L’art à l’école algérienne

L’art à l’école algérienne

On a tous vu ces petits enfants asiatiques alignés en rangs d’oignons, droits dans leurs uniformes d’école, chantant en chœur alors que leurs copains les accompagnent en musique, sous la direction d’un maestro.

Ce ne sont pas tous des génies ni des surdoués. C’est juste des enfants qui ont été à bonne école, où les arts ont la place qu’ils méritent dans les programmes d’enseignement.



Les orchestres symphoniques et les chorales d’enfants ne sont pas l’exclusivité des pays asiatiques. On en trouve un peu partout dans le monde, dans tous les pays où les enfants prennent les arts au biberon.

Et ils n’en seront pas sevrés plus tard. Bien au contraire, la culture les accompagnera dans toutes les étapes de leur vie et restera à leur portée partout et à tout moment.

Qu’en est-il en Algérie ? Il existe bien quelques chorales, le programme d’enseignement prévoit des heures d’initiation au dessin et/ou à la musique, certains enfants font à la maternelle leurs premiers pas en musique, théâtre ou danse, mais tout ça est bien insuffisant et n’apporte rien ni ne produit grand-chose au final.

On n’a jamais entendu un artiste dire qu’il a entamé sa formation artistique à l’école algérienne. Même les autodidactes n’évoquent pas l’école comme lieu où se serait révélé et aurait été cultivé et développé leur don.

Ce n’est pas dans une école algérienne que nous pourrions trouver une pépinière de jeunes talents.

En fait, les élèves comme leurs enseignants font une heure de musique ou de dessin par semaine parce que c’est dans leur emploi du temps et c’est prévu au programme. Ils y sont obligés. C’est comme pour le sport.

Et si certains arrivent au premier cours bourrés de curiosité et de bonne volonté, ils déchanteront bien vite, quand ils se rendront compte qu’il y a un monde entre le programme dicté par et pour une politique et la réalité qui est faite de manque de moyens, de temps et de conviction.

Rares sont les écoles qui possèdent les instruments de musique, les métronomes, les chevalets, les pinceaux, les palettes et tous les équipements et matériels nécessaires à l’enseignement des arts.

Quant aux enseignants, ils ne peuvent faire des miracles, si tant est qu’ils en aient l’intention. Car certains professeurs de musique ou de dessin ne vont à l’enseignement que parce qu’ils n’ont pu mener une carrière artistique ou pour se garantir une rentrée d’argent subsidiaire et une retraite.

Avec de tels matériaux, il serait illusoire de croire en un quelconque apport de l’école algérienne dans l’initiation aux arts et la formation.

Et si on entend l’y amener, ce ne sera certainement pas avec des programmes élaborés pour se conformer à la politique de réforme telle qu’édictée, mais plus à la lettre qu’à l’esprit.

L’enseignement des arts doit à lui tout seul être l’objet d’une politique, qui impliquerait tous les ministères concernés par la culture, l’éducation, la formation, les finances… un enfant, c’est tout un investissement pour l’avenir du pays et le devenir de la société.

Hassan Gherab