Ksar Kourdane (Laghouat) : Un repère historique à l’abandon

Ksar Kourdane (Laghouat) : Un repère historique à l’abandon

Le ksar a désormais l’aspect d’une carcasse en ruine utilisée, par endroits, comme vespasienne.

La wilaya de Laghouat renferme des trésors historiques inestimables qui pourraient faire d’elle une destination touristique privilégiée. Ses repères identitaires résistent vaille que vaille à l’usure du temps et à l’ingratitude des hommes. Le ksar Kourdane, à dix kilomètres de Aïn Madhi, berceau de la confrérie des Tidjania, est un vestige laissé malheureusement à l’abandon. Ce lieudit, jadis nommé Aïn Kourdane, associe le nom d’Aurélie Picard dont l’histoire est un vrai conte de fées où la réalité l’emporte sur le mythe. Exposé aux aléas climatiques conjugués à l’indifférence des pouvoirs publics et à l’incivisme des visiteurs, ce ksar risque dans quelques années de tomber en ruine. Il est tout simplement dans un état d’abandon total. Composée de 14 chambres, la structure du palais s’apparente au style espagnol. On y trouve encore la carcasse du chariot à chevaux (calèche) qui a résisté au temps. Ce chariot est d’Aurélie Picard, cette femme qui est à l’origine de la construction de ce palais. On y trouve également deux anciennes jarres complètement saccagées et presque irrécupérables ainsi qu’un socle pour labourer. Les murs, décorés de céramique comme dans l’ancienne Andalousie, sont maintenant tous griffonnés. On peut y lire toutes sortes de graffitis. Les portes en bois ornées de passes en boule sont complètement détériorées quand elles ne sont pas pillées. Des pièces et des œuvres d’art qui s’y trouvaient naguère, il n’en reste pas grand-chose actuellement, car le palais a fait l’objet de pillage, nous dit-on. Au premier étage, il ne reste de la chambre d’Aurélie Picard que la carcasse de son ancien lit métallique, la grande cheminée et le bain. Les toits du palais sont gravement endommagés et ses balcons entièrement abîmés. Enfin, le ksar a désormais l’aspect d’une carcasse en ruine utilisée, par endroits, comme vespasienne. Le lieu est tout simplement laissé à l’abandon. Par conséquent, le côté touristique du lieu est “gâché” et se dégrade de jour en jour, car exposé aux rudes conditions climatiques, à l’incivisme des visiteurs et à l’indifférence des pouvoirs publics. Les citoyens, soucieux de l’intérêt d’un tel repère historique, s’interrogent sur l’attitude des responsables locaux du département ministériel de la Culture, ayant défilé à la tête des assemblées élues de la wilaya de Laghouat (APC et APW) depuis l’indépendance et qui ne semblent pas inquiets de la nécessité et de l’urgence de sa restauration par les mains d’experts. Le ksar de Kourdane, jadis nommé Aïn Kourdane, est à ce jour associé au nom d’Aurélie Picard. En effet, Aurélie Picard, cette fille issue d’une famille modeste, est devenue, il faut le dire, princesse de l’Amour. Surnommée Reine des sables, Aurélie Picard Tidjani est née en 1850 dans un petit village de la Moselle (France). En 1870, elle était la demoiselle de compagnie de l’épouse d’un ministre du gouvernement français. L’État français était en déroute et le staff gouvernemental installé à Bordeaux. C’était en pleine débâcle de l’armée française face aux Prussiens. La jeune fille de vingt ans fit connaissance avec Ahmed Tidjani, grand maître de la confrérie Tidjania, retenu en exil forcé dans la même ville. Une belle histoire d’amour naquit entre eux. Une fois libéré, Si Ahmed Tidjani regagna l’Algérie accompagné de son égérie. Ils finirent par se marier.

BOUHAMAM AREZKI