes sur le thème : « Le large bande au service du développement durable – la technologie 4G LTE ». Occasion pour le Pdg d’Algérie Telecom Azouaou Mehmel (photo), d’expliquer aux journalistes que «la 4G/LTE fixe est déployée sur les 48 chefs-lieux de wilaya et que nous pouvons aller, dans un premier temps, vers 100 000 abonnés».
A la radio Chaîne 3, Azouaou Mehmel, avait expliqué que l’offre qu’il avait baptisé « la 4G en mode fixe » quelques mois auparavant était « une technologie récente qui permet un accès à des très hauts débits. Sur la version que nous avons aujourd’hui, le débit nominal peut aller jusqu’à 150 Mbps ». En effet, Algérie Telecom commercialise un routeur fixe qui permet d’avoir accès à ces débits.
Or, d’après les normes établies en la matière par l’Union internationale des télécommunications, la 4G offre des débits allant à de 1 Gbps en stationnaire à 100 Mbps en mobilité (en voiture ou en train se déplaçant à une vitesse maximale).
Répondant à la question de Chaîne 3 de savoir quelle différence il fait entre la 4G, la 4G en mode fixe, Azouaou Mehmel avait indiqué que « toutes ces technologies, si elles ont des dénominations différentes, ne sont que des technologies d’accès. La convergence sur le plan technologique des usages fait que aujourd’hui quelle que soit la technologie que vous utilisez, derrière vous l’utilisez pour accéder à l’Internet ».
Pour lui, « vous n’avez pas besoin d’avoir une ligne téléphonique pour avoir un accès 4G. Il est similaire à la téléphonie fixe sans fil qu’on avait avant qu’on doit malheureusement arrêter, parce qu’on utilise des fréquences qu’on doit libérer. C’est exactement la même technique, sauf que maintenant avec la 4G c’est pour offrir l’Internet. Ce qui intéresse les clients, c’est avoir de l’Internet haut débit sans qu’il y ait un réseau filaire. J’insiste pour dire que c’est une solution complémentaire au réseau filaire que nous sommes en train de déployer ».
La 4G
Des explications qui ne donnent pas des éléments ou données techniques. L’agence Ecofin a rencontré un expert pour évaluer l’offre d’Algérie Telecom. Il s’agit d’Emmanuel Chimi, spécialiste des réseaux, ingénieur informaticien et enseignant au département Génie informatique de l’Institut universitaire de technologie de Douala au Cameroun. « Ce routeur (celui proposé par Algérie Telecom, ndlr) n’a rien à voir avec la 4G. Parlant de la 4G, il y a deux choses que nous devons retenir : la première c’est que la 4G est non aliénable. Il n’y a ni de « 4G fixe », ni de « 4G fixe-mobile » ; la deuxième chose c’est que les appareils d’accès à eux seuls ne font pas la 4G. (…) Dans la quatrième génération, il est question de ce que les communications en cours soient maintenues, même à des vitesses de circulation de plusieurs centaines de kilomètres à l’heure », explique-t-il.
Dans un entretien qui sera publié dans le prochain numéro de Réseau Telecom Network, le magazine des télécommunications de l’Afrique francophone, Emmanuel Chimi constate que « malheureusement, certains acteurs du secteur des télécommunications continuent de vouloir emballer leurs clients par des annonces pleines de supercherie pour gagner de l’argent au lieu de créer et de faire valoir des arguments techniques compétitifs ».
En France aussi, Bouygues Telecom commercialise à ses clients professionnels depuis avril 2014 au prix de 129 € HT « un routeur 4G pour l’Internet fixe » fabriqué par l’équipementier chinois Huawei Technologies. Ils l’appellent le « routeur fixe-mobile Huawei B593 ». D’après les experts qui l’ont testé, ce routeur offre des débits descendants de 40Mbps contre 15Mbps pour l’Adsl et des débits montants de 25Mbps contre 1Mbps pour l’ADSL. Ici aussi, selon l’expert, il ne s’agit nullement des débits de la 4G et ne saurait être qualifié d’ « Internet fixe en 4G ».
B-O.D.
