Le chef d’état-major des forces armées russes, Nikolaï Makarov, a mis en garde mercredi les Etats-Unis contre le recours à la force contre l’Iran au sujet de ses ambitions nucléaires, soulignant que les conséquences d’une telle option seraient « terribles ».
Des frappes militaires auraient « des conséquences terribles non seulement pour l’Iran, mais aussi pour la Russie et l’ensemble de la région Asie-Pacifique », a-t-il dit.
Les déclarations du responsable militaire russe interviennent au moment où les puissances occidentales font monter la pression sur l’Iran pour le contraindre d’accepter la proposition de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) relative au transfert à l’étranger de son uranium faiblement enrichi contre du combustible nucléaire pour le réacteur de Téhéran.
Alors que les Etats-Unis, ont indiqué à plusieurs reprises qu’ils n’excluaient aucune option, y compris des frappes militaires contre l’Iran, le chef d’état-major de l’armée russe a estimé qu’ils feraient mieux de s’acquitter d’abord de leurs missions en Irak et en Afghanistan.
Ce n’est qu’une fois ces missions accomplies, qu’ils pourraient alors porter leur attention sur l’Iran, a-t-il souligné. De son côté, la Russie qui entretient d’étroites relations commerciales avec l’Iran s’était jusque là prononcée contre les sanctions.
Cependant, elle a rejoint dernièrement la position des Occidentaux qui appellent le Conseil de sécurité de l’Onu à adopter une nouvelle résolution durcissant les sanctions contre Téhéran, accusé de vouloir se doter de l’arme atomique au moment où les Iraniens rejettent ces accusations affirmant que leur programme est à caractère strictement civil.
Pour des experts cités par la presse russe, le caractère contradictoire des signaux émis par les dirigeants russes au sujet de l’Iran « ne doivent étonner personne ».
La Russie entretient des relations normales avec Israël sans pour autant mettre fin à sa coopération économique et même militaire avec l’Iran, et pourrait donc jouer un rôle de stabilisation, mais Tel-Aviv et Washington voudraient voir Moscou cesser cette coopération et consentir à des sanctions « paralysantes » qui pourraient inclure l’interdiction de livraisons d’essence à l’Iran dont 40% des besoins en produits pétroliers sont couverts par les importations, selon ces experts.
Mais cela représenterait une grande responsabilité pour la Russie, car, relèvent-ils, l’expérience des vingt dernières années a montré que les sanctions étaient le prélude à une guerre, et, si Israël est comme toujours partisan d’une politique agressive et les Etats-Unis sont géographiquement éloignés de l’Iran, ce n’est pas du tout le cas pour la Russie qui a tout intérêt à éviter par tous les moyens que les événements ne prennent une telle tournure.
Les experts relèvent également les propos de Netanyahu publiés mardi au deuxième jour de sa visite à Moscou par le quotidien russe, Kommersant, au sujet de la fourniture d’armes à l’Iran et à la Syrie.
Interrogé au sujet de la fourniture d’armes israéliennes à la Géorgie, Netanyahu a laissé entendre qu’un « deal » entre Moscou et Tel-Aviv était nécessaire, le premier devrait s’abstenir de livrer des armes à Téhéran et à Damas, le second ferait alors de même avec Tbilissi.
Il a affirmé qu’Israël a cessé de fournir des armes à la Géorgie et espérait que la Russie adoptera la même attitude dans « les région instables ».
« Nous tenons compte de vos préoccupations (des Russes) et nous demandons à la Russie de faire la même chose quand il s’agit de notre sécurité », a-t-il dit, alors que la presse avait auparavant indiqué qu’Israël s’apprêtait à livrer une importante quantité d’armements à la Géorgie.