Ksour de Ouargla et Touggourt Un patrimoine en danger

Ksour de Ouargla et Touggourt Un patrimoine en danger

Dans une louable tentative visant à mieux faire connaître et redorer le blason d’un patrimoine historique et culturel, fierté de Ouargla et de Touggourt, le ministère de la Culture, via l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC), avec le soutien des autorités locales, a lancé, du 26 mars au 2 avril derniers, une opération promotionnelle intitulée la caravane « Des ksour racontent ».

Elle a été chaleureusement accueillie par la population locale.

Des siècles auparavant, des caravanes berbères, arabes et africaines sillonnaient la grande oasis de Ouargla, alors centre incontournable de commerce. Tout s’échangeait entre les tribus autochtones et leurs hôtes du pays du Soudan : sel, dattes, tissus, épices, or, peaux d’animaux, œufs d’autruche… Comme beaucoup de villes sahariennes, Ouardjlane, telle que surnommée en arabe, connut alors son heure de gloire sur tous les plans : politique, économique, social, culturel, architectural et religieux. Plusieurs civilisations y ont laissé leurs empreintes. En témoignent quelques vieux Ksour trônant ici et là et plusieurs Zaouias très actives, comme pour rappeler aux nostalgiques des temps perdus, mais aussi aux amnésiques, le lustre d’une civilisation en proie, aujourd’hui, à l’oubli et à l’indifférence. Dans une louable mais très difficile tentative de redorer le blason de ce patrimoine historique et culturel vieux comme le monde, le ministère de la Culture, via l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (Ogebc) et avec le soutien de la wilaya de Ouargla et la wilaya déléguée de Touggourt, a lancé, du 26 mars au 2 avril derniers, une opération promotionnelle intitulée « La Caravane des Ksour racontent » accueillie par une population locale qui n’en rêvait pas mieux. Rarissime, cette initiative devrait faire le point sur la situation des Ksour dont l’état, frisant la catastrophe, inquiète au plus haut degré. Du moins pour en finir avec la désillusion générale et, pourquoi pas, faire pression sur les responsables locaux, accusés de passéisme. Pour les amoureux de l’histoire, de la culture et du patrimoine en particulier, Ouargla compte une quinzaine de Ksour datant de plusieurs siècles Témacine, El-Hedjira, N’goussa, Mégarine, Sidi-Khouiled…) disséminés à travers son vaste territoire. Nombreux figurent sur la liste de classement au titre de l’inventaire supplémentaire de 2009 concernant les sites archéologiques. Selon le représentant de la direction de la culture de la wilaya, quelque 59 monuments et sites archéologiques font également l’objet d’un dossier visant leur classement au niveau wilayal.

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Signe d’un attachement rarement vu dans la région, mais les conditions de vie risquent de changer la donne. Ses occupants veillent au grain mais exhortent les pouvoirs publics à entamer la restauration des lieux, en respectant, à la lettre, l’architecture du site. Nonobstant les critiques dont ils sont l’objet, les responsables locaux, eux, se montrent optimistes. Ils font valoir les opérations d’aménagement et de restauration ayant touché plusieurs bâtisses du vieux Ksar, et quelques lieux de culte, dont la mosquée Sidi Ali Témacini (1204), la mosquée Ba-Aïssa qui accueille encore des fidèles…Le site, rappellent-ils, a également bénéficié d’une enveloppe de 80.000 dollars par le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ainsi que de 10 millions DA dans le cadre du fonds de développement des régions du Sud de 2006. le Ksar de Témacine compte parmi les plus vieux sites archéologiques de Ouargla. Il illustre la longue histoire de cette région qui a vu le passage de diverses tribus et dont les ruines sont encore là pour raconter l’authenticité de la civilisation d’Oued-Righ.

Il va de soi qu’on ne peut évoquer, dans ses détails, la prestigieuse épopée des Ksour de Ouargla et de Touggourt. Mais force est de dire, qu’au-delà du lustre civilisationnel, plusieurs fois centenaire, qu’elles incarnent, il y a un véritable danger en la demeure. Nul raison ne saurait justifier cet abandon en règle. Loin de manquer de moyens et d’argent, la wilaya de Ouargla, qui jouit pleinement des recettes pétrolières, devrait s’impliquer davantage dans la restauration, la réhabilitation et surtout la sauvegarde de ce qui reste de ces sites archéologiques. La société civile non plus, à travers sa pléthore d’associations dont l’efficacité n’est pas souvent au rendez-vous. Pleinement engagée dans la mise en valeur du patrimoine culturel, matériel ou non, du pays, depuis notamment la création d’une direction promotion-marketing, la Caravane de l’Ogebc a le mérite de jeter la lumière sur ce patrimoine qui agonise. Les Ksour de Timimoun, d’Adrar et de Beni Abbes, qui trônent fièrement du Touat au Gourara, grâce à une mobilisation visant leur préservation, demeurent un exemple à suivre.