La 3G est en « fin de cycle », il faut aller directement à la 4G pour combler le retard, recommandent des experts algériens. Ils sont toujours dubitatifs sur les arguments avancés par Moussa Benhamadi pour expliquer le retard de l’introduction de la 3G.
Le Gouvernement a lié le lancement de la 3ème génération (3G) mobile à la question du rachat de 51 % des parts de l’opérateur Djezzy. Pour Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des technologies de l’information et de la communication, le report de l’opération de lancement de la 3G n’a qu’une seule raison, celle du contentieux qui oppose l’Etat algérien à Vimpelcom, nouveau propriétaire de Djezzy. Ce que récusent des experts attitrés de la scène médiatique algérienne qui pensent qu’il doit y avoir d’autres raisons. En tout état, rien n’interdisait d’aller à la 3G avec les opérateurs qui étaient prêts. C’est l’avis de l’expert en TIC, Younès Grar, il est possible de lancer la 3G avec les deux opérateurs qui sont prêts Nedjma et Mobilis, sans attendre Djezzy. Le Gouvernement avait déjà exploré cette possibilité à un moment.
M.Grar relève que le Maroc est passé à cette technologie avec un seul opérateur. Le souci d’équité entre les 3 opérateurs de la téléphonie mobile développé par le Gouvernement pour justifier le report du lancement de la 3G ne tient pas la route, selon Ali Kahlane, Président de l’Association Algérienne des Fournisseurs de Services Internet (AAFSI). Pour la simple raison, explique-t-il, que Nedjma, Mobilis et Djezzy n’ont pas la même disposition pour se lancer dans la 3G. Il relève qu’au moment où le gouvernement a annoncé le lancement du processus de l’introduction de la 3G, les opérateurs n’étaient pas vraiment prêts. Mobilis ne l’était qu’à 30 %, Nedjma à 80 % et Djezzy à 75 %. Selon lui, si Nedjma et Mobilis sont actuellement plus ou moins prêts -ils avaient déjà lancé des investissements pour la 3G- Djezzy se prépare à le faire. « Et il ne sera prêt que dans 8 ou 9 mois », pronostique-t-il.
Une question de cout?
Pour lui, l’Algérien a trop attendu la 3G et attendra encore. Alors pourquoi ne pas aller directement vers la 4G ?, s’est-il interrogé. Sur le plan de la stratégie numérique, l’Algérie qui a accusé un grand retard dans la généralisation de l’Internet doit aller directement vers la technologie de 4G, a soutenu Ahmed Damou, Président de l’Association algérienne pour le transfert de technologies (a2t2). « La 3 G étant en fin de cycle, elle va mourir en 2014 technologiquement parlant », a-t-il précisé. Pour lui, il faut zapper la 3G mais il souligne toutefois que le coût des équipements 4G est très lourd. Nassim Kerdjoudj, PDG de l’entreprise de télécommunication NetSkills et vice-président du FCE (Forum des chefs d’entreprise) ne voit aucun intérêt à lancer la 3G à l’ère de la 4G. Les opérateurs « poussent pour la 3G parce que le coût de l’investissement n’est pas cher par rapport à la 4G.
Il ne coûte pas cher de mettre à niveau les équipements aujourd’hui sous la 3G. Alors que pour la 4G, cela nécessite un investissement lourd. Ils veulent investir très peu et avoir de grande retombées financières ». «Sur la stratégie numérique pour l’Algérie, lancer la 3G c’est comme revenir à 4 ans en arrière », a-t-il souligné. « En 2008, lancer la 3G pour un opérateur de l’envergure de Djezzy c’était investir entre 600 millions et un milliard de dollars. A l’heure actuelle, cet investissement coûte environ 50 millions de dollars », note M. Kerdjoudj. Aujourd’hui, l’investissement dans la 4G est de l’ordre du cout de de la 3G il y a 4 ans, entre 600 millions et un milliard de dollars. Pour lui, un seul problème se pose celui des terminaux mobiles. « La plupart des Smartphones disponibles sur le marché algérien sont compatibles 3G. Mais ce marché va s’adapter progressivement» pronostique-t-il